Burkina: une figure de la société civile écrouée pour « outrage au chef de l’Etat »
Une figure de la société civile burkinabé a été inculpée et incarcérée pour « outrage au chef de l’Etat », le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, après une publication sur les réseaux sociaux, ont indiqué mercredi à l’AFP des sources judiciaires et de son entourage.
« M. Kambou Mathias Ollo, après avoir été longuement auditionné à la brigade de lutte contre la cybercriminalité, a été déféré hier (mardi) soir à Maco », la maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou, a déclaré à l’AFP un de ses proches.
« Il a été formellement inculpé pour outrage au chef
de l’Etat par le procureur du Faso qui a également décerné un mandat de
dépôt contre lui », a indiqué à l’AFP une source judiciaire proche du
dossier.
Cette inculpation est liée à la publications de propos critiques par le militant sur les réseaux sociaux.
Figure
du Balai citoyen, un mouvement très en pointe lors des manifestations
contre le régime du président déchu Blaise Compaoré, M. Kambou, surnommé
le « général Kamao » avait été interpellé lundi par la Brigade de la
recherche de la gendarmerie, après une émission télévisée à laquelle il
avait été invité comme représentant de la Mobilisation des intelligences
pour le Faso (MiFa), dont il est également membre.
Son interpellation a suscité de vives réactions de la part des organisations de la société civile, y voyant « un coup porté à la liberté d’expression » par le pouvoir militaire.
« L’enlèvement, la détention arbitraire du citoyen Kambou Ollo Mathias menacent les libertés chèrement conquises par notre peuple et interpellent tous les Burkinabè », a écrit dans un communiqué le coordonnateur du Front Patriotique, Germain Bitiou Nama, exigeant sa » libération immédiate et la fin des velléités liberticides ».
Pour Serges Bayala, membre du Balai citoyen, « le
véritable outrage au chef de l’Etat est fait par les terroristes qui
assiègent une grande partie du territoire, sans être inquiétés », faisant
allusion à de récentes attaques meurtrières.
Mardi,
au moins neuf personnes, sept civils et deux soldats, ont été tuées
lors de deux attaques distinctes de jihadistes présumés, qui ont visé
des civils et une patrouille militaire, dans le nord du pays.
Le
président de la transition, le lieutenant-colonel Damiba, arrivé au
pouvoir fin janvier à la faveur d’un putsch, avait salué dimanche une
« relative accalmie » dans plusieurs localités.
Le Burkina Faso, où les militaires putschistes ont promis de faire de la lutte anti-jihadiste leur priorité, est confronté comme plusieurs pays voisins à la violence de mouvements armés affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique.