Afrique du sud : Quand des militants anti-étrangers campent devant un hôpital pour interdire l’accès aux immigrés
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a condamné mardi au Parlement de récentes opérations de militants anti-étrangers, devant un hôpital de la capitale Pretoria, empêchant l’accès à des personnes sur la base de la couleur de leur peau et de leur langue.
« Les actes de non-droit, d’intimidation et d’humiliation visant des ressortissants étrangers, qu’ils aient ou non des papiers, ne peuvent être tolérés », a déclaré le chef d’Etat lors d’une séance de questions des députés retransmise à la télévision.
Un mouvement baptisé
Opération Dudula, « refouler » en zoulou, est actif depuis le début de
l’année dans le pays. Ces militants ont notamment organisé des
manifestations pour chasser les étrangers qui selon eux « volent le
travail des Sud-Africains ».
Ces
dernières semaines, certains de leurs membres se sont postés devant
l’hôpital Kalafong à Atteridgeville, un township dans la banlieue de
Pretoria. Ils ont bloqué les patients à l’entrée « en fonction de la
couleur de leur peau et de la langue qu’ils parlent », a condamné le
gouvernement dans un communiqué mardi, qualifiant cette opération
d' »atteinte aux droits humains fondamentaux ».
En Afrique du Sud, l’accès aux soins est un droit garanti par la Constitution, indépendamment de la nationalité.
Les Sud-Africains ne
sont pas « xénophobes », a martelé M. Ramaphosa, ajoutant que les
autorités se chargent de mener des opérations pour lutter contre
l’immigration clandestine.
Selon les militants anti-étrangers, l’afflux de migrants met le système de santé sous pression et affecte la qualité des soins.
Une
vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux a déclenché leur action.
Les images montrent un responsable provincial du ministère de la Santé
reprocher vigoureusement à un Zimbabwéen de chercher à bénéficier de
soins en Afrique du Sud.
L’ambassade du Zimbabwe à Pretoria a condamné ce comportement , disant avoir regardé la vidéo avec « stupeur et incrédulité ».
Près
de quatre millions d’étrangers sont présents sur le territoire, selon
les statistiques officielles. Mais ce chiffre est considéré comme
largement sous-estimé.
La
première puissance industrielle du continent, régulièrement en proie à
des violences xénophobes, attire de nombreux migrants africains mais
lutte contre un taux de chômage à environ 35%.