Macron, Bazoum, Ouattara : À l’ONU, le Premier ministre malien règle violemment ses comptes
Le colonel Abdoulaye Maïga, Premier ministre par
intérim du Mali, s’en est violemment pris samedi à la tribune de l’ONU
au gouvernement français, qu’il a qualifié de « junte », ainsi qu’à
plusieurs responsables africains et au secrétaire général de l’ONU.Evoquant
le retrait des militaires français de la force Barkhane du Mali, il a
estimé lors de son discours à l’Assemblée générale des Nations unies que
le Mali avait été « poignardé dans le dos par les autorités françaises ».
« Les
autorités françaises, profondément anti-françaises pour avoir renié les
valeurs morales universelles et trahi le lourd héritage humaniste des
philosophes des lumières, se sont transformées en une junte au service
de l’obscurantisme », a déclaré, trois fois, le colonel Maïga désigné
Premier ministre par intérim en août par le chef de la junte malienne,
le colonel Assimi Goïta.
Accusant
la France de « pratique néocoloniale, condescendante, paternaliste et
revancharde », il a en revanche salué « les relations de coopération
exemplaire et fructueuse entre le Mali et la Russie ».
Le
Premier ministre par intérim a rejeté les déclarations du secrétaire
général de l’ONU Antonio Guterres qui a affirmé, il y a quelques jours
lors d’une interview à RFI et France 24, que les 46 soldats ivoiriens
détenus au Mali depuis début juillet n’étaient pas des « mercenaires »,
contredisant les accusations de Bamako.
« Souffrez
que je vous exprime mon profond désaccord suite à votre récente sortie
médiatique », a lancé le colonel, qualifiant l’affaire de « bilatérale et
judiciaire ».
Alors
que cette affaire a tourné à la crise diplomatique entre les deux pays
voisins, il a estimé que cela « ne (relevait) pas des attributions du
secrétaire général des Nations unies ».
« M.
le secrétaire général, le Mali tirera toutes les conséquences de droit
de vos agissements », a-t-il ajouté, avant de répéter sa demande d’une
réforme de la force de maintien de la paix de l’ONU au Mali, la Minusma,
en cours de revue par l’ONU.
Le
colonel Maïga a également vertement critiqué plusieurs responsables
africains, comme le président nigérien Mohamed Bazoum, qu’il a accusé de
ne pas être nigérien, ou le chef de l’Etat ivoirien Alassane Ouattara,
en décrivant la « manoeuvre » permettant à un président de « conserver le
pouvoir pour lui seul et son clan » en changeant la Constitution pour
obtenir un troisième mandat.
Il
a également accusé le président en exercice de la Cédéao (Communauté
économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), le Bissau-Guinéen Umaro
Sissoco Embalo, de « mimétisme » des Nations unies.
« Il
est important de lui préciser que le secrétaire général des Nations
unies n’est pas un chef d’Etat et le président en exercice de la Cédéao
n’est pas un fonctionnaire. Par conséquent, il serait indiqué qu’il ne
banalise pas la Cédéao », a-t-il déclaré.