Abdou Diouf : «Le mensonge et la violence ne peuvent pas fonder une revendication authentiquement démocratique»
Sa parole est très
rare. Mais le discours de l’ancien président sénégalais, Abdou Diouf,
prononcé lors d’un colloque tenu le 6 novembre 1990, consacré à la
démocratie, semble encore d’actualité. Quelques extraits de cette
déclaration sont d’ailleurs «dépoussiérés» dans la plateforme de
l’Association des juristes d’Afrique (AJA) pour, certainement,
participer au débat politique.
«La
lutte légitime pour la démocratie ne doit pas être entreprise par des
moyens dont la nature même est contraire à l’esprit de la démocratie. Le
mensonge, la calomnie, la démagogie, la violence ne peuvent pas fonder
une revendication authentiquement démocratique, car ces armes que l’on
prétend utiliser occasionnellement pour combattre un régime
deviendraient, demain, les instruments du pouvoir», avait fait savoir
l’ex-chef d’État sénégalais au cours de cette rencontre.
Mieux,
le président socialiste admettait que «l’un des paradoxes de la
démocratie, c’est que les vrais problèmes commencent lorsque ce régime
est institué. Autrement dit, il est plus aisé d’instituer la démocratie
que de la pratiquer, de la consolider. C’est qu’il s’agit d’une œuvre
jamais achevée, l’être humain voulant toujours plus de liberté et de
bien-être, liberté et bien-être dont la jouissance est la finalité de la
démocratie». À
ce titre, le prédécesseur de Me Abdoulaye Wade soutenait que
«l’opposition joue un rôle fondamental dans le travail de remise en
cause permanente des acquis de la démocratie». Car, disait-il, outre la
mission d’éducation politique dont elle est chargée, l’opposition ne
doit jamais perdre de vue qu’elle est appelée à gouverner. «Cela doit
l’amener à renoncer une fois pour toutes à la démagogie, à la
surenchère, ainsi qu’à cette forme de violence et à présenter une
alternative crédible au pouvoir», plaidait Abdou Diouf.