Abdoulaye Daouda Diallo : L’homme de confiance
S’il
fallait prendre le pari risqué de trouver l’homme en qui Macky Sall
place plus de confiance, il ne serait pas exagéré de désigner Abdoulaye
Daouda Diallo promu nouveau président du Cese.
Après
le départ d’Abdoulaye Daouda Diallo du gouvernement avec l’arrivée de
son rival Amadou Ba comme Premier ministre, Seneweb affirmait que malgré
le retour en force de Ba, Diallo était loin d’avoir perdu la bataille
pour la succession de Macky Sall, si tant est qu’il y en aura. Sa
nomination à la tête du Conseil économique, social et environnemental
(Cese), suite au départ d’Idrissa Seck, vient confirmer cette
affirmation.
En
vérité, Abdoulaye Daouda Diallo est l’un des plus proches parmi les
hommes de confiance de Macky Sall, pour ne pas dire le premier. Il est
l’ami du président, comme disent certains. De tous les ténors dont les
noms sont évoqués pour succéder à Macky Sall, il est le seul à n’avoir
jamais connu la disgrâce, même lorsque la sanction s’impose. Ministre
depuis l’arrivée de Macky Sall au pouvoir, il a connu plusieurs
portefeuilles, mais n’a jamais quitté le gouvernement avant septembre
2022. Et lorsqu’il quitte celui-ci, c’est pour aller aux côtés du chef
de l’Etat en tant que directeur de cabinet avant d’atterrir au fauteuil
stratégique de président du Cese.
Ministre
de l’Intérieur, Abdoulaye Daouda Diallo a organisé des élections
législatives controversées en 2017 qui aurait dû lui valoir un départ du
gouvernement. Mais même lorsque Macky Sall s’est rendu compte qu’il ne
pouvait plus le garder à la place Washington, il l’a conduit au
ministère des Transports terrestres.
Mais
c’était pour mieux préparer sa promotion. En effet, Abdoulaye Daouda
Diallo quitte le volant du ministère des Transports pour prendre la
mallette du stratégique ministère des Finances et du Budget. L’histoire
se répète encore avec sa nomination comme président du Conseil
économique, social et environnemental. Abdoulaye Daouda Diallo prend
encore de l’envergure et il pourrait devenir incontournable, si jamais
Macky Sall ne se présente pas à l’élection présidentielle de février
2024.
Pourtant,
si on devait le juger sur sa capacité à défendre le président auprès de
l’opinion, il serait sans doute mal classé. On le voit rarement aller
au charbon, ses sorties médiatiques sont plutôt rares, malgré sa
proximité avec le chef de l’Etat. C’est dire donc que sa force est
ailleurs : la discrétion, l’efficacité. Et Macky Sall semble apprécier.
Loyal et ambitieux
En
effet, Abdoulaye Daouda Diallo est peint en homme loyal au chef de
l’Etat. D’ailleurs, n’eut été ses rivalités avec Amadou Ba au sommet de
l’Etat, ses ambitions politiques seraient peut-être moins connues. A
l’évidence, il fait partie de cette catégorie de chasseurs qui avancent
le visage masqué, ses hommes influents, mais qui reste dans le noir, à
l’abri des lumières.
Membre
fondateur de l’APR, l’inspecteur des impôts et domaine revendique sa
légitimité auprès du patron. ‘’Il réclame une partie de la réussite de
Macky’’, souligne une connaissance.
Ancien
Directeur administratif et financier de Dakar Dem Dikk (il sera
introduit chez Wade par Christian Salvy), il a connu la chasse aux
sorciers pour ne pas dire la ‘’démackysation’’ à l’Ipres. De Secrétaire
général de l’Institut en 2008, il a été rétrogradé au poste d’adjoint au
chef de Centre de Dakar plateau 1 (DP1) et Chef de bureau de
recouvrement des Professions libérales entre 2009 et 2012.
Son
parcours depuis l’arrivée de Macky au pouvoir semble confirmer cette
thèse de l’amitié et de la fidélité, tant la confiance du président à
son égard semble sans faille.
Un
des atouts qui font sa force est aussi la mesure. L’homme ne s’est
jamais rendu coupable d’invective ou d’injure sur le terrain politique.
Son discours est politiquement correct, sa gestuelle mesurée.
Froideur d’un banquier
Mais
ça ne l’empêche pas d’être foncièrement partisan, au point de fouler au
pied par moment les règles les plus élémentaires dans une République.
Son passage au ministère de l’Intérieur en est une illustration
parfaite. Une opération de confection de cartes nationales d’identité et
de cartes d’électeur dans les locaux de la permanence de l’Alliance
pour la République (APR) à Pikine nord, des bulletins et des affiches
publicitaires qui mettent en valeur le OUI au détriment du NON en
direction du référendum de mars 2016 figurent dans le palmarès du maire
de Boki Dialloubé.
Accusé
par l’opposition d’être partisan, ce quinquagénaire n’a rien fait pour
se placer hors des soupçons. En réalité, son regard doux ne fait que
dissimuler une autre facette de l’homme. ‘’Derrière cet air débonnaire
se cache un redoutable tacticien, un homme de sueur froide.
Politiquement, c’est un personnage sombre’’, témoigne un de ses proches.
Un
témoignage corroboré par la publication des résultats du référendum
avant même la commission nationale de recensement des votes. Un acte
inédit qui va provoquer des tirs groupés contre lui, jusque dans son
camp. « Je n’ai pas compris pourquoi il y a eu cette sortie du ministre
de l’Intérieur pour donner des chiffres’’, recadre Mbaye Ndiaye, son
devancier à ce poste. « La prochaine fois, qu’il organise les élections
de façon impeccable sur le plan matériel, mais qu’il ne plonge pas trop
dans la mare de la politique politicienne », enfonce l’allié Djibo Ka.
En
définitive, cet homme de confiance de Macky Sall dispose à la fois du
calme mais aussi de la froideur d’un banquier, sa profession depuis
1994.
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