Iran: deux hommes exécutés pour avoir profané le Coran
Deux hommes ont été
exécutés par pendaison lundi en Iran pour blasphème, suscitant la
consternation d’ONG de défense des droits humains, qui ont dénoncé des
exécutions « choquantes » et des pratiques « moyennâgeuses ».
Sadrollah
Fazeli Zare et Youssef Mehrdad, reconnus coupables d’avoir « insulté le
prophète Mahomet et d’autres blasphèmes, y compris d’avoir brûlé le
Coran », ont été pendus lundi matin, selon le site de l’agence
d’information de l’autorité judiciaire Mizan Online.
Leur
exécution intervient dans un contexte d’application croissante de la
peine capitale en Iran, dénoncent les ONG, selon qui l’année 2022 a été
marquée par le plus grand nombre d’exécutions depuis 2015.
Les
deux hommes étaient accusés d’avoir animé des groupes sur les réseaux
sociaux « promouvant l’athéisme et insultant des figures sacrées de
l’islam », selon Mizan.
En mars 2021, l’un des accusés avait reconnu avoir publié des insultes sur un compte Telegram, a ajouté l’agence.
Les deux hommes ont été pendus à la prison d’Arak, dans le centre de l’Iran.
– « Moyenâgeux » –
« La
République islamique a une nouvelle fois démontré sa nature moyenâgeuse
en exécutant deux personnes qui avaient exprimé leur opinion », a réagi
Mahmood Amiry-Moghaddam, directeur de l’ONG Iran Human Rights (IHR),
basée en Norvège.
Ces
exécutions devraient marquer « un tournant » pour les pays attachés à la
liberté d’expression dans leurs relations avec la République islamique,
a-t-il estimé.
« La
communauté internationale doit dire clairement que l’usage de la peine
de mort pour réprimer l’expression d’une opinion ne sera pas tolérée »,
a-t-il dit.
De
son côté, Amnesty International a qualifié ces exécutions de
« choquantes » et estimé qu’elles renforçaient encore le « statut de paria
de l’Iran ».
« Ils
ont été pendus pour des posts sur les réseaux sociaux », a souligné
l’ONG, en dénonçant un « assaut grotesque contre les droits à la vie et à
la liberté de religion ».
Selon
IHR, au moins 208 personnes ont été exécutées depuis le début de
l’année. En 2022, 582 personnes ont subi la peine capitale, en hausse de
75% par rapport à l’année précédente, avaient indiqué en avril IHR et
une autre organisation, Ensemble contre la peine de mort (ECPM), basée à
Paris.
La
loi islamique (sharia) appliquée en Iran permet la peine capitale pour
les charges de blasphème, mais les exécutions pour ce motif étaient
relativement rares ces dernières années, la grande majorité des
personnes exécutées l’étant pour des charges de drogue ou de meurtre.
– « Ecraser les protestations » –
L’Iran
est le deuxième pays comptant le plus grand nombre d’exécutions après
la Chine, selon plusieurs ONG, dont Amnesty International.
Pour
Amnesty, ces nouvelles exécutions « interviennent dans le cadre d’une
forte augmentation de l’usage de la peine capitale par les autorités
iraniennes au cours des dernières semaines ».
Cette
hausse des exécutions coïncide avec le mouvement de contestation
déclenché en septembre en Iran après la mort d’une jeune Kurde
iranienne, Mahsa Amini, décédée après son arrestation par la police des
moeurs qui lui reprochait d’avoir enfreint le code vestimentaire strict
imposant notamment aux femmes le port du voile.
La
contestation est violemment réprimée, et au moins 537 personnes ont été
tuées par les forces de sécurité iraniennes depuis septembre, selon
IHR.
Quatre hommes ont été exécutés en rapport direct avec le mouvement de contestation.
Par
ailleurs, un dissident irano-suédois, Habib Chaab, reconnu coupable
d’avoir dirigé un groupe séparatiste arabe de l’ouest du pays et
condamné à mort pour « terrorisme », a été exécuté samedi.
L’Union européenne a dénoncé une « sanction inhumaine ».
Un citoyen allemand, Jamshid Sharmahd, a lui été condamné à mort en relation avec un attentat contre une mosquée en 2008.
« Sans
une action internationale urgente, les autorités iraniennes
continueront à utiliser la peine de mort pour tourmenter et terroriser
la population, écraser les protestations et toute forme de dissidence », a
mis en garde Amnesty.