En renonçant à sa candidature, Macky Sall ne s’est-il pas finalement distrait lui-même ? (Adama Ndiaye)

En renonçant à sa candidature, Macky Sall ne s’est-il pas finalement distrait lui-même ? (Adama Ndiaye)

Le Président, Macky Sall, a longtemps retardé l’annonce  de sa participation ou non à l’élection présidentielle pour ne pas distraire l’action gouvernementale. « Si je dis que je ne serai pas candidat, les membres du gouvernement ne vont plus travailler, chacun va essayer de se positionner. Si je dis que je serai candidat, une vive polémique va s’ensuivre »,disait-il déjà en 2020, avant d’entonner le même refrain à chaque fois que la question lui a été posée, jusqu’à sa décision historique du 4 juillet de ne pas briguer un troisième mandat.

En optant, enfin, pour la clarté, le chef de l’État a produit l’effet qu’il craignait, mais sur…lui-même serait-on tenté de dire. Le Chef de l’État semble se désintéresser royalement des problèmes intérieurs du Sénégal, en particulier de cette tragique recrudescence de l’émigration irrégulière.

Hier, la marine nationale a publié des chiffres qui font froid dans le dos.  En deux semaines, elle a secouru plus de mille migrants qui tentaient de rallier les côtes européennes. Ce qui témoigne plus que tout autre discours du mal être chez une partie de la jeunesse, qui ne croit plus tout simplement au Sénégal et en la capacité de ses élites de lui offrir des perspectives d’avenir. Cet été, au moins une quarantaine de personnes sont décédées dans ces embarcations de la mort.

Et pourtant, on n’a pas l’impression qu’au plus haut sommet de l’État, on ait pris la mesure de ce drame.  À part trois lignes lors du dernier Conseil des ministres, le Président de la République est étrangement silencieux sur cette question.

Ces chiffres terribles mériteraient qu’il s’adresse à cette jeunesse, ou qu’il lance un Conseil présidentiel sur l’émigration irrégulière avec des mesures fortes. Ce serait également l’occasion de se pencher sur ses nombreux instruments destinés à la jeunesse (DER, ONFP, 3FPT, ANPEJ…) qui manifestement ne produisent pas les résultats escomptés.

À un peu plus de six mois de la fin de sa présidence, le chef de l’État ne doit pas limiter son action à “l’inauguration des chrysanthèmes”, comme disait De Gaulle ou faire une farewell tour comme ces stars de la NBA en instance de retraite. Il est de son devoir jusqu’à son départ du palais de saisir à bras le corps les nombreux problèmes, au-delà de l’émigration clandestine, qui gangrènent la Nation.

Souare Mansour

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