Le suicide d’un couple homosexuel relance les débats sur l’homophobie en Arménie

Le suicide d’un couple homosexuel relance les débats sur l’homophobie en Arménie

La semaine dernière, Tigran et Arsen, un couple de jeunes Arméniens, se serait donné la mort en sautant d’un pont. Il aurait voulu fuir l’intolérance et l’homophobie. Leur suicide relance les débats sur l’acceptation de l’homosexualité en Arménie, un pays où les couples LGBT sont encore trop souvent stigmatisés
Les débats sur l’homosexualité ont été relancés en Arménie, après le suicide de Tigran et d’Arsen. Selon un média local, le couple se serait jeté du haut du pont de Davtachen, dans la capitale arménienne Erevan. Toujours selon les médias locaux, les parents de deux jeunes hommes n’acceptaient pas leur relation.

Avant de commettre leur suicide, Arsen et Tigran ont posté une série de photos sur Instagram. En légende, on peut lire ceci: “Fin heureuse. Les décisions concernant le partage des photos et nos actions futures ont été prises conjointement.” Très rapidement, la publication est devenue virale. Certains internautes ont montré leur soutien au couple, tandis que d’autres n’ont pas hésité à exprimer leur haine et leur dégoût des couples homosexuels. Selon l’association Pink Armenia, qui défend les droits des personnes LGBT, certains seraient même allés jusqu’à encourager d’autres couples gays à mettre à leur tour fin à leurs jours.“Il est inacceptable de justifier de la sorte la perte de vies humaines. Ces jeunes hommes avaient encore de nombreuses années à vivre, mais à cause de l’intolérance à leur égard, ils ont commis l’irréparable”, écrit l’association sur sa page Instagram. “Les personnes LGBT connaissent très bien le sentiment d’être isolées, d’être incomprises par leur famille et par la société. Cette histoire tragique prouve, une fois de plus, qu’en Arménie, les personnes LGBT ne sont pas en sécurité et ne sont protégées ni par la société ni par l’État.”
Droits LGBT en ArménieJusqu’au début des années 2000, l’Arménie suivait encore la législation héritée de l’URSS, dont elle a fait partie de 1920 jusqu’à la chute de l’Union soviétique, en 1991, qui criminalisait les relations anales entre les hommes. Pour intégrer le Conseil de l’Europe, le pays a dû abolir la loi anti-homosexualité. Ce n’est qu’en 2003 que l’Arménie a ratifié le nouveau Code pénal qui met fin à la répression homosexuelle. À titre de comparaison, en Belgique, la dépénalisation de l’homosexualité est actée depuis 1791.
Ce n’est pas pour autant que les relations homosexuelles sont bien perçues par la communauté arménienne. Malgré la dépénalisation de l’homosexualité, la situation n’a que peut changer pour les personnes LGBT, qui ne disposent d’aucune protection légale et dont les droits sont régulièrement violés. Les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles ou transgenres ne peuvent toujours pas se marier, ne peuvent toujours pas adopter d’enfant (qu’elles soient en couple ou non), ne peuvent pas changer de genre, ne peuvent pas avoir recours à une gestation pour autrui ou à une FIV (fecondation in vitro). Les propos homophobes et les discours incitant à la haine en raison de l’orientation sexuelle ou à l’identité de genre des personnes ne sont, par ailleurs, pas pénalisés, en Arménie.

Souare Mansour

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Si vous souhaitez recevoir votre revue de presse par email chaque matin, abonnez ici !