Campagne électorale : Quand YAW instrumentalise l’homosexualité pour dénigrer Benno

Campagne électorale : Quand YAW instrumentalise l’homosexualité pour dénigrer Benno

La question de l’homosexualité sera-t-elle le thème centrale de la campagne de la coalition Yewwi Askan Wi ? Tout semble indiquer que oui…Ousmane Sonko, Barth et Cie semblent considérer cette thématique comme le talon d’Achille de la majorité sortante. Et sur les réseaux sociaux, leurs militants amplifient cette campagne de communication pour stigmatiser BBY comme une coalition  pro-gay.

Voilà trois jours que la campagne électorale a démarré, en vue des élections législatives. Les coalitions en lice mettent en œuvre des programmes divers. Pour le début, la plupart ont préféré rendre visite aux chefs religieux afin, selon eux, de recueillir leurs prières.

Côté discours, ce n’est pas encore le temps des sorties incendiaires. Pour le moment, certaines coalitions, notamment de l’opposition,  ont décidé de consacrer l’essentiel de leur communication à déceler les insuffisances de la majorité sortante. Si certaines comme AAR Sénégal axent leur stratétégie sur des sujets comme la gestion du foncier ou le pouvoir d’achat, d’autres comme Yewwi Askan Wi mettent en avant le fait que la majorité sortante a rejeté la proposition de loi criminalisant l’homosexualité.

Dans une vidéo publiée le premier jour de la campagne, Barthélémy Dias, maire de Dakar et tête de la liste départementale pour la coalition Yewwi Askan Wi, donne le ton. S’adressant aux Dakarois, il leur rappelle que les députés de Benno Bokk Yakaar avaient refusé de voter la loi criminalisant l’homosexualité sans faire plus de commentaire. Après cette sortie de l’ex Président des Jeunesses socialistes, les militants de YAW, très actifs sur les réseaux sociaux, notamment Facebook, embouchent la trompette de la dénonciation de ce prétendu agenda pro gay de la majorité sortante.

“Stratégie payante lors des locales,  Bacaray Domingo Mané

Cette polarisation sur l’homosexualité n’est pas une nouveauté.  Plus loin dans le temps, le 12 mars 2022 plus précisément, Ousmane Sonko avait, à travers une série de tweets promis de matérialiser la volonté de And Samm Jikko Yi.

Si je suis élu président du Sénégal, la loi criminalisant l’homosexualité sera l’une des premières que je ferai voter. #Burok— Ousmane Sonko (@SonkoOfficiel) March 12, 2022
Le leader de Pastef réaffirme, de nouveau, son engagement à lutter contre l’homosexualité lors de l’Assemblée générale de Yewwi Askan qui s’est tenue ce mercredi 13 juillet.

Cette démarche rentre dans la logique politique et c’est de bonne guerre selon Bacary Domingo Mané, professeur en communication politique. « Il faut relever que nous sommes en campagne électorale et que tous les théoriciens de la communication ont toujours montré que l’adversaire c’est quelqu’un à abattre, quelqu’un qu’on ne peint jamais en blanc, donc c’est normal pour Yewwi de relever dans sa communication le fait que Benno ait refusé de criminaliser l’homosexualité d’autant plus que ce discours a déjà convaincu certaines personnes lors des élections locales ».

En outre, renchérit le sieur Mané, « Benno Bokk Yakkar est discrédité dans la mesure où son discours sur l’homosexualité reste encore flou et la position de la majorité sortante au moment de la proposition de la loi n’arrange pas du tout pas les choses ». Ce qui pourrait rendre dubitatif certains électeurs même si, le journaliste reste prudent : « Il n’est pas garanti que ce discours puisse convaincre tout le monde, par contre, certains, notamment les croyants pourraient l’accueillir de manière positive».

En tout état de cause, la prudence devrait être de mise sur cette question. Raison pour laquelle, certains leaders, même appartenant à l’opposition, refusent de se prononcer sur la question. Par ailleurs des spécialistes réclament un discours allant dans le sens de présenter un programme de législature mais aussi un programme de gouvernement. En cas de cohabitation, l’opposition devra mettre en place, de concert avec le président de la République, un gouvernement.

En sus, d’après Bacary Domingo Mané, les discours doivent beaucoup plus être orientés sur les lois que le nouvel hémicycle compte voter. « Lorsqu’on parle d’hémicycle, c’est une Assemblée Nationale qui va voter des lois, mais des lois qui auront un impact sur le le quotidien des Sénégalais. A partir de ce moment-là, le type de discours qu’il faut articuler, c’est celui qui va mettre l’accent sur les propositions de loi c’est-à-dire celles que les acteurs vont proposer et qui seront de nature à changer le quotidien des populations. Des propositions de lois qui vont aider à relancer l’économie, régler la question du foncier, les problèmes de la pêche entre autres ».

Le spécialiste milite en outre pour une Assemblée de rupture qui va jouer pleinement son rôle notamment celui de contrôle de l’action gouvernementale et qui ne se contentera pas seulement de voter les projets de loi. 

Souare Mansour

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