Agence africaine de notation : L’UA conforte la position du Sénégal

Agence africaine de notation : L’UA conforte la position du Sénégal

En mai 2022, alors qu’il était président en exercice de l’Union africaine, Macky Sall avait appelé  à la création d’une agence africaine de notation, à l’occasion de la Conférence économique de Dakar. Aujourd’hui, il a certes quitté la tête de l’Union, mais son vœu pourrait se réaliser l’année prochaine. Selon une information de Reuters, reprise par l’Agence Ecofin, l’Union africaine compte lancer son agence de notation en 2024. Beaucoup de dirigeants ont en effet critiqué les trois grandes agences de notation qui, selon eux, exagèrent l’évaluation des risques dans le continent. D’où l’importance pour l’Afrique de parler de donner sa version au sujet des réalités financières.

« Notre objectif n’est pas de remplacer les trois grandes agences. Nous avons besoin d’eux pour soutenir l’accès aux marchés des capitaux internationaux. Notre objectif est d’élargir la diversité des opinions », a déclaré Misheck Mutize, expert principal sur les agences de notation financière auprès de l’UA. Selon lui, les petites agences peuvent avoir un avantage dans la compréhension de la dynamique nationale 

Dans ses critères d’élaboration des risques, la future agence « ajoutera un contexte aux informations que les investisseurs prennent en considération lorsqu’ils décident d’acheter des obligations ou d’accorder des prêts ».
Durant sa présidence de l’UA, le président Macky Sall s’est montré particulièrement critique à l’encontre des trois agences de notation. « Des études récentes ont montré comment les notations des agences d’évaluation sont biaisées par des critères sans rapport avec l’économie », avait dénoncé le président sénégalais en juin 2022.
Macky Sall accusait même les agences de discrimination dans leur façon de noter les pays, selon qu’ils soient riches ou pauvres. « En Avril 2022, le rapport sur le financement du développement durable a révélé la sévérité des agences de notation vis-à-vis des pays du Sud et leur relative indulgence à l’égard des pays industrialisés. (…) Les pays développés qui ont connu une augmentation de leur dette et un ralentissement économique beaucoup plus important ont largement échappé aux dégradations ; ce qui renforce leur accès à un financement de marché abondant et abordable ».
Selon lui, en 2020, en plein pandémie de covid-19, sur 32 pays africains notés par les grandes agences d’évaluation, 18 parmi eux ont connu une dégradation de leur note.  « Ceci représente 56 % de notations dégradées pour les pays africains contre une moyenne mondiale de 31 % pendant la période ».
De son côté, le président Ghanéen, Nana Akufo-Addo avait dénoncé « le comportement imprudent des agences de notation qui se sont engagées dans des dégradations pro-cycliques qui ont exclu le Ghana du marché des capitaux et transformé une crise de liquidité en crise de solvabilité ».
Une situation difficile pour le Ghana qui fait dire à son président : « Si nous ne disposons pas d’institutions financières solides, nous n’allons pas nous développer », ajoutant que des décennies de recours aux capitaux étrangers sont risqués et coûteux, puisque le paiement des intérêts mine la croissance.  
Partant de cela, il avait invité les puissants du monde autour du G7, du G20 et d’autres entités à ouvrir des discussions avec les agences pour que les évaluations soient moins subjectives et plus équitables.  


Souare Mansour

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