Union africaine : Qui est Azali Assoumani, président comorien controversé et successeur de Macky Sall ?
Il aime le pouvoir et n’a pas hésité à jeter ses
opposants en prison ou changer la loi pour rester au palais présidentiel
de Beit-Salam: le chef d’Etat comorien, Azali Assoumani, a pris samedi
la tête de l’Union Africaine (UA).
A
64 ans, il succède pour un an au Sénégalais Macky Sall, devenant le
premier Comorien à prendre la présidence tournante de l’organisation
panafricaine.
Ancien
chef d’état-major de l’armée, le colonel Azali Assoumani a surgi sur la
scène politique en 1999 à la faveur d’un des nombreux coups d’Etat qui
ont agité le petit archipel de l’océan Indien depuis son indépendance de
la France en 1975.
Se
présentant comme un « profond démocrate », il explique à l’époque s’être
emparé du pouvoir uniquement pour éviter une guerre civile, en pleine
crise séparatiste avec l’une des îles de ce pays pauvre d’environ
900.000 habitants. Mais il y prend rapidement goût et se représente en
2002.
Il
ne rendra les clés du pays aux civils qu’en 2006, à contrecœur, en
vertu d’une Constitution qui établit une présidence tournante entre les
trois îles de l’Union (Grande-Comore où il est né, Anjouan et Mohéli).
Il se retire alors sur ses terres et devient agriculteur. Mais loin du
pouvoir, il s’ennuie et se considère « au chômage »…
En
2016, l’appel est trop fort et Azali Assoumani se représente à la
fonction suprême. Défiant les pronostics, il remporte un scrutin
chaotique et contesté. Quitter le pouvoir « a été une erreur » qu’il ne
répètera pas, a-t-il un jour confié à un diplomate en poste dans la
capitale Moroni.
– Imam autoproclamé –
De
retour au palais présidentiel, il élimine en quelques mois tous les
obstacles: dissolution de la Cour constitutionnelle, modification de la
Constitution pour étendre d’un à deux mandats la durée de la présidence
tournante, et élection anticipée en 2019.
La prochaine présidentielle aura lieu l’an prochain et s’il est réélu, Azali Assoumani régnera jusqu’en 2029.
Sur
sa route vers le pouvoir, il a aussi fait arrêter ses principaux
opposants, dont l’ancien président Ahmed Abdallah Sambi pour corruption.
En détention préventive pendant plus de quatre ans, M. Sambi a
finalement été condamné en novembre à la prison à vie pour haute
trahison, au terme d’un procès dénoncé comme inéquitable.
L’arrivée
d’Assoumani Azali à la tête de l’UA est « un échec », estime auprès de
l’AFP Mahamoudou Ahamada, avocat et candidat à la présidentielle de
2019. « Seuls les dictateurs africains insoucieux de leurs populations
respectives peuvent être enchantés de cette nomination ».
Mais
selon le conseiller diplomatique du chef de l’Etat, Hamada Madi, cette
nomination est au contraire le résultat de « la persévérance » d’Assoumani
Azali et voir « l’Union des Comores sur le toit de l’Afrique est tout
simplement magnifique ».
Né
le 1er janvier 1959, Azali Assoumani a été formé à l’Académie royale
militaire marocaine de Meknès (1978-1981) et à l’Ecole de guerre de
Paris (1985-1986).
Ses
détracteurs aiment rappeler un épisode peu glorieux de sa carrière
militaire. En 1995, retranché à la radio nationale assiégée par les
mercenaires du Français Bob Denard, il a abandonné ses hommes en plein
combat: « Tenez-bon, je vais chercher des renforts », aurait-il promis
avant de courir se réfugier à l’ambassade de France à Moroni.
Bon
tribun, le colonel marié et père de quatre enfants s’est autoproclamé
imam après 2016. Selon ses proches au pouvoir, « il est convaincu que ce
qui lui arrive est d’ordre divin ».