« Ils envoient leurs tueurs » : Le cerveau de Barkhane dévoile le « mode de fonctionnement » de Wagner au Mali
Après le Mali, le
Burkina Faso, a demandé à la France de retirer ses soldats installés sur
son territoire. Ouagadougou signale que cette demande n’est pas
synonyme de rupture des relations diplomatiques avec la France. C’est
seulement l’accord qui permet aux forces françaises d’être présentes au
Burkina Faso qui est dénoncé. Au Mali, les autorités de la transition
ont plutôt rompu toute relation avec la France.
« Ce serait une erreur de voir qu’il y a une forme de mimétisme »
Invité
de Rfi, ce mardi 24 janvier 2023, le Général Didier Castres, considéré
comme le cerveau des opérations Serval et Barkhane, invite à faire cette
nuance et à ne pas comparer le cas malien au cas burkinabè. « Ce serait
une erreur de voir qu’il y a une forme de mimétisme. Je pense que, au
Mali, la France a été une sorte de bouc-émissaire qui a permis d’asseoir
une forme de légitimité de la junte et de l’exonérer de toutes ses
faiblesses et de tous ses manquements au règlement de la crise au Mali.
C’est complètement différent au Burkina Faso. On n’a jamais vu au
Burkina Faso, la France être vilipendée, menacée, injuriée, par les
autorités comme ça a été le cas au Mali. Donc moi je ne comparerais pas
les deux choses. Si nous n’avons plus aucune coopération avec le Mali
pour l’instant, attendons de voir ce que le Burkina Faso va nous
demander, hormis le départ de nos troupes, comme forme de coopération » a
déclaré le haut gradé. Il n’a pas manqué d’évoquer le rôle de Wagner
dans la sous-région ouest-africaine notamment au Mali. Pour M. Castres,
c’est un leurre de penser que le groupe paramilitaire russe peut réussir
là où les troupes françaises ont « eu de la peine ».
L’éviction de tous les concurrents
Le
mode de fonctionnement de Wagner selon lui, c’est d’envoyer des tueurs
pour massacrer la population. « C’est un enchaînement qui est très net.
D’abord, il y a une phase de séduction vis-à-vis des pays ou des
gouvernements qui sont aux abois. On leur propose une action militaire
qui, dans la foulée, va régler les problèmes. Ils envoient leurs tueurs
qui vont massacrer des gens pour montrer qu’ils ont des résultats. C’est
ce qui s’est passé en Centrafrique, c’est ce qui s’est passé également
au Mali » a déclaré le militaire. La deuxième phase c’est de « rendre le
gouvernement addict de Wagner, c’est leur dire, ‘sans moi vous ne
pouvez rien faire’. Dans les gardes du corps du président Touadéra on a
des mercenaires de la société Wagner. Ça c’est le deuxième temps, le
troisième temps de la manœuvre de Wagner, c’est l’éviction de tous les
concurrents et donc c’est la manœuvre informationnelle, la mise en cause
des unités qui sont là ; ça a été le cas pour la France en Centrafrique
et au Mali » a poursuivi le haut gradé de l’Armée française. La
quatrième et dernière phase de la stratégie selon lui, est la «
prédation ». « La prédation des mines d’or, des mines de diamants ».