Côte d’Ivoire: une trentaine de militants de l’opposition condamnés à deux ans de prison
Une trentaine de
militants du parti d’opposition de l’ex-président ivoirien Laurent
Gbagbo ont été condamnés jeudi soir à deux ans de prison ferme pour
« trouble à l’ordre public », lors d’une manifestation fin février, à
Abidjan.
Le
24 février, 31 personnes avaient été arrêtées et placées en détention
alors qu’elles manifestaient leur soutien au secrétaire général du Parti
des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), Damana Pickass.
Ce dernier était convoqué par un juge d’instruction pour son rôle présumé dans l’attaque d’une caserne à Abidjan en 2021.
Vingt-sept
de ces manifestants comparaissaient jeudi soir et tous sauf un –
acquitté – ont été condamnés à deux ans de prison ferme. Le parquet
avait requis trois ans ferme.
Au
cours des débats, le procureur Richard Adou a estimé que les accusés
s’étaient rendus coupables de troubles à l’ordre public, « même sans
violence ».
Il a rappelé que la convocation de M. Pickass était « personnelle » et qu’elle n’aurait pas du engendrer un rassemblement.
« Les
faits n’ont pas été démontrés. Le concept défini d’ordre public est une
espèce de fourre-tout », a déploré un avocat de la défense, Me Jonas
Zadi, précisant qu’il ferait appel de ce verdict.
« Les
personnes qui ont été condamnées sont toutes membres du PPA-CI, c’est
un fait », a ajouté un autre avocat de la défense, Me Sylvain Tapi.
La
semaine dernière, le porte-parole du PPA-CI, Justin Koné Katinan avait
accusé le pouvoir d’instrumentaliser la justice « à des fins politiques »,
après ces arrestations.
« L’appareil judiciaire est devenu un instrument d’oppression des opposants ivoiriens », avait-il affirmé.
« Notre
régime essaie au contraire de consolider l’Etat de droit où chaque
citoyen est libre d’exercer sa liberté conformément aux lois en
vigueur », avait répondu Mamadou Touré, le porte-parole adjoint du
Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP),
le parti au pouvoir.
Le
climat politique était pourtant à la décrispation depuis la
présidentielle de 2020, lors de la réélection d’Alassane Ouattara pour
un troisième mandat controversé, où des violences avaient fait 85 morts
et 500 blessés.
Des
législatives se sont tenues dans le calme en mars 2021, et les
opposants Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé ont fait leur retour dans
le pays, après leur acquittement par la justice internationale.