Tensions politiques : Macky Sall durcit la répression
Arrestations tous
azimuts, journalistes et activistes emprisonnés, reporters gazés, signal
de médias coupé. Tout ceci ne semble pas suffire à Macky Sall qui
demande à son gouvernement une réponse plus musclée face aux
manifestants.
«
Le Président de la République a demandé au Gouvernement de prendre
toutes les mesures idoines pour assurer sur l’étendue du territoire
national, la sécurisation absolue des personnes et des biens, au regard
de certains troubles à l’ordre public observés ces derniers jours dans
des localités du pays ».
Ces
mots du chef de l’Etat, hier en conseil des ministres, interviennent à
un moment où la répression policière et judiciaire se fait de plus en
plus intense. Et pourtant, Macky Sall ne semble pas encore satisfait de
ce qui se passe. Il veut plus d’actions vigoureuses. En d’autres termes,
plus de répressions des manifestations.
Déjà
au moment où le communiqué était partagé, le chargé de communication du
Pastef était dans les liens de la détention. El Hadji Malick Ndiaye a
été convoqué et placé en garde à vue à la sûreté urbaine. Selon certains
médias, il est poursuivi pour diffusion de fausses nouvelles.
Un
peu partout sur le territoire, il y a une sorte de chasse aux
Patriotes. Près de 400 personnes ont été arrêtées lors des
manifestations du 16 mars, selon l’Observateur qui en avait fait le
décompte. D’après ce journal, il y a eu 170 du côté de la police et 200
du côté de la gendarmerie. Beaucoup de ses manifestants ont été envoyés
en prison. A Dakar, Touba, Ziguinchor, Mbour, Tivaouane…, il y a des
arrestations presque partout.
C’est
ce qui a d’ailleurs mobilisé certains syndicats dans l’enseignement, la
santé ou les impôts et domaines pour exiger chacun la libération des
siens. La petite révolution semble venir du côté de la justice. En
effet, pour l’instant, la plupart de ceux qui ont été renvoyés devant
les tribunaux ont été purement relaxés. C’est le cas de Ziguinchor et
Oussouye. En attendant ceux de Tivaouane dont le procès a été renvoyé.
Indignation de la Cjrs, Amnesty condamne
Les
politiques ne sont pas les seuls, puisque les activistes et les
journalistes aussi en font les frais. Cheikh Oumar Diagne et Abdou Karim
Guèye ont été envoyés à nouveau en prison. Du côté des médias, Pape
Ndiaye est incarcéré pendant que Pape Alé Niang est sous contrôle
judiciaire, sans oublier la coupure du signal de Walf tv par le Cnra de
Babacar Diagne pendant 7 jours. Il s’y ajoute un usage de la force sur
le terrain contre les reporters, à la Cité Keur Gorgui, lieu de
résidence de l’opposant Ousmane Sonko.
D’où
l’indignation de la Convention des jeunes reporters à travers un
communiqué. « Ces attaques visées contre les reporters constituent une
atteinte à la liberté de presse et au droit du peuple sénégalais à être
informé juste et vrai ». La Cjrs invite ainsi le ministre de l’Intérieur
Antoine Diome « à mettre un terme à ces dérives ».
Des
dérives dénoncées aussi par Amnesty International. Dans un communiqué
du 17 mars (au lendemain des manifs), l’organisation a dénoncé une
restriction des libertés, dans un contexte précis. « À mesure que
l’élection présidentielle de 2024 se rapproche, les autorités
sénégalaises intensifient la répression des libertés fondamentales par
la limitation de l’espace civique, l’interdiction de manifestations et
l’arrestation d’un journaliste et de plusieurs personnalités de
l’opposition ».