Présidentielle 2024 : Bby, les prémices d’un «tassaroo»

Présidentielle 2024 : Bby, les prémices d’un «tassaroo»

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la désignation du Premier ministre Amadou Ba comme candidat de la majorité présidentielle est loin de faire l’unanimité. Au-delà de la rébellion d’anciens candidats malheureux à la candidature, beaucoup d’autres cadres de Benno, dans un silence bruissant, ruminent leur colère. Ce qui augure d’un ‘’tassaroo’’ (division) en perspective des échéances de février 2024.

Après l’annonce solennelle, samedi dernier, du choix porté sur Amadou Ba pour représenter la coalition présidentielle à l’élection du 25 février 2024, place aux prolongations au sein de Benno Bokk Yaakaar (Bby). «Je ferai tout pour accompagner la majorité à la victoire en 2024…», déclarait le chef de l’État lors de la conférence, samedi dernier. 

Pour Amadou Ba, le plus dur commence : consolider les rangs de Bby, garder le pouvoir et faire face à l’opposition qui a trouvé sa cible. Ce que Macky Sall a d’ailleurs considéré comme la condition sine qua non pour qu’il s’implique dans la campagne présidentielle, après qu’il a renoncé à présenter une troisième candidature à la Présidentielle. 
Mais en dépit des motions de soutien qui pleuvent d’un peu partout, il est tout aussi constant que le Premier ministre, considéré par Macky Sall comme un « leader rassembleur au sein de son parti, de la coalition et au-delà », ne fait pas l’unanimité. 
En effet, sur une dizaine de candidats à la candidature, un seul s’est rangé. Il s’agit de l’ancien ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr. Cité par ses soutiens comme prétendant sérieux à la succession de Macky Sall, le président de l’Assemblée nationale, Dr Amadou Mame Diop, a également adopté la même posture.
Par contre, Aly Ngouille Ndiaye a, de son côté, manifesté son désaccord, en quittant manu militari le gouvernement avant de donner rendez-vous aux Sénégalais dans les jours à venir.
Le maire de Kolda, Mame Boye Diao, a lui aussi maintenu sa candidature dissidente au sein de Benno, ce qui lui a valu son limogeage de la tête de la Caisse des dépôts et consignations (Cdc). Le président de la République, visiblement non content de la posture de l’inspecteur des impôts, a signé le même jour un décret mettant fin à ses fonctions de directeur général de cette boite stratégique.
Mais ce n’est pas tout : selon le journal « l’As », le président du Conseil économique, social et environnemental (Cese), Abdoulaye Daouda Diallo, est également sur le point d’officialiser sa candidature. Le quotidien ajoute que le maire de Boké Dialloubé, dans le département de Podor, a décliné le poste de Premier ministre que lui aurait promis le président Sall, annonçant s’adresser aux Sénégalais dans les prochains jours.
Il y a également d’autres personnalités qui ont, jusqu’ici, préféré garder le silence. C’est le cas de l’ancien ministre de l’Énergie, Mouhamadou Makhtar Cissé, de l’ex-Premier ministre Boune Abdallah Dionne et de l’actuel ministre de l’Industrie Moustapha Diop. Ce dernier, d’après des informations de Seneweb, travaille toujours pour officialiser sa décision de briguer le suffrage des Sénégalais. L’on révèle que le maire de Louga continue de recevoir des mouvements de soutien qui désirent porter sa candidature.  
Mais au-delà de ces ténors qui prétendent au fauteuil présidentiel, d’autres responsables sont dans une position « indélicate », se sentant très « gênés » par le choix porté sur une personne autre que celle qu’ils auraient souhaitée. En coulisse, un directeur général d’une société étatique nous signale, par exemple, qu’il ne supporte pas la candidature du Parcellois. « Les adversaires internes d’Amadou Ba seront un véritable casse-tête. Des leaders bien connus au sein de Benno Bokk Yaakaar vont s’opposer au candidat de Macky. Contrairement à la bande à Aly Ngouille Ndiaye, ces personnes vont attaquer le Premier ministre de l’intérieur. Toute action qu’il posera sera sujette à discussion. Elles trouveront toujours le moyen de taper là où ça fait mal », prévient un autre haut responsable de l’Apr.
Quid des alliés ?
Pour sa part, Abdoulaye Khouma, responsable Apr à Kaolack, dit préférer quitter le parti que de soutenir l’actuel chef du gouvernement qui, selon lui, n’a pas fait ses preuves sur le terrain politique. 
« Moi, je suis pour certains candidats comme Abdoulaye Daouda Diallo, Aly Ngouille Ndiaye, Boune Abdallah Dionne ou Moustapha Diop. Voilà des responsables qui ont fait leurs preuves, contrairement à Amadou Bâ qui croit que tout peut s’obtenir avec l’argent », a-t-il dit sur walfnet. « Nous serons battus au premier tour, si on le maintient. Et moi, j’ai décidé de démissionner de l’Apr et de Benno si c’est Amadou Ba le candidat », a-t-il juré. 
Du côté des alliés, le constat reste le même. En effet, si dans les rangs de l’Alliance des forces de progrès (Afp), le leader Moustapha Niasse a salué ce choix présidentiel, tel n’est pas le cas au sein du Parti socialiste, où aucun communiqué officiel n’est encore rendu public pour soutenir la candidature d’Amadou Ba. 
Au contraire, le porte-parole du PS, Abdoulaye Willane, a partagé, ce dimanche, une note sur les réseaux sociaux pour appeler militants et sympathisants socialistes à collecter « dès à présent » les parrainages citoyens « partout à travers le pays et dans la diaspora », les invitant à la « vigilance et à la détermination pour parer à toute éventualité », afin, dit-il, de ne pas être « surpris, ni pris au dépourvu ». 
Une phrase surprenante qui, comminée avec le mutisme d’Aminata Mbengue Ndiaye, Secrétaire générale du PS, indique qu’au sein du parti de Senghor, tous les signaux ne sont pas encore au vert.

Souare Mansour

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