Total annonce 6,6 milliards d’euros de bénéfice, grâce au gaz
Le groupe pétrolier français TotalEnergies a annoncé jeudi que son bénéfice s’était envolé de 43% au troisième trimestre par rapport au même trimestre de 2021, à 6,6 milliards de dollars, bénéficiant des prix records du gaz, qui se sont envolés depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
En plein débat sur les superprofits des compagnies énergétiques sur fonds de crise climatique, et alors que la classe politique française débat d’une éventuelle taxe, TotalEnergies a déjà engrangé en neuf mois plus de profits que l’an dernier: 17,3 milliards de dollars contre 16 milliards en tout l’an dernier.
« Tant mieux », s’est immédiatement réjoui le ministre de l’Economie Bruno le Maire au micro de BFM Business.
« Nous
devrions tous être fiers d’avoir une grande entreprise énergétique qui
soit française comme Total », a dit le ministre en soulignant que ses
gains permettent de « payer une remise sur les carburants » aux
automobilistes français, et « d’augmenter les salaires de Total ».
Le
groupe a en effet annoncé un 13e mois à tous ses salariés dans le
monde, et vient de signer un accord d’augmentation des salaires en
France avec deux syndicats majoritaires après une longue grève dans ses
raffineries qui continue de créer des ruptures de carburants dans les
stations-service françaises.
Deux sites du groupe restaient jeudi en grève, à l’appel du syndicat CGT.
Dans
un communiqué envoyé par anticipation dès mercredi, le collectif
350.org a de son côté dénoncé de « nouveaux profits obscènes » de
TotalEnergies « au détriment des populations et de la planète », en
soulignant que le groupe « responsable de certains des projets
d’exploitation de combustibles fossiles les plus destructeurs de la
planète » continue de « tirer impitoyablement profit de la guerre en
Ukraine ».
– 9,9 milliards sans la Russie –Le
pétrole et le gaz ont largement dopé les profits du groupe. Le prix
moyen du gaz naturel liquéfié (GNL), sur lequel TotalEnergies mise
depuis plusieurs années, s’est envolé de 50% par rapport au deuxième
trimestre, alors que l’Europe, privée du gaz russe, cherchait à remplir
ses réserves pour l’hiver.
Le
bénéfice a été réalisé en dépit d’une nouvelle provision de 3,1
milliards de dollars de dollars liée aux risques sur la Russie, après
des provisions de 7,6 milliards lors des deux premiers trimestres.
« Dans
un contexte marqué par un prix du Brent à 100 dollars le baril en
moyenne et des prix du gaz exacerbés par l’agression militaire de
l’Ukraine par la Russie, TotalEnergies a su tirer parti de son modèle
intégré, notamment dans le gaz naturel liquéfié (GNL), pour générer des
résultats en ligne avec les trimestres précédents », a commenté le PDG du
groupe Patrick Pouyanné dans un communiqué.
Le
secteur du gaz et des renouvelables a réalisé sur le trimestre un
résultat opérationnel net ajusté « record » de 3,6 milliards de dollars,
en hausse de 1,1 milliard par rapport au 2e trimestre, précise le
communiqué.
Même
si la production de GNL du groupe a baissé de 6% au troisième trimestre
sur un an et que ses ventes totales de GNL ont baissé de 10% ce
trimestre par rapport au trimestre précédent du fait de maintenances ou
d’arrêts de production dans différentes usines, les ventes totales de
GNL ont, elles, progressé de 5% sur un an « en raison de l’augmentation
des achats spot permettant de maximiser l’utilisation des capacités de
regazéification de TotalEnergies en Europe », détaille TotalEnergies.
Pour
les mois à venir, le groupe compte sur le soutien aux cours du pétrole
venu notamment de la décision des pays de l’OPEP+ de baisser les quotas
de production de 2 millions de barils par jour et sur des prix du gaz
« qui devraient rester élevés, portés par la nécessité d’importer du GNL
en Europe pour remplacer les importations de gaz russe ».
Hors
les éléments exceptionnels dont les provisions à cause de la Russie, le
résultat net ajusté du groupe atteint 9,9 milliards de dollars sur le
trimestre, supérieur aux attentes d’un consensus d’analystes de Factset
qui prévoyaient 9,6 milliards.