Les décès augmentent en Belgique, et le Covid-19 n’y est pour rien: mais que se passe-t-il?

Les décès augmentent en Belgique, et le Covid-19 n’y est pour rien: mais que se passe-t-il?

Du début du mois de décembre à Noël, 9.294 personnes sont mortes dans notre pays. C’est en moyenne 19% de plus qu’au cours des autres mois de décembre. Mais contrairement aux années précédentes, le Covid-19 n’y est pour rien cette fois-ci. Mais que se passe-t-il du coup? Rédaction 13-01-23, 11:39 Source: HLN

Les funérariums et crématoriums du pays sont particulièrement occupés ces dernières semaines. “La situation ne peut évidemment pas être comparée aux périodes les plus chargées de la pandémie, mais tout le monde est sur le pont ici et nous devons faire pas mal d’heures supplémentaires pour pouvoir servir tout le monde”, déclare Jill De Ras des pompes funèbres De Ras à Lede et Berlare, interrogé par nos confrères de Het Laatste Nieuws. “Nous ne sommes pas le plus gros acteur du marché, mais nous assurons tout de même environ 250 funérailles par an en moyenne et les mois d’hiver sont de toute façon plus chargés que l’été. Ces derniers mois, nous avons organisé environ 30 à 35 funérailles, en 2020 il y en avait souvent 40 ou 45.”

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De début décembre à Noël, il y a eu 9.294 décès. C’est moins que les 9.331 de 2021 et les 9.798 de 2020, mais 17,6% de plus qu’en 2019 et même 18,6% de plus qu’en 2018. Par rapport à la moyenne de décembre mesurée entre 2009 et 2018, 2022 compte même 19% de décès supplémentaires. Le Covid-19 n’est pas en cause, puisque 222 décès ont été enregistrés entre le 1er décembre et la veille de Noël à cause de la Covid-19, selon Statbel. En 2021, il y en avait 976 au cours de la même période, et un an plus tôt, il y en avait jusqu’à 2.239. À l’époque, le coronavirus faisait rage et les vaccins n’étaient pas encore disponibles.

Si le Covid-19 n’explique pas cette surmortalité, qu’est-ce qui en est la cause? Chez Sciensano, on n’a pas encore mis le doigt dessus. “Le fait est qu’il y a toujours plus de gens qui meurent en hiver, janvier est le mois où il y a le plus de décès”, ajoutent-ils. “Il est également important de souligner que le nombre de décès au cours d’une période donnée ne peut être comparé de manière univoque entre différentes années. Par conséquent, pour déterminer la surmortalité réelle, nous calculons la différence entre le nombre réel de décès au cours d’une période donnée et le nombre de décès attendu au cours de cette période à l’aide d’un modèle statistique. Il n’est donc pas tout à fait exact qu’il y ait eu une surmortalité de près de 20 % en décembre. Elle est plutôt de l’ordre de 14%, la surmortalité se concentrant principalement sur l’avant-dernière semaine de l’année. Pour la dernière semaine, nous n’avons pas encore les chiffres complets.”

Grippe, VRS et Covid

Sciensano cite néanmoins la grippe comme une cause possible de cette surmortalité. En moyenne, un demi-million de personnes sont touchées par la grippe chaque année dans notre pays. Au cours des dernières semaines de décembre, une épidémie de VRS (virus à l’origine d’une infection respiratoire) et une épidémie de grippe ont fait rage simultanément. Il est toutefois assez exceptionnel que des personnes meurent directement de la grippe. En 2013, il y en a eu 147, mais la plupart des autres années, ce chiffre se situe entre 50 et 100. “On sait que la grippe, ainsi que d’autres maladies respiratoires telles que le Covid-19 et le VRS, est un facteur de risque de décès, en particulier chez les personnes âgées”, explique M. Sciensano.

Les particules fines

Outre la grippe, la vague de froid de décembre pourrait être une explication encore plus importante de la surmortalité. Du 8 au 18 décembre, des températures glaciales ont été enregistrées dans tout le pays et, du 15 au 18 décembre, il y avait énormément de particules fines dans l’air. Ces fortes concentrations sont dues au fait que la pollution atmosphérique provenant de l’industrie, de l’agriculture, du trafic et du chauffage des bâtiments est peu diluée en raison de la faible vitesse des vents. En raison du temps froid, les émissions des poêles à bois sont également plus élevées. “Ces éléments peuvent avoir joué un rôle dans la surmortalité observée”, reconnaît Sciensano. “Le lien semble logique, mais pour le mois de décembre, nous ne pouvons pas le prouver scientifiquement pour le moment, car nous n’avons pas encore de vue sur les causes exactes des décès à partir des certificats de décès”, ajoute le porte-parole. L’impact des particules sur la santé ne peut être sous-estimé. L’Agence européenne pour l’environnement a publié il y a deux ans un rapport indiquant que la pollution par les particules fines dans notre pays est à l’origine de pas moins de 6.500 décès prématurés.

Il n’y a pas que dans notre pays que des décès excédentaires sont signalés en décembre, les Pays-Bas ont même connu une augmentation d’un quart des décès. “La pyramide des âges des pays d’Europe occidentale est assez similaire”, explique Sciensano. “La Belgique et les Pays-Bas ont tous deux des populations plus âgées. Les groupes d’âge plus élevés sont plus sensibles aux facteurs de risque à l’origine de la surmortalité. D’ailleurs, à la fin du mois de décembre, la plupart des autres pays d’Europe occidentale connaissaient également une surmortalité plus ou moins importante.”

En Belgique, 6.500 personnes meurent prématurément chaque année des effets des particules fines.

Souare Mansour

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