ffondrements de bâtiments au Sénégal : Chantiers ‘’cent’’ coupables!!!
Les chiffres des bâtiments à démolir font froid
au dos. Les immeubles où dalles qui se sont effondrés ont fait beaucoup
de victimes. Les décombres des bâtiments sont encore présents sur les
lieux des drames. Des familles pleurent encore leurs morts et des
victimes traînent à jamais les séquelles. Et pourtant, l’Etat traîne
encore le pas quand il s’agit de démolir des immeubles. Seneweb fait
focus sur les causes multiples des drames nés de ces effondrements de
bâtiments et constructions pas souvent aux normes.
Spéculation
foncières, litiges fonciers, les conflits autour des terres et terrains
au Sénégal, ont plusieurs noms. Dakar la capitale étouffe, les bâtisses
poussent comme des champignons. Paradoxal constat dans un pays où le
nombre de pauvres est estimé à près de six millions. Autre constat, les
immeubles s’effondrent à tout-va. Les victimes de ces calamités se
comptent au pluriel. Les responsabilités très rarement situées. Par
estimation, Cent coupables, au tableau des sanctions, sans coupables. La
question demeure, où se situe la responsabilité. Malgré les enquêtes et
autres dénonciations, le suivi ne se fait pas. L’Etat prononce la
sentence mais ne procède pas souvent à l’exécution. La population
résiste et fait face au mal (Immeubles en ruine), faute de moyens. Cela,
jusqu’au jour où l’irréparable se produit.
Beaucoup
d’immeuble se sont effondrés, à cause des manquements nommés entre
autres, défauts d’étanchéité, d’enrobage des armatures et d’entretien,
de la mauvaise qualité des matériaux et la mauvaise technologie de
construction, les surcharges dues à une accumulation en eau de pluie en
terrasse ajouté au manque de professionnalisme des ouvriers. De la même
manière, il y a 1.446 bâtiments menaçant ruine à travers le pays. Selon
le dernier rapport des gouverneurs de régions cité par le secrétaire
général du ministère de l’Intérieur, ils seront encore plus nombreux
dans les prochains mois et années si la situation n’est pas maîtrisée.
Pour le ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique,
la validation du rapport de la commission technique sur l’audit général
des bâtiments, matériaux et systèmes de construction pour une mise aux
normes, marque un nouveau tournant dans cette vaste dynamique
d’amélioration continue et de la promotion de la politique de l’habitat
et de la construction.
«Au-delà
du diagnostic sans complaisance qui a été fait et qui, de par sa portée
institutionnelle et instructive, permettra de mieux cerner la
problématique d’effondrements de bâtiments, les recommandations fort
utiles formulées dans ce rapport, si elles sont mises en œuvre,
renforceront la qualité, sécurité et durabilité des constructions
autorisées» selon le Abdoulaye Saydou Sow. Il a demandé la révision du
code de l’Urbanisme et de la construction à travailler en droite ligne
avec la commission technique sur l’audit général des bâtiments pour la
prise en charge de la qualité et sécurité. S’agissant de la
problématique des ressources humaines, il a aussi promis des solutions.
Conseil architectural et de l’urbanisme, une nécessité quasi-inexistante…
Il
y a beaucoup d’erreurs dans la construction. D’abord il faut une
planification, autrement l’urbanisme doit déterminer les lieux où il
faut construire, par exemple, tenir compte des inondations, des zones
d’eaux. Il y a ensuite la conception, comprendre comment il faut que la
construction soit en conformité avec les besoins du propriétaire, il
faut réfléchir jusqu’à la manière de vivre dans la maison, explique sans
relâche Mbacké Niang, architecte. Il y a des rôles et des
responsabilités à des niveaux différents clame-t-il. Il faut une
assistance architecturale, il faut un conseil architectural et de
l’urbanisme; autrement, il faut que ce service soit créé pour que même
ceux qui n’ont pas d’argent puissent aller voir un conseil dans ce
service, insiste toujours l’architecte. « En France, ce service existe
dans chaque département. Au Sénégal ça devait être le cas, à l’image
des avocats commis d’office. L’État n’a pas les moyens de sa politique
même en termes de ressources humaines. Il faut un renforcement des
ressources humaines ». Un certificat d’urbanisme, un permis de
construire, un certificat de conformité et de démolition sont des
documents que l’Etat exige mais ne suit pas à la lettre. La
responsabilité est collective.
Les faux-experts…
Le
secteur du bâtiment souffre aussi d’enjeux énergétiques,
environnementaux durables, de non-respect des lois sur les bâtiments par
ces chefs de chantiers qui inondent le milieu. Les effondrements, les
décès et un accroissement important des immeubles mal construits,
occupations anarchiques de l’espace public. (A chaque fois qu’on lit sur
une construction « arrêt Dscos », c’est qu’il y a problème. Mais
devrait-on en arriver là si, le circuit normal était suivi »?
S’interroge un chef de chantier à Yoff virage. Selon lui, il y a une
déclaration d’ouverture des chantiers mentionnant la nature des travaux
qui est cherchée au niveau des mairies pour ne citer que ces documents.
Dans le même sillage, sur la construction en tant que telle, Il y a un
tonnage à respecter. Les dalles doivent avoir des étanchéités et éviter
que l’eau de pluie reste et devient plus tard une cause
d’effondrement. « Il y a aussi le problème des budgets. En fait, au
Sénégal, les propriétaires de maison ont tendance à construire une
partie. Parfois ils habitent même et continuent de construire alors
qu’en réalité, on commence par la toiture avant le mur. C’est le
contraire au Sénégal » notifie Mbacké Niang. Qui ajoute qu’il faut,
qu’on introduise la construction en bois et en métallique comme aux USA.
Chez nous, on pense que plus on met du béton, plus c’est dur alors que
nous devons avoir l’habitude de dalles légères. Le béton c’est dans les
fondations et les noyaux des immeubles qu’il doit être selon lui. Mieux,
« Toutes les constructions, et principalement les constructions de
bâtiments simples et d’immeubles d’habitations, nécessitent
l’intervention d’un grand nombre de spécialistes de techniques très
variées. Les uns apportent l’essentiel (Fondations, murs plancher et
charpente) d’autres les équipements (plomberies, sanitaires,
électricités domestiques, climatisations, menuiserie) et d’autres en fin
de finition (plâtres) entre autres » lit-on dans le document intitulé, «
Module de formation en maçonnerie pour le génie militaire de l’Armée
sénégalaise (du 12 juin au 24 août 2017 – Technique de construction)
présentée par Dethié Faye, formateur au G15. Seulement, les faux experts
ignorent tout cela et sont plus nombreux sur le marché, clame-t-on.
L’Etat connaît les causes mais…
L’Etat
connaît les causes des effondrements pour avoir commandité une enquête
sur la question. La restitution est récente. Seulement les spécialistes
avaient déjà donné le ton. L’Architecte Mbacké Niang sur un plateau de
télévision semblait être dans les secrets des résultats de cette enquête
publiée pourtant bien après sa sortie. « On connaît les causes, mais on
n’intervient pas à tous les niveaux. On répertorie les bâtiments à
démolir mais on ne le fait pas à temps » avait-il dénoncé en revenant
largement sur les normes de construction. « L’Etat connaît exactement où
il faut construire et où il ne faut pas. Il y a des responsabilités à
chaque niveau. Le propriétaire qui construit un immeuble à usage
d’habitation qu’il finit par louer à une école ne suit pas les normes.
Il en est de même pour celui qui, à la base devait construire un
immeuble à un étage mais, qui en rajoute un chaque fois qu’il en a les
moyens. Les gens ont fini par penser qu’une seule autorisation de
construire suffit pour continuer sur plusieurs années à construire. Et
c’est là que le caractère répressif de l’Etat doit intervenir. Il faut
que les gens le comprennent comme ça et ne pensent pas que l’Etat
cherche à les empêcher d’évoluer » a aussi clamé Amadou Thiam, directeur
général de la construction et de l’habitat au Sénégal.
Abdoulaye Saïdou Sow met à nu la léthargie de l’Inspection générale des bâtiments (IGB)
Il
est surnommé le démolisseur depuis la sortie de l’enquête par une
certaine presse. Seulement il y a encore du chemin avant d’en arriver
là. L’inspection générale des bâtiments (igb) est invitée à faire son
travail. L’entité doit travailler en synergie avec les maires et les
contrôleurs du bâtiment à travers le pays, a dit le ministre. En effet,
les conclusions du rapport général sur les effondrements de bâtiments
sont claires. Les menaces sont réelles mais il faut aussi attendre
selon le ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique
que le Chef de l’Etat apprécie. Mieux, tous les acteurs se trouvant sur
la chaîne de construction, seront associés au débat. Abdoulaye Saïdou
Sow a instruit le comité mis en place à cet effet, de se réunir tous les
trois mois afin de travailler en amont sur les risques de ruine et
d’effondrements de bâtiments à travers le pays. Selon lui il y a une
léthargie, ceux qui doivent communiquer ne le font pas. Et c’est le
ministre ou le Chef de l’État qui est interpellé. « Occupez les médias
en cas de situation de catastrophes. Le débat est partout, il faut
sortir de vos coquilles de haut commis de l’Etat» instruit le ministre à
ses services.
Effondrements d’immeubles : retour sur quelques drames
Nombreux sont les drames nés des effondrements de bâtiments en 2021.Le
plus en vue, un immeuble de deux bâtiments contigus qui s’est effondré
dans la nuit de vendredi à samedi 02 octobre. Les faits se sont
déroulés à Darou Salama, un quartier de la Rocade Hann-Bel Air, près de
Colobane, à Dakar, provoquant au moins deux morts, dont un garçon de 5
ans. De nombreux blessés sont enregistrés dans cet accident survenu aux
environs de 3 heures du matin. Ils sont toutefois incapables d’en
préciser le nombre. Plusieurs membres d’une grande famille qui habitait
l’un des bâtiments ont pu sortir indemnes de l’accident. Des dizaines
d’agents des sapeurs-pompiers sont arrivés sur les lieux de l’accident,
quelques heures après le drame, pour tenter de sortir les victimes des
décombres. Plus de 5 heures après le début des opérations de secours,
les sapeurs-pompiers continuaient de s’affairer en fin de matinée, pour
secourir les dernières personnes restées sous les décombres. Cela,
devant le regard impuissant de parents et proches qui étaient là,
debout, ne pouvant rien faire sans savoir si les leurs proches étaient
morts ou vivants sous le poids des décombres.
Une
dalle s’affaisse sur une famille à Dalifor. Un couple et leur fille
âgée de 11 ans sont morts suite à l’effondrement de la dalle de leur
maison qui menaçait ruine. Le drame est survenu à 4 heures du matin, à
la cité Belvédère. En effet, c’est la partie de la dalle au niveau du
salon qui s’est affaissée sur les trois personnes. Les trois corps sans
vie ont été extirpés des décombres par les sapeurs-pompiers. Alertée, la
police est venue sécuriser les lieux. La maison où vivaient les défunts
était en état de délabrement très avancée, Elle a été prêtée au couple.
Selon les témoins, dans les débris, le couple gisait. Quelques parties
de leurs corps sont aperçues mais rien ne renseigne sur leur état. Des
voisins stupéfaits essayent tant bien que mal de libérer la famille qui
leur a dit bonsoir la veille en rentrant. Ils n’étaient pas sous la
masse mais souffraient d’une impuissance face à l’envie de les libérer.
Les sapeurs ne répondaient pas en début de matinée. Quand ils ont fini
par répondre, ils ont mis du temps. La police aussi était sur les lieux
pour assurer la sécurité. Les faits remontent au mois de juillet.
En
novembre 2020 une dalle d’un immeuble de deux (2) étages s’est
effondrée à la Médina, un quartier de Dakar. Un mort et un blessé, un
enfant âgé de 2 ans qui a succombé à ses blessures. Aussi, l’oncle qui
voulait sauver son neveu est blessé gravement. En effet, les Ba,
témoigne une voisine du nom de Amy Gningue restée dehors jusque tard la
nuit, leur grand-mère tenait un petit commerce pour faire vivre la
famille. La nuit, il attendait les clients jusqu’à 2 heures. Au moment
où la maman du défunt faisait entrer un de ses enfants, le toit est
tombé sur la plus petite qui était couchée seule dans la rue ». Et
pourtant, renseigne-t-on, le bâtiment menaçait ruine depuis. Le
propriétaire avait même demandé, il y a deux ans, aux occupants de
quitter la maison pour leur sécurité (…) ».