Emmanuel Zoungrana : Ce Lieutenant-Colonel dont se méfie Ouagadougou depuis l’ère Kaboré
Au Burkina Faso, le
Lieutenant-Colonel Emmanuel Zoungrana a fait l’objet de plusieurs
arrestations depuis le début de l’année. Ce militaire décoré pour ses
faits d’armes dans la lutte contre le terrorisme au pays des hommes
intègres a été interpellé pour la première fois, le 14 janvier 2022,
alors que le Burkina Faso était encore dirigé par Roch Marc Christian
Kaboré. Il avait ensuite été jeté en prison pour « tentative de
déstabilisation des institutions de l’Etat », « détournement de biens
publics, faux et usage de faux, enrichissement illicite et blanchiment
de capitaux ». Quelques semaines après, c’est-à-dire le 24 janvier 2022,
le président Kaboré était victime d’un putsch.
Le
lieutenant-colonel Paul Henri Dambiba prend les rênes du pouvoir. Il
est à son tour victime d’un coup d’État le 30 septembre. Le capitaine
Ibrahim Traoré est l’auteur de ce coup de force. Le 15 décembre 2022,
Emmanuel Zoungrana bénéficie d’une remise en liberté provisoire. Le 27
décembre, il est de nouveau interpellé « non sans résistance » souligne
le parquet militaire. Le nom de Zoungrana est une nouvelle fois cité
dans une tentative de déstabilisation des institutions de l’Etat. En
effet, selon un communiqué du parquet militaire rendu public dans la
soirée du mercredi dernier, les premiers éléments de l’enquête révèlent
qu’un groupe de militaires et de civils était en train de préparer une
déstabilisation des institutions de l’Etat.
Il « serait l’homme de la situation »
Ce
groupe serait en contact avec l’unité « Mamba vert » du
Lieutenant-Colonel Emmanuel Zoungrana. Il projetait de « lancer des
attaques simultanées sur la radio-télévision du Burkina (RTB), la maison
d’arrêt et de correction des armées (Maca) où était détenu cet officier
supérieur (Zoungrana) pour des faits similaires et la résidence du chef
de l’Etat » Ibrahim Traoré. Le parquet militaire a ouvert son enquête
suite à une dénonciation. Pour rappel, le lieutenant-colonel Emmanuel
Zoungrana avait déjà fait parler de lui, après sa remise en liberté
provisoire.
En
effet, le militaire a affirmé dans une vidéo diffusée sur les réseaux
sociaux qu’on avait tenté par deux fois de l’empoisonner. Il ajoutait
que les drones étaient mis à contribution pour le surveiller depuis
qu’il bénéficie d’une liberté provisoire. Pour certains membres du
groupe indexé par le parquet militaire, « le Lieutenant-Colonel Emmanuel
Zoungrana serait l’homme de la situation après les évènements du 30
septembre 2022 et leur action se voulait de le porter à la tête de
l’Etat. Pour d’autres, c’était de le libérer de la prison militaire ».