“Je reçois une somme à six chiffres”: les stars du tennis participent à un mini-tournoi en Arabie saoudite pour un paquet de pétrodollars
Les meilleurs joueurs du monde sont réunis pendant trois jours à Riyad pour la “Diriyah Tennis Cup”, un tournoi exhibition en Arabie Saoudite, qui se déroule du 8 au 10 décembre. Certains le font pour s’entraîner avec d’autres joueurs du top 10, d’autres pensent que cela contribue à l’ouverture du pays. Et la plupart y participent pour l’aspect financier. “Je reçois une somme à six chiffres”, a réagi Nick Kyrgios, avec sa franchise habituelle.
Les intérêts financiers prennent régulièrement le dessus sur le code moral et éthique dans le monde du tennis. Fin novembre, le sélectionneur américain de la Coupe Davis, Mardy Fish, et son assistant Bob Bryan ont été condamnés à une amende de 10.000 dollars (9.500 euros) par la Fédération internationale de tennis pour avoir fait la promotion d’une société de paris sportifs (Draft Kings) sur les réseaux sociaux. Alors que l’ITF elle-même vend depuis dix ans ses données (de notation) pour des dizaines de millions d’euros à une entreprise (Sportsradar), qui transmet ces données à… des sociétés de jeu.
À l’inverse, la WTA a supprimé depuis deux ans tous les tournois chinois de son calendrier suite à l’affaire Peng Shuai. Une décision qui a de lourdes conséquences puisque l’Association des joueuses de tennis se prive d’énormes revenus. En 2019, Ash Barty a reçu un chèque record de 4,2 millions d’euros au Masters de Shenzhen, cette année Caroline Garcia n’a dû repartir qu’avec “seulement” 1,5 million d’euros pour le même tournoi à Dallas.
Les joueurs privilégient également (trop?) souvent l’aspect financier. Chaque année, ils se plaignent de la longueur et la densité de la saison de tennis, mais à peine le dernier tournoi joué, ces mêmes joueurs sont déjà dans un avion pour des endroits lointains. Ils y disputent des matchs ou des tournois exhibitions qui rapportent beaucoup d’argent. Alors que Rafael Nadal et Casper Ruud viennent de faire une tournée en Amérique du Sud, une partie du top 10 joue la “Diriyah Tennis Cup”, en Arabie saoudite.
L’Arabie saoudite tente de se faire une place
Tsitsipas, Medvedev, Rublev, Fritz, Hurkacz, Zverev, Norrie, Berrettini, Kyrgios, Thiem, Wawrinka et son jeune compatriote Stricker ont débuté jeudi le mini-tournoi, qui a attiré à peine une centaine de spectateurs en ce jour d’ouverture. Ce pays du Moyen-Orient peut difficilement se vanter d’avoir une histoire de tennis. Malgré 30 millions d’habitants et de grands moyens, l’Arabie saoudite ne compte aucun joueur professionnel. Au classement de la Coupe Davis, le pays occupe la 82e place, juste derrière les Bermudes.
Dans le sillage d’Abu Dhabi et de Dubaï, qui persuadent chaque hiver de nombreux joueurs de tennis de compléter leur préparation pour le début de la saison au Moyen-Orient par le biais d’un camp d’entraînement ou d’un tournoi exhibition, Riyad a également proposé son événement. En 2019, la première édition de la “Diriyah Tennis Cup” a eu lieu avec David Goffin. “Les gens étaient très excités de voir des joueurs de tennis professionnels à l’œuvre”, a déclaré le Liégeois. “Ils nous ont accueillis chaleureusement. C’était une très belle expérience.”
Goffin (troisième à partir de la droite) et d’autres joueurs en Arabie saoudite lors de la Diriyah Tennis Cup 2019. © Diriyah Tennis Cup
L’attrait financier
Le non-respect des droits de l’homme – et d’autres droits – en Arabie saoudite ne sont évidemment pas mis avant lors de ce mini-tournoi. Malgré le régime misogyne – ou hostile aux femmes – de Riyad, Judy Murray (maman d’Andy Murray) est mise en avant pour soutenir le tennis féminin local.
“Quand j’arrêterai de jouer au tennis, je veux savoir que j’ai laissé ma marque et que j’ai apporté beaucoup de nouveaux fans à ce sport”, a déclaré Nick Kyrgios à Eurosport. “J’aime aller dans des endroits où l’on ne connaît peut-être pas beaucoup le tennis, puis essayer d’attirer l’attention et de faire en sorte que les gens en profitent.”
Une intention noble mais sur les réseaux sociaux, le fantasque joueur australien a fait savoir pourquoi il se rendait en Arabie saoudite: “Je reçois une somme à six chiffres”. Près de trois millions d’euros – dont environ un million pour le vainqueur – seront distribués en prize-money. Les joueurs reçoivent également (officiellement) 71.000 € à leur inscription, et grâce à toutes sortes de bonus de tournoi, ce montant augmente rapidement (jusqu’à une somme à six chiffres).
“C’est un sujet difficile”, a admis Thiem dans le journal autrichien “The Standard”. “Peut-être que grâce à des événements comme celui-ci, nous parvenons à apporter un peu d’ouverture.” La semaine prochaine, Tsitsipas, Rublev et Alcaraz joueront à Abu Dhabi, dans 10 jours, Thiem, Djokovic et Kyrgios joueront à Dubaï.