À 24h du sommet de la CEDEAO, Doumbouya et Goïta affichent leur unité…
Le chef de la junte
guinéenne est arrivé mercredi au Mali, à la veille de la fête de
l’indépendance de ce voisin également dirigé par des militaires, mais
aussi d’un rendez-vous diplomatique lourd d’enjeux pour les deux pays,
ont constaté des correspondants de l’AFP.
Ce
déplacement du colonel Mamady Doumbouya, le premier hors des frontières
depuis que lui et ses hommes ont pris le pouvoir par la force en
septembre 2021, n’a donné lieu à une communication publique qu’après son
arrivée.
Le
colonel Doumbouya « a été accueilli, avec tous les honneurs, à sa
descente de l’avion présidentiel de la République du Mali, par le
président (Assimi) Goïta », chef de la junte malienne, ont indiqué les
services de ce dernier dans un communiqué qui parle de « visite d’amitié
et de travail ».
Les
autorités maliennes ont envoyé l’avion chercher le colonel Doumbouya à
Conakry. Des photos diffusées par les autorités maliennes montrent les
deux hommes en treillis et béret effectuer le salut militaire.
« Je
suis à Bamako à côté de mon frère, le président Assimi Goïta, pour
fêter l’indépendance du Mali et accompagner le peuple malien, qui est un
peuple frère », dit le colonel Doumbouya cité dans le communiqué.
Le
Mali célèbre jeudi le 62ème anniversaire de son indépendance. Le même
jour doit se tenir en marge de l’Assemblée générale de l’ONU à New York
un sommet extraordinaire de l’organisation des Etats ouest-africains
(Cédéao) qui devrait être principalement consacré à la Guinée et au
Mali.
Le
Mali, à deux reprises, et la Guinée font partie avec le Burkina Faso
des pays de la Cédéao où les militaires se sont emparés du pouvoir au
cours des deux dernières années.
Le
sommet devrait examiner la réponse à apporter au plan des militaires
guinéens de se maintenir pendant trois ans à la tête du pays avant de
céder la place à des civils élus. Le président en exercice de la Cédéao,
le Bissau-Guinéen Umaro Sissoco Embalo, a prévenu mercredi que la
Guinée allait au devant « de lourdes sanctions » si la junte persistait
dans ce dessein.
La
Cédéao a infligé en janvier un sévère embargo commercial et financier
au Mali pour sanctionner le projet des militaires de rester au pouvoir
jusqu’à cinq années supplémentaires. La junte dirigée par le colonel
Assimi Goïta s’est depuis engagée sous la pression à organiser des
élections en février 2024, et la Cédéao a levé l’embargo.
Mais le Mali et la Guinée reste suspendus des organes de la Cédéao.
En
ce qui concerne le Mali, c’est surtout le sort de 46 militaires
ivoiriens arrêtés le 10 juillet à leur arrivée à Bamako et détenus
depuis qui devrait occuper la Cédéao. L’affaire a encore dégradé les
relations déjà tendues entre Bamako et Abidjan.
La
junte malienne qualifie ces soldats de « mercenaires » et les accuse
d’avoir voulu attenter à la sûreté de l’Etat. La Côte d’Ivoire assure
qu’ils venaient en mission pour l’ONU et dénonce « une prise d’otage ».
Les
autorités guinéennes avaient été parmi les rares à se solidariser avec
le Mali face aux sanctions, et avait maintenu les frontières ouvertes.