Présidentielle 2024 : pourquoi Idrissa Seck a engagé un avocat américain

Présidentielle 2024 : pourquoi Idrissa Seck a engagé un avocat américain

Certains médias lui taillent le costume de lobbyiste pour le compte du président du Rewmi en vue du scrutin du 25 février 2024. Il n’en est rien : «Je n’ai jamais été lobbyiste», rectifie James M. Johnson dans sa déclaration au titre du Foreign agents registration act (FARA, Loi pour l’enregistrement des agents étrangers).

Dix-huit ans après leur première collaboration politique, Idrissa Seck et James M. Johnson remettent le couvert. Le président du Rewmi avait fait appel à cet avocat américain de 73 ans en 2005 en pleine tempête de l’affaire des Chantiers de Thiès qui lui avait valu près de sept mois de détention.

À ce moment-là, l’actuel président du Conseil économique, social et environnemental (CESE) avait pris ses distances avec le pouvoir du Président Abdoulaye Wade (2000-2012) dont il était le directeur de cabinet (2000-2002) puis le Premier ministre (2002-2004), et affichait son ambition de se présenter à la présidentielle de 2007.

La visite à Rebeuss
James M. Johnson entra en scène. «J’ai immédiatement rendu visite à Idrissa en prison, rembobine l’avocat dans sa déclaration au titre du Foreign agents registration act (FARA, Loi pour l’enregistrement des agents étrangers) consultée par Seneweb. J’ai contacté des représentants du gouvernement américain et leur ai donné les faits sur ses activités d’opposant et l’emprisonnement qui en a découlé.»

Adoptée en 1938, le FARA exige de tout citoyen américain représentant des intérêts étrangers de déclarer la nature et les implications, notamment financières, d’un tel engagement.

Début 2006, Idrissa Seck obtiendra un non-lieu aussi bien pour le dossier des Chantiers de Thiès que pour les accusations d’atteinte à la sûreté de l’État. «Je crois et continue de croire qu’en représentant Idrissa, j’aidais également la cause du peuple sénégalais en protégeant ses propres aspirations à l’état de droit, à la liberté de choisir ses dirigeants et aux droits humains fondamentaux», souligne l’avocat.

Double préoccupation
Le leader du Rewmi s’est une nouvelle fois tourné vers James M. Johnson. Et pour cause. «Il est profondément préoccupé par la situation pré-électorale, justifie l’avocat. Il est tourmenté par la question de l’éventuelle troisième candidature du Président (Macky Sall) et les poursuites judiciaires contre l’un des principaux opposants, M. Sonko.»

Dans ce contexte volatile, Johnson aura le même rôle qu’il y a dix-huit ans : «au nom d’Idrissa, présenter les faits tels que je les comprends aux responsables du gouvernement américain concernant la situation politique, économique et sociale du Sénégal pendant le cycle électoral de 2024», décrit l’avocat. Avant de préciser : «J’essaie simplement de m’assurer que mon gouvernement a une compréhension factuelle et équilibrée de ce qui se passe.»

Le septuagénaire affirme que la préoccupation de Idrissa Seck, en l’engageant, est de s’assurer que la présidentielle de 2024 soit «équitable et libre».

À propos de l’affaire Sweet Beauty, l’avocat américain rapporte que le président du Rewmi demande que la présomption d’innocence de Ousmane Sonko soit respectée. Et qu’il puisse être candidat à la présidentielle de 2024 s’il n’est pas reconnu coupable des faits qui lui sont reprochés au bout d’un procès équitable.

«Je n’ai jamais été lobbyiste»
«Je ne suis pas impliqué dans la campagne d’Idrissa au Sénégal. Il a des Sénégalais pour ça, prévient James M. Johnson. En tant que citoyen américain, j’essaie seulement de sensibiliser mon gouvernement sur ce qui se passe au Sénégal.»

Ces précisions sonnent comme un recadrage pour certains médias qui, en scrutant en ce moment la candidature de Idirssa Seck pour la prochaine présidentielle, présente l’avocat américain comme un lobbyiste de ce dernier. Le concerné rejette formellement cette casquette. «Je n’ai jamais été lobbyiste professionnel», tonne-t-il dans sa déclaration pour le FARA.

Idrissa Seck et son avocat se sont connus en 1989 à la Princeton school of public affairs and international relations. Ils étaient tous les deux boursiers. «Pendant notre séjour à Princeton, raconte James M. Johnson, ma femme et moi sommes devenus des amis proches d’Idrissa et de sa femme, Penda. Nous avons chacun eu quatre enfants et les familles sont restées amies à ce jour.»

Souare Mansour

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