Singapour révoque une loi pénalisant l’homosexualité
Le Parlement de Singapour a révoqué mardi une loi pénalisant les rapports sexuels entre hommes datant de l’époque coloniale. Cette loi, critiquée comme discriminatoire et stigmatisante pour la communauté LGBT, prévoyait une peine maximale de deux ans d’emprisonnement, mais n’était plus appliquée.
“Loi archaïque”
« Je suis content qu’on y soit finalement arrivé », a observé Justin, un membre de la communauté LGBT, qui n’a voulu donner que son prénom. Avec cette « loi archaïque » qui disparaît, « c’est une raison de moins pour cacher qui je suis », a-t-il dit à l’AFP. « Mais c’est juste un premier pas pour éliminer les préjugés sociaux et religieux qui pèsent sur notre communauté à cause de croyances dépassées et de la censure des médias » dans la cité Etat d’Asie du Sud-Est, a-t-il estimé.
Pas de mariage
Le Parlement singapourien a cependant également modifié la Constitution locale pour préciser qu’un mariage ne pouvait être que l’union d’un homme et une femme, empêchant les couples de même sexe d’obtenir l’égalité devant le mariage.
L’homosexualité toujours proscrite dans de nombreux pays
Si elle est pleinement acceptée dans certains pays (plus d’une trentaine reconnaissent notamment le mariage homosexuel), l’homosexualité reste proscrite et durement réprimée dans beaucoup d’autres, notamment en Afrique et au Moyen-Orient.
Un crime passible de la peine de mort
Selon le rapport publié en décembre 2020 par l’Association internationale des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans et intersexes (Ilga), les relations entre personnes de même sexe sont réprimées par la loi dans 69 pays sur 193, et passibles de la peine de mort dans 11 d’entre eux, des pays musulmans à la législation inspirée de la charia. La peine capitale est ainsi appliquée en Iran, en Arabie Saoudite, au Yémen, en Mauritanie et une partie du Nigeria (dans 12 états du nord). Le petit sultanat de Brunei a instauré en 2019 la peine de mort par lapidation pour les relations entre personnes du même sexe. Mais devant le tollé international, il a annoncé un moratoire. Dans cinq autres pays (Afghanistan, Pakistan, Qatar, Somalie et Émirats Arabes Unis), elle est applicable mais n’est pas prononcée.
Lourdes peines de prison
En Afrique, une trentaine de pays disposent de législations interdisant ou réprimant l’homosexualité. En Tanzanie, elle est ainsi punie d’une peine minimale de 30 ans et pouvant aller jusqu’à la prison à perpétuité. En Gambie ou au Kenya, les peines peuvent atteindre 14 années d’emprisonnement. Toujours selon l’Ilga, l’homosexualité est illégale dans la moitié des pays d’Asie et peut entraîner une peine de plusieurs années de prison comme en Birmanie ou au Koweït. Au Bangladesh, les homosexuels risquent la réclusion à perpétuité alors qu’en Malaisie, la sodomie est passible de 20 ans de détention, d’une lourde amende et de coups de fouet. En Amérique latine, le Guyana est le seul pays où l’homosexualité est encore illégale. Bien que la loi ne soit pas appliquée, l’homosexualité masculine est théoriquement passible d’emprisonnement à vie.
Pays en faveur/sur la voie de la dépénalisation
Dans le sillage de l’Europe et des Amériques, pionniers en matière de légalisation de l’homosexualité et du mariage gay, plusieurs pays ont abrogé ces dernières années leurs lois répressives ou se sont engagés sur cette voie. Ainsi, en septembre 2018, après des décennies de combat juridique, la Cour suprême indienne a aboli la loi d’interdiction de l’homosexualité qui datait du pouvoir colonial britannique. Les relations sexuelles entre personnes de même sexe étaient jusque-là passibles de prison, même si les poursuites étaient rarissimes dans les faits. En Afrique, après le Lesotho, le Mozambique, les Seychelles, l’Angola et le Botswana, le Gabon a dépénalisé l’homosexualité en juin 2020, provoquant la colère d’une partie de l’opinion publique.
Le cas de la Russie et le modèle hongrois
En Russie, l’homosexualité était considérée comme un crime jusqu’en 1993 et comme une maladie mentale jusqu’en 1999. Elle est désormais légale, mais une loi de 2013 punit la promotion de l’homosexualité auprès des mineurs. Le 24 novembre, le Parlement a durci cette législation en interdisant, sous peine de fortes amendes, toute forme de “propagande” LGBTQ. En Hongrie, depuis l’été 2021, évoquer l’homosexualité devant des mineurs est passible d’une amende.