Brésil : Lula, investi président, veut redresser le bilan « désastreux » de Bolsonaro
Luiz Inacio Lula da Silva a été investi président et a accusé son prédécesseur Jair Bolsonaro d’avoir saccagé le pays.
Le nouveau président du Brésil Luiz Inacio Lula da Silva s’est engagé ce dimanche 1er janvier « à reconstruire le pays avec le peuple brésilien », dans un discours au ton ferme devant le Congrès après son intronisation, après le bilan « désastreux » de Jair Bolsonaro.
L’icône de la gauche a accusé son prédécesseur
d’extrême droite d’avoir « épuisé les ressources de la santé, démantelé
l’éducation, la culture, la science et la technologie et détruit la
protection de l’environnement ».
Il
a assuré en outre que son pays, grande puissance agricole, n’avait «
pas besoin de déboiser » pour soutenir son agriculture. « Nous allons
pouvoir vivre sans abattre des arbres, sans brûler » des forêts, a-t-il
assuré, rappelant son objectif de « déforestation zéro en Amazonie »,
alors que la communauté internationale attend de lui des gestes forts.
« Nous sommes ensemble ! », Macron félicite son « ami »
À
la fin de son discours, une partie du Congrès a ovationné Lula, vêtu
d’un costume et d’une cravate bleus, aux cris de « Lula guerrier du
peuple brésilien ! ».
À
77 ans, il a été investi pour un troisième mandat à la tête du grand
pays émergent de 215 millions d’habitants dans la capitale Brasília
envahie par une marée humaine, 12 ans après avoir quitté le pouvoir à
l’issue de deux mandats (2003-2010).
Le
retour de Lula au Palais du Planalto signe un come-back remarquable
pour celui qui a connu la prison il y a seulement quatre ans après avoir
été accusé de corruption.
Le
président français Emmanuel Macron a félicité Lula pour son investiture
dimanche avec deux tweets, en français et en portugais.
«
Ordre et Progrès : le Brésil fait honneur à sa devise. Bravo cher
Président, cher ami Lula, pour ton investiture. Nous sommes ensemble !
».
La cérémonie snobée par Bolsonaro
Les
cérémonies d’investiture, placées sous haute sécurité alors que des
militants d’extrême droite ne reconnaissent toujours pas la victoire de
Lula, ont été snobées par Jair Bolsonaro, qui a quitté le Brésil deux
jours avant la fin de son mandat pour les États-Unis.
Il
ne remettra donc pas l’écharpe présidentielle à son successeur comme le
veut la tradition démocratique, ce qui ne s’est pas produit depuis 1985
et la fin du régime militaire.
Une
minute de silence a été observée au Congrès en hommage à la légende
brésilienne du football, Pelé, décédé jeudi, et au pape émérite Benoît
XVI, mort samedi, juste avant l’intronisation de Lula et de son
vice-président de centre droit, Geraldo Alckmin.
Des
dizaines de milliers de partisans vêtus de rouge, la couleur du Parti
des Travailleurs (PT), ont salué dans la liesse Lula alors qu’il se
rendait au Congrès dans la traditionnelle Rolls Royce décapotable, avec
Geraldo Alckmin et leurs épouses, en dépit des craintes liées à la
sécurité.
300.000 personnes attendues pour les festivités
Après
son intronisation au Congrès, Lula devait se diriger vers le Palais
présidentiel du Planalto, joyau architectural d’Oscar Niemeyer, pour
recevoir la fameuse écharpe présidentielle sertie d’or et de diamants.
Jusqu’à
300.000 personnes étaient attendues pour cette journée alliant la
pompe, avec des cérémonies réglées au millimètre auxquelles assistent 17
chefs d’État, et une fête populaire avec des concerts.
La
future Première Dame, Rosangela da Silva, dite « Janja », a été la
grande ordonnatrice du volet festif de la journée, avec de nombreux
concerts et une programmation éclectique, avec la drag queen Pabllo
Vittar ou encore la légende vivante de la samba Martinho da Vila.
Les bolsonaristes réclament toujours une intervention militaire
Sous
le soleil de plomb de ce début d’été austral, des milliers de
Brésiliens ont dû patienter dans des files d’attente de centaines de
mètres en raison des contrôles de sécurité, a constaté un journaliste de
l’AFP.
«
Olé, olé, olà, Lula, Lula », et « A esplanada e nossa ! » (l’esplanade
est à nous) criait une foule joyeuse, en référence à l’Esplanade des
ministères, au cœur de Brasília, où Lula devait prononcer son premier
discours de président dans l’après-midi.
Reclus
et quasi muet depuis sa défaite d’octobre, Bolsonaro, qui perd son
immunité présidentielle, a quitté le Brésil vendredi pour la Floride.
Alors que ses fidèles les plus radicaux veulent empêcher l’accession de
Lula au pouvoir et campent toujours devant des casernes du pays,
réclamant une intervention militaire, la sécurité a été renforcée.
Toutes
les forces de police du district de Brasília, quelque 8.000 agents,
sont mobilisées, ainsi qu’un millier de policiers fédéraux.
Des
patrouilles ont lieu à l’aéroport de Brasília près duquel un engin
explosif a été découvert il y a une semaine dans un camion-citerne, posé
par un bolsonariste qui voulait « créer le chaos » au Brésil.