Un jugement universitaire maladroit de la Justice… (Moustapha FALL Dr en Droit public)
Après la publication du manifeste intitulé « Cours constitutionnel, suprême, procureurs, ont dégradé l’image de la Justice », co-écrit par de 4 juristes, Moustapha Fall, Docteur en Droit public et conseiller du Garde des Sceaux, a tenu à répondre. Ci-dessous son texte.
Un
jugement universitaire maladroit de la Justice : quand des professeurs
de droit font un procès d’intention aux procureurs et aux juges !
Dans
une tribune récente (parue le 28 février 2023), trois professeurs de
droit évoquent la « politisation de l’appareil judiciaire » en
qualifiant la magistrature, de « bananière ». En critiquant la justice,
ils réduisent la justice au pénal. Or, le baromètre d’un jugement du
fonctionnement de la justice n’est pas réductible à la répression des
faits délictuels et criminels. Juger tout un système judiciaire et ses
acteurs sur la base des affaires pénales médiatisées révèle une posture
imprudente et narcissiste. La matière brute de nos juridictions reste le
nombre d’affaires traitées au quotidien par les professionnels de la
justice. La fréquence des affaires pénales (vol, association de
malfaiteurs, homicide ou blessures involontaires, abus de confiance,
faux et usage de faux, escroquerie, coups et blessures volontaires,
outrage et rébellion, voies de fait, etc.) montre que les juges et les
procureurs sont sous extrême tension et sont préoccupés par rendre la
justice au nom du peuple. Malheureusement, ceux qui rendent la justice
sont souvent oubliés. Nulle ignore que critiquer la justice, sa méthode
de travail, ses moyens et décisions, peut se concevoir, dans une
perspective de critique féconde dans un Etat de droit. Mais, cela
devient de la délation si la critique emprunte la voie d’attaques
ciblées et personnalisées. Jeter l’anathème ou le discrédit sur la
justice est en soi facile.