Corruption en Afrique : Glencore condamné à payer 300 millions d’euros pour pots-de-vin sur des contrats pétroliers
Glencore, géant suisse
du négoce des matières premières, a été condamné jeudi par la justice
britannique à payer 280 millions de livres, soit plus de 300 millions
d’euros, pour des faits de corruption en Afrique, un jugement sans
précédent.
Cette
décision a été rendue par la Southwark Crown Court de Londres à la
suite d’une enquête des autorités britanniques, qui s’ajoute à d’autres
procédures aux Etats-Unis et au Brésil.
L’enquête
britannique, lancée en 2019, avait révélé que Glencore, par
l’intermédiaire d’employés et agents, avait versé des pots-de-vin à
hauteur de plus de 28 millions de dollars pour avoir un accès
préférentiel au pétrole au Nigeria, Cameroun, Côte d’Ivoire, Guinée
équatoriale et Soudan du Sud.
De
grosses sommes en liquide était parfois acheminées en jets privés, et
les faits de corruption étaient tolérés jusque dans les plus hautes
sphères de l’entreprise.
C’est
la première fois qu’une entreprise est condamnée au Royaume-Uni parce
que sa direction a autorisé des faits de corruption et non seulement
fermé les yeux.
Au
total, Glencore, qui avait plaidé coupable et a reconnu des faits
« inexcusables », devra payer 280 millions de livres, soit plus de 320
millions d’euros.
Cette
somme comprend notamment 93 millions de livres de « confiscation »
d’actifs obtenus illégalement, un montant record pour ce type de
pénalités, et 183 millions de livres d’amende, ainsi que le
remboursement de frais de justice.
En
rendant son verdict, le juge Peter Fraser a relevé non seulement des
faits délictueux, « mais aussi des dispositifs sophistiqués pour les
dissimuler, y compris le prélèvement d’importantes sommes en espèces à
des fins déclarées légitimes, utilisées à des fins de corruption, comme
des dépenses liées à l’ouverture d’un nouveau bureau ».
« Les
comportements constatés sont inexcusables et n’ont pas leur place chez
Glencore », a commenté dans un communiqué le président de la société
Kalidas Madhavpeddi, assurant qu’elle avait mis en place un important
programme pour revoir ses pratiques.
L’entreprise,
également propriétaire de nombreuses mines de cuivre et de charbon,
avait annoncé en mai avoir noué des accords avec les autorités du
Royaume-Uni, des Etats-Unis et du Brésil pour des faits de corruption en
Afrique et en Amérique du Sud et de manipulation des marchés
pétroliers.
Elle
avait dit prévoir de payer 1,02 milliard de dollars aux Etats-Unis et
40 millions au Brésil, mais le montant des pénalités à verser au
Royaume-Uni restait en suspens.
Ces
accords, qui mettent fin aux poursuites engagées par ces Etats, ont
levé des nuages qui planaient sur le groupe depuis plusieurs années.