« Quand même ! vous êtes dans un Etat de droit » : Souleymane NDIAYE à Pape Alé Niang et Sonko
Face à l’actualité qui a suivi l’audition de Monsieur Sonko et à l’arrestation du journaliste Pape Alé Niang, il convient de rappeler que l’État est la forme moderne d’organisation de la vie commune d’une société humaine et nous avons hérité de sa forme la plus aboutie à ce jour, à savoir l’Etat de droit.
Par
conséquent, il y a des règles auxquelles nous sommes tous soumis et
qu’il faut respecter, puisque nous ne sommes pas dans une jungle.
Pour
ce qui concerne le cas du journaliste Pape Alé Niang, il est important
de relever qu’un journaliste qui se respecte et respecte son métier ne
devrait pas, compte tenu des exigences professionnelles de son métier,
se mettre au service d’une personne, au mépris de toutes les règles
journalistiques. Je crois que cela est loin de la déontologie qui
prévaut dans ce métier qui est un métier noble.
Le Sénégal est
une démocratie majeure du continent et deux ou trois personnes ne
pourront pas la salir. La Constitution reconnaît à tous le droit pour
tout un chacun de faire la politique. S’il veut devenir politicien,
qu’il se décide, mais ce sera sans abuser de la position favorable que
lui offre le statut de journaliste.
Nous avons tous été temoin du
parcours de son jeune frère, le journaliste Pape Djibril FALL qui a
fait le choix assumé d’entrer en politique, et ceci, la constitution le
lui permet. Donc, il peut prendre exemple sur lui.
Il faut
cependant être clair. Le droit de s’opposer en politique, dans un Etat
de droit, ne confère pas celui de désacraliser nos Institutions et de se
comporter de manière indigne tel un ennemi de la nation. Une personne
saine d’esprit et pour peu qu’on est cultivé, ne peut pas se permettre
des comportements anti-republicains aussi graves que la publication de
documents estampillés « secret défense ». Cela est également valable pour
le journaliste. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que les articles 60
et suivants du Code pénal répriment toute divulgation auprès d’un public
non qualifié d’une information militaire non rendue publique par
l’autorité compétente.
Concernant l’audition de Monsieur Sonko,
nous l’invitons à beaucoup plus de retenue et de respect de nos
Institutions. Nos magistrats, la gendarmerie et la police sont des
fonctionnaires qui ne font que faire leur travail. On ne peut pas se
permettre quand on est un homme politique sérieux d’espionner ces
fonctionnaires de l’Etat, et plus grave encore, les menacer de
représailles. En France d’anciens Présidents tels que Jacques Chirac et
Nicolas Sarkozy ont eu à faire face à la justice. Pour autant, jamais
ils n’ont proféré de menaces à l’égard de ces fonctionnaires.
Au
Brésil, il en est de même pour Lula, qui est de redevenu Président,
malgré qu’il ait fait l’objet de poursuite pour des faits de corruption.
Aux USA, première puissance mondiale, l’ancien Président Donald Trump
est cité à comparaître dans l’affaire de l’assaut du Capitol. Pourtant,
on n’a jamais entendu toutes ces personnalités insulter, diffamer ou
même menacer les fonctionnaires de justice ou enquêteurs, dans les
graves affaires les concernant.
Quand on est un homme politique sérieux, on ne banalise pas les Institutions de son pays. S’il y a des procédures on y fait face avec dignité, sans tomber dans certains comportements antirépublicains. Heureusement que le Sénégal est une grande démocratie et nous avons des hommes d’Etat au tempérament posé. Dans un autre État, Monsieur Sonko répondrait devant la justice de ces faits d’une gravité extrême et scandaleux. Il a crié sur tous les toits qu’il est pressé qu’on le convoque et donc pourquoi autant d’agressivité alors que la procédure ne fait que suivre son cours normal. Personne n’a compris pourquoi il a refusé le test ADN alors que cela aurait permis de le disculper et de lever enfin le suspens, d’autant plus qu’il se dit innocent dans l’affaire l’opposant à Adji Sarr. Tout ce que les sénégalais attendent c’est qu’on fasse une bonne fois pour toute la lumière sur cette affaire. Mais, on dirait que Monsieur Sonko, qui menace notre justice alors que l’affaire est à peine lancée, a quelque chose qu’il ne souhaite pas que les sénégalais découvrent.