Biden et les Européens tentent de rassurer et d’éviter la panique bancaire
Les Américains peuvent « avoir confiance » en un
système bancaire « solide », a assuré lundi Joe Biden, tandis que les
responsables européens s’efforcent de rassurer sur le risque de
contagion à la finance mondiale de l’effondrement de la banque
californienne SVB.
« Nous
ne nous arrêterons pas là », a assuré le président américain, lundi
matin, depuis la Maison Blanche, cherchant à alimenter la confiance,
seul rempart contre une contagion à grande échelle des ennuis de la
Silicon Valley Bank (SVB).
Les
autorités américaines ont mis sous tutelle vendredi cette banque proche
des milieux technologiques, et l’ont mise aux enchères avec l’objectif
de trouver un repreneur au plus vite.
Elles
sont également intervenues en toute hâte face à la faillite de deux
plus petits établissements, Signature Bank et Silvergate Bank, connue
pour ses liens privilégiés avec le milieu des cryptomonnaies.
Joe
Biden a promis que les contribuables américains ne seraient pas mis à
contribution, mais a averti que les investisseurs et actionnaires ne
seront pas « protégés » de leurs pertes.
Il
a également fait savoir qu’il demanderait au Congrès de légiférer pour
« renforcer » la régulation bancaire, durcie après la débâcle de Lehman
Brothers en 2008 mais allégée ensuite par son prédécesseur Donald Trump.
« Pas de contagion directe »La
banque centrale américaine (Fed) a de son côté annoncé qu’elle allait
examiner les conditions de supervision et de régulation de SVB, les
événements exigeant « une analyse approfondie, transparente et rapide »,
selon le président de la Fed, Jerome Powell.
Les résultats seront publiés le 1er mai.
De
l’autre côté de l’Atlantique, les responsables politiques européens
s’efforcent aussi de rassurer quant au risque de contagion à l’ensemble
du secteur bancaire.
« Il
n’y a pas de contagion directe et la possibilité d’un impact indirect
est quelque chose que nous devons surveiller, mais pour le moment, nous
ne voyons pas de risque significatif », a ainsi déclaré à Bruxelles le
commissaire européen à l’Economie, Paolo Gentiloni, avant une réunion
des ministres des Finances de la zone euro.
« Calmez-vous,
calmez-vous, et regardez la réalité! », a lancé aux investisseurs le
ministre français de l’Economie Bruno Le Maire, estimant que « la
réalité, c’est que le système bancaire français n’est pas exposé à la
SVB. Il n’y a pas de liens entre les différentes situations » aux
Etats-Unis et en Europe.
Wall
Street a terminé sur une note contrastée lundi, après un démarrage dans
le rouge. La banque régionale First Republic a néanmoins dévissé de
près de 62% à la clôture.
Les
places européennes ont aussi repris quelques couleurs après un plus bas
en début d’après-midi, mais ont toutefois fini en forte baisse.
L’action Credit Suisse, perçue par les investisseurs comme un « maillon
faible » du secteur bancaire suisse, a notamment essuyé de fortes
secousses.
– Garantie des retraits –
Dimanche,
les autorités américaines ont annoncé qu’elles allaient garantir le
retrait de l’intégralité des dépôts de SVB et permettre l’accès à tous
les dépôts de Signature Bank.
En
outre, la Réserve fédérale – la Fed, banque centrale américaine – s’est
engagée à prêter les fonds nécessaires à d’autres banques qui en
auraient besoin pour honorer les demandes de retraits de leurs clients.
Londres
a, pour sa part, annoncé que la branche britannique de SVB avait été
vendue au géant bancaire britannique HSBC, pour une livre symbolique.
« Les
clients de SVB UK pourront accéder à leurs dépôts et leurs services
bancaires normalement à partir d’aujourd’hui », assure le Trésor
britannique.
Les
autorités veulent à tout prix éviter une panique sur les marchés lundi
et des retraits en masse des clients des banques, un « bank run » aux
effets potentiellement dévastateurs.
La débâcle de SVB illustre les perturbations de tout le système bancaire américain face au resserrement monétaire de la Fed.
Les
relèvements de taux d’intérêt aux Etats-Unis ont incité des clients à
placer leur argent dans des produits financiers mieux rémunérés que les
comptes courants, tarissant une source cruciale pour le secteur des
nouvelles technologies, gourmand en cash.
La
course contre la montre ce week-end rappelle les 13 et 14 septembre
2008. Les autorités américaines avaient échoué à trouver un repreneur
pour Lehman Brothers et refusé d’intervenir, poussant la banque au dépôt
de bilan, avec des conséquences dramatiques pour le secteur financier
et l’économie mondiale toute entière.