Plainte de Mame Mbaye Niang : un gros risque pour Ousmane Sonko
Attrait en Justice par le ministre du Tourisme, Ousmane Sonko a
dit à la police avoir commis un lapsus, mais n’a pu produire des
éléments de preuve. Pourtant, une condamnation dans cette affaire
pourrait tout aussi lui couter ses chances de briguer la présidence de
la République.
Gare à la loi de
l’emmerdement majeur ! Les Français prêtent à leur ancien président de
la République, Jacques Chirac, le dicton selon lequel «les emmerdes, ça
vole toujours en escadrille !». C’est cela qui risque d’arriver bientôt
au leader du parti Pastef, Ousmane Sonko. On sait qu’il y a des chances
que l’homme politique se retrouve à la barre du Tribunal correctionnel
le 2 février prochain, à la suite d’une plainte en diffamation que lui a
servie le ministre Mame Mbaye Niang.
Au
cours de l’une de ses déclarations, le leader du parti Pastef avait
révélé que Mame Mbaye Niang, à l’époque où il était au ministère de la
Jeunesse, avait été mis en cause dans le détournement de 29 milliards au
Prodac, par un rapport de l’Inspection générale d’Etat. A la suite de
quoi, l’intéressé avait répliqué qu’aucun rapport de l’Ige ne l’avait
jamais épinglé et qu’il allait attraire Ousmane Sonko en Justice pour
diffamation. Ce qu’il n’a pas tardé à faire.
Entendu
à la Division des investigations criminelles (Dic), Ousmane Sonko avait
voulu se rétracter, en déclarant qu’il avait fait un lapsus, voulant
plutôt parler de «rapport de l’Igf (Inspection générale des finances)».
Quand les enquêteurs lui ont demandé de montrer ledit rapport, M. Sonko
leur a déclaré qu’il préférait garder ses preuves pour le Tribunal.
Toutefois,
Le Quotidien a appris qu’au sortir des locaux de la police
d’investigations, Ousmane Sonko s’est empressé d’écrire à l’Igf pour
demander que lui soit transmis le fameux rapport sur le Prodac. A notre
connaissance, jusqu’à hier soir, il n’avait pas encore reçu de réponse à
sa demande.
Ce qui fait que ce qui, au départ,
était une très banale affaire de diffamation, pourrait se révéler très
lourde de conséquences pour l’homme politique. Il devrait prier tous les
saints et tous les «pangols» pour que le procureur de la République lui
laisse son lapsus et ne l’enfonce pas. Le Quotidien se rappelle que
Madiambal Diagne, qui avait porté des accusations contre le juge Téliko,
qui avait été épinglé par un rapport de l’Union africaine, avait fait
un lapsus en parlant de «l’Union européenne». A la barre, M. Diagne
avait exhibé ledit rapport et fait amende honorable pour son lapsus.
Cela n’avait pas suffi à le tirer d’affaire et il avait été condamné en
première instance.
Si le même traitement lui
était appliqué, d’autant plus qu’il n’aurait pas le document qui étaye
son accusation, Ousmane Sonko risquerait alors un minimum de 6 mois de
prison. Cette perspective commence déjà à inquiéter ses fidèles et ses
partisans, qui comprennent qu’il y aurait là un risque sur l’éligibilité
du candidat déclaré à la présidence de la République. Cela est si vrai
que Le Quotidien a appris que l’un des avocats de Ousmane Sonko n’a pas
hésité à prendre publiquement à partie l’un de ses confrères, conseil de
Mame Mbaye Niang, lui reprochant de «faire le jeu du pouvoir pour faire
condamner Ousmane Sonko et le priver ainsi de son éligibilité». Cet
avocat a voulu délibérément ignorer que même le ministre Mame Mbaye
Niang avait droit à être défendu.
En
réalité, ce qu’il craint le plus, c’est en cas de condamnation même en
première instance de son client, que cette dernière soit suivie
d’autres. Car plusieurs plaintes en diffamation planeraient sur la tête
de Ousmane Sonko.
En tête desquelles, celle de
son préféré, Mamour Diallo. Accusé dans l’affaire des 94 milliards,
l’ancien directeur des Domaines et nouveau directeur de l’Onas a pu
obtenir un arrêt définitif de la Cour suprême qui le blanchit de cette
accusation de détournement. Fort de cela, il compte se retourner bientôt
contre son «ennemi» et lui servir une citation directe pour diffamation
et diffusion de fausses nouvelles. Sans oublier une autre personne
citée comme faisant partie du «complot» contre l’ancien député du parti
Pastef, dans l’affaire Adji Sarr, l’avocate Dior Diagne, qui compte
aussi faire laver son honneur devant la Justice. Si toutes ces affaires
se cumulaient et aboutissaient à sa condamnation, il est difficile
d’imaginer que les peines cumulatives n’aboutissent pas à une situation
d’inéligibilité pour le leader du parti Pastef. Et cela, sans que
l’affaire Adji Sarr n’ait eu à être jugée encore !
Est-ce
pour cela que les réseaux des partisans du parti Pastef commencent déjà
à bruire et à appeler à la lutte finale ? En même temps, au sein de ce
parti, des voix s’élèveraient déjà pour appeler à préparer une
«candidature B» pour la Présidentielle, au cas où «Ousmane mu sell mi»
serait empêché de concourir…