Code électoral : Antoine Diome en cinq réformes majeures
Le ministre de l’Intérieur a mené à terme, en moins d’un an, ces changements des règles des élections. Malgré les contestations relevées du côté de l’opposition, ces évolutions ont fait l’objet de consensus issus de larges concertations avec les acteurs du jeu politique. Retour sur ces avancées démocratiques.
1. Election des maires au suffrage universel direct
En
juillet 2021, l’Assemblée nationale a adopté un projet majeur de
réforme du Code électoral. La principale innovation est l’élection au
suffrage universel direct des conseillers municipaux et départementaux,
le maire et le président du Conseil départemental compris.
Mais
malgré le consensus obtenu en amont, au sein de la commission politique
du Dialogue national, les débats furent houleux à l’Hémicycle.
L’opposition regrettait, notamment, la non prise en compte de certaines
de ses revendications telles l’utilisation du bulletin unique pour la
présidentielle ou la mise sur pied d’un organe indépendant pour
l’organisation des élections.
C’est
sur la base de ce Code électoral remanié que se sont tenues les
élections locales du 23 janvier dernier au cours desquelles l’opposition
a remporté de nombreuses grandes villes : Dakar, Thiès, Ziguinchor,
Kaolack et Diourbel, notamment.
2. Adoption du montant de la caution pour les locales
Le
montant de la caution pour les différentes élections est un sujet
majeur de division entre la majorité et l’opposition. Pour les dernières
locales, le ministère de l’Intérieur, Antoine Diome, avait convié les
acteurs du jeu politique à une rencontre dans le but de recueillir les
différentes positions.
Lors
des concertations, l’opposition avait proposé une caution fixée à 5
millions de francs CFA. Le pouvoir, pour sa part, souhaitait que le
montant soit porté à 20 millions.
Le
ministre de l’Intérieur avait coupé la poire en deux, en août 2021, en
établissant le montant à 15 millions pour chaque scrutin des élections
locales (municipales et départementales).
La
majorité avait salué un filtre de «protection du système électoral»
alors que l’opposition pointait un «glissement vers une démocratie
censitaire».
Malgré
ses positions divergentes, les Locales se tiendront dans des conditions
majoritairement saluées par les acteurs, notamment des organisations
indépendantes.
3. Réduction du nombre de députés de la liste nationale
Sous
la houlette du ministre de l’Intérieur, Antoine Diome, un groupe de
députés de tous bords (majorité, opposition, non-alignés), se sont
entendus pour l’augmentation du nombre de députés, qui devait passait de
165 à 172. Les raisons invoquées étaient l’érection de KeurMassar en
département et la poussée démographique dans d’autres localités comme
Thiès et Mbour.
Malgré
ce consensus obtenu au terme de quatre rencontres entre le ministre et
les acteurs concernés, le projet de réforme a été rejeté par les députés
en plénière, le 15 avril. Mais afin d’accorder deux sièges à KeurMassar
et renforcer la représentativité à l’Assemblée nationale de localités
ayant atteint ou dépassé le seuil de 170 000 habitants, qui donne droit à
deux députés, le groupe de la majorité introduit aussitôt un
amendement.
Celui-ci
sera adopté. Il permet de retirer sept unités des sièges à pouvoir du
scrutin proportionnel (60) pour les affecter au majoritaire. Ainsi, à
partir des législatives du 31 juillet prochain, 112 députés dont 15
issus de la Diapora seront élus au scrutin majoritaire à un tour, et 53
au scrutin proportionnel, sur la liste nationale.
Une
semaine après le vote de la loi, un groupe de 17 députés (majorité,
opposition et non-alignés) saisissent le Conseil constitutionnel pour
obtenir son annulation. Mais leur requête sera rejetée le 29 avril
dernier par les 7 sages.
4. Adoption du montant de la caution pour les législatives
La
caution pour les législatives du 31 juillet prochain a été fixée à 15
millions de francs CFA. Le même montant était exigé des candidats lors
de la précédente course pour l’Assemblée nationale (2017).
Le
ministre de l’Intérieur a tranché la question le 3 mars dernier après
avoir consulté la majorité, l’opposition ainsi que les non-alignés. Les
premiers avaient proposé le maintien des 15 millions tandis que les
seconds demandaient une baisse de dix millions de la somme.
Même
si aucun chiffre ne l’atteste, d’aucuns établissent la causalité entre
le montant de la caution et le parrainage, d’une part, et la forte
baisse du nombre de listes de candidats pour les législatives, d’autre
part.
Celui-ci
est en effet passé de 47 à 15. Ce qui, selon certains spécialistes,
facilite l’organisation matérielle du scrutin et dégage la visibilité
des électeurs.
5. Introduction du tirage pour le dépôt des listes des législatives
Jeudi
5 mai, les acteurs politiques ont retenu le tirage au sort comme mode
de détermination de l’ordre de passage au niveau de la Direction
générale des élections (DGE) pour le dépôt des listes. Les vingt-cinq
partis, coalitions et indépendants en compétition ont été répartis en
deux groupes de dix et un de cinq. Les trois lots devaient passer tour à
tour les 6, 7 et 8 mai.
Cette
innovation de la DGE a été applaudie par la société civile. «Il faut
saluer cette démarche de la Direction générale des élections», s’est
incliné dans Sud Quotidien le secrétaire général du Groupe de recherches
et d’appui à la démocratie participative et la bonne gouvernance
(Gradec), AbabacarFall.
L’expert
électoral a ajouté : «La (DGE) a tiré les leçons du dépôt des
candidatures au Conseil constitutionnel en 2019, d’abord. Ensuite, elle a
été attentive aux complaintes des acteurs (pour) voir des améliorations
s’opérer dans le système de réception et de contrôle.»