Guinée : Sept morts par balle dans les manifestations anti-junte, selon l’opposition
Les manifestations de
mercredi en Guinée contre la junte au pouvoir ont tué sept personnes et
fait plus de 30 blessés par balle, a annoncé le collectif d’opposition
qui les a organisées malgré une médiation religieuse en cours.
Les
autorités guinéennes, jointes par l’AFP mercredi soir pour confirmer et
infirmer le bilan donné par les Forces vives de Guinée, collectif formé
de partis, de syndicats et d’organisations de la société civile,
étaient injoignables.
Le
collectif a annoncé « l’assassinat de sept citoyens par balle et de 32
blessés par balle dont 13 cas graves », dans un communiqué donnant « un
bilan provisoire » transmis mercredi soir à l’AFP. Il fait également état
de « 56 arrestations » et « appelle à la poursuite des manifestations
pacifiques et citoyennes ce jeudi 11 mai », dans ce communiqué.
Les
affrontements ont fait au moins huit blessés parmi les manifestants et
deux dans les rangs des forces de l’ordre, avait auparavant indiqué à
l’AFP une source médicale qui a réclamé l’anonymat par crainte pour sa
sécurité.
Les
Forces vives de Guinée ont appelé le 3 mai à une reprise des
manifestations avec une série de protestations à Conakry et dans le pays
à partir de mercredi, dans un pays où ces dernières sont souvent
meurtrières.
Des
groupes de jeunes très mobiles ont jeté des pierres sur les forces de
l’ordre qui répliquaient en lançant des gaz lacrymogènes dans plusieurs
quartiers de la capitale. Des témoins ont rapporté auprès de l’AFP des
manifestations également à Labé (nord) et à Nzérékoré (sud-est).
Les
Forces vives réclament l’ouverture d’un dialogue crédible en vue d’un
retour rapide des civils à la tête du pays, la levée de l’interdiction
de toute manifestation instaurée par la junte en 2022 et la libération
de leurs membres emprisonnés ainsi que l’arrêt de ce qu’elles dénoncent
comme un « harcèlement » judiciaire exercé par les autorités.
Parmi
les revendications figure la libération de trois figures de la société
civile, Oumar Sylla, alias Foniké Mangué, Ibrahima Diallo et Mamadou
Billo Bah.
Les
manifestations reprennent alors que des chefs religieux tentent une
médiation entre le collectif et la junte qui a renversé le président
Alpha Condé en 2021.
La
junte s’est dite prête à libérer Foniké Mangué, Ibrahima Diallo et
Mamadou Billo Bah et à lever les mesures de contrôle judiciaire imposées
à un certain nombre d’opposants, a indiqué la médiation dans un
communiqué. Les avocats des trois hommes ont cependant rapporté que la
junte conditionnait leur libération à un abandon de leur engagement de
leur part, ce qu’ils ont refusé.
Le
Premier ministre guinéen Bernard Gomou a réaffirmé mercredi la
disposition de la junte à discuter avec l’opposition lors d’une
rencontre internationale sur l’eau à Conakry.
« Le
gouvernement s’efforce de répondre dans le respect des procédures
légales à toutes les exigences des mouvements politiques et sociaux.
Mais certains parmi eux refusent d’intégrer le cadre de dialogue
inclusif » prôné par la junte, a-t-il déclaré à la tribune.
M.
Gomou a balayé les accusations de « blocage » visant les autorités. « Je
m’inscris en faux (contre ces allégations). Les médiateurs, les
religieux, peuvent attester des efforts de notre bonne foi. Ces appels à
manifester sont vraiment regrettables et les commanditaires en sont les
seuls responsables », a-t-il ajouté.
Les
militaires se sont engagés sous pression internationale à rendre la
place à des civils élus d’ici à fin 2024, le temps de mener de profondes
réformes, disent-ils.