Le ton monte entre Israéliens et Palestiniens au Conseil de sécurité de l’ONU
Une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU s’est tenue jeudi soir à la demande de la Chine et des Émirats arabes unis afin d’évoquer la visite, mardi, d’un ministre israélien sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est. Israël a fustigé une réunion « pathétique », tandis que les Palestiniens ont dénoncé le franchissement d’une « ligne rouge ».
Des
diplomates israéliens et palestiniens ont eu une violente passe d’armes
jeudi 5 janvier au Conseil de sécurité de l’ONU : Israël a fustigé une
réunion « absurde » censée condamner la visite d’un ministre sur
l’esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est, les Palestiniens dénonçant le
franchissement d’une « ligne rouge ».
Figure
de l’extrême droite israélienne et nouveau ministre de la Sécurité
nationale, Itamar Ben Gvir, est venu mardi matin un court quart d’heure
sur ce lieu saint au cœur du conflit israélo-palestinien, soulevant une
vague de condamnations internationales, y compris des États-Unis,
l’allié historique de l’État hébreu.
À
la demande de la Chine et des Émirats arabes unis, lesquels ont
pourtant normalisé leurs relations avec Israël, les 15 membres du
Conseil de sécurité rejoints par l’État hébreu, la Jordanie et des
représentants palestiniens, ont débattu publiquement et vivement deux
heures durant au siège de l’ONU à New York.
« Je
suis vraiment, vraiment choqué », a lancé d’entrée l’ambassadeur
israélien Gilad Erdan, devant les portes du Conseil. « Et pourquoi? Parce
qu’il n’y a absolument aucune raison que cette session d’urgence se
tienne aujourd’hui. Aucune. Tenir une session du Conseil de sécurité sur
un non-événement est vraiment absurde », a fustigé devant la presse le
diplomate, avant de répéter sa diatribe sur cette réunion « pathétique »
dans l’enceinte du Conseil.
« Statu quo »
Gilad
Erdan a nié que la visite de son ministre Ben Gvir ait été une
« incursion sur (l’esplanade de la mosquée) Al-Aqsa » ou une entorse au
« statu quo » historique concernant les lieux saints de Jérusalem. « Chaque
juif a le droit de visiter le Mont du Temple », a-t-il martelé, en
référence à la manière dont le site est désigné dans le judaïsme.
« Prétendre qu’une visite brève et totalement légitime doive déclencher
une session d’urgence du Conseil de sécurité est pathétique », a dénoncé
le diplomate.
L’ambassadeur
palestinien auprès de l’ONU, Riyad Mansour, s’en est pris à
l’adversaire israélien ainsi qu’au nouveau gouvernement « colonial et
raciste », et a critiqué les Nations unies où sont votées depuis des
décennies nombre de résolutions sur le conflit israélo-palestinien.
« Quelle
ligne rouge Israël doit-il franchir pour que le Conseil de sécurité
dise enfin ‘Ça suffit’ et agisse en conséquence ? Quand allez-vous agir
? », s’est insurgé Riyad Mansour dans un long discours.
Mercredi
soir, entouré d’homologues de pays arabes et musulmans, le diplomate
palestinien avait réclamé que la communauté internationale « décide de
défendre et de protéger le statu quo historique à Jérusalem et
(concernant ses) sites musulmans et chrétiens ». Interrogé par l’AFP à la
sortie du Conseil de sécurité, l’ambassadeur palestinien s’est félicité
d’une « unanimité pour défendre le statu quo », sans compter toutefois
sur une action concrète de l’ONU qu’il réclame contre Israël.