Fréquence des accidents, défaut de permis, vols à l’arraché : Quand les scootéristes roulent contre tous

Fréquence des accidents, défaut de permis, vols à l’arraché : Quand les scootéristes roulent contre tous

L’attitude de beaucoup de scootéristes dans les grandes artères de Dakar est de plus en plus déplorée par les usagers. Entre conduite à hauts risques, irrégularité, sans parler de l’infiltration des agresseurs, ces conducteurs sèment la panique sur les routes et dictent leur loi aux autres chauffeurs, mais aussi aux piétons qui oscillent entre indignation et ébahissement.

La scène est habituelle. Ça ne roule presque pas sur les deux voies du Front de Terre, le samedi dans la soirée. La file de voitures ne bouge presque pas. Les embouteillages sont monstres. Entre les files, les conducteurs de moto se faufilent. Tous sont pressés. Sur cette artère, on croise des jeunes qui ont adopté ce moyen de déplacement comme Moussa Ndiaye. Il s’affiche fièrement sur son scooter. C’est l’effet de mode chez une catégorie de jeunes. « C’est une nouvelle tendance pour nous scootéristes.  Il y a une concurrence qui consiste à se prévaloir ou de se dire j’ai le scooter le plus cher, le plus en vogue ou la marque la plus chère », a dévoilé Moussa Ndiaye.

Entre eux, ils ne se font pas de cadeaux. C’est une rivalité à tous les niveaux y compris le réflexe d’éviter un coup de volant d’un automobiliste ou encore le passage entre deux voitures qui ne laissent presque pas d’espace entre elles.  « Je conduis mieux que toi ou je suis plus rapide que toi dans les embouteillages », rembobine-t-il avant d’ajouter : « d’ailleurs, on ne discute que de cela quand nous sommes entre copains. Certains vous disent que je n’ai fait que 15 mn pour aller d’un endroit à un autre », raconte le jeune homme avant de redémarrer en trombe. L’insouciance est le tableau de bord de beaucoup de conducteurs d’engins. C’est seulement un accident qui peut les freiner. C’est du moins l’avis d’un jeune qui a été alité pendant deux mois. Son histoire ressemble à celle de plusieurs victimes d’accident de moto. Il voulait doubler un taxi qui était aussi en train de faire un dépassement. L’accident a eu lieu,  un jour de lundi, à Pétersen, en plein jour. Il en a tiré des enseignements et prodigue des conseillers à

Contrairement à Moussa Ndiaye, Alioune Diop n’est pas en phase avec cette nouvelle donne adoptée par les jeunes scootéristes. Le principe de prudence doit guider les gestes et les comportements de toutes personnes qui empruntent les motos. « Il faut être irresponsable pour se comporter de la sorte. C’est pour cela qu’il les invite à plus de vigilance. Même si j’ai oublié mon casque à la maison, je me comporte correctement sur les routes en respectant l’ordre normal des choses qui est le respect du code de la route», prêche Alioune Diop. Toutefois, il ne jette pas la pierre uniquement sur le dos des conducteurs de scooter. Pour lui, les responsabilités sont partagées car beaucoup d’automobilistes ont cessé de se référer au code de la route depuis belle lurette.   

Des engueulades  

Au marché Dior des Parcelles Assainies, une dame d’une forte corpulence croisée sur les lieux n’est pas d’avis avec notre dernier interlocuteur. Sous le couvert de l’anonymat et bien installée dans sa voiture, elle met les scootéristes au banc des accusés.  «  Cela fait 8 ans que je conduis. Je demande aux conducteurs de scooter de faire preuve d’attention. Car, lorsqu’il y a accident, ils n’ont pas souvent raison », dénonce cette femme. Elle a eu à plusieurs reprises des prises de gueule avec les scootéristes.  « J’ai une altercation avec les taxis, clandos et automobilistes, mais avec les scooters, c’est trop. Ils exagèrent trop et dépassent les limites. La dernière fois, un scootériste a cassé mes rétroviseurs. Il m’a supplié de lui pardonner », se souvient la dame. Pour elle, c’est bien que l’Etat prenne des mesures, mais c’est mieux de sensibiliser et surtout de contrôler les permis.

Confessions des victimes d’accident

Victime d’accident, le journaliste sportif Abdoul Aziz Watt embouche la même trompette. « La façon dont ils conduisent, c’est imprudent. Ils sont pressés de déposer les clients, ils ne respectent pas le code de la route par conséquent, il y a beaucoup d’accidents. Souvent, ce sont des jeunes qui conduisent des motos. Ils font la course sur les routes », fustige-t-il.

Les victimes des accidents impliquant ces motos ne se comptent plus. Beaucoup traînent des séquelles et se souviennent avec détail des circonstances des actes qui ont changé le cours de leur vie. « On devait rallier la commune Serigne Diané,  dans le département de Fatick. Je suis en partie responsable parce que les chaussures que j’avais portées  n’étaient pas bien ajustées. En plus je n’étais pas bien accroché. Lorsque je suis tombé et j’avais du mal à me relever et puis j’ai eu des vertiges. Par la suite, je suis allé à l’hôpital pour faire la radiographie qui avait révélé qu’il n’y avait pas de fracture. Mais j’ai toujours des douleurs. Je ne peux pas pratiquer du sport, je ne peux rester assis longtemps encore moins marcher sur une longue distance », narre-t-il. Pour ce journaliste, il n’y a pas mille solutions. La réduction des occurrences des accidents passe par le respect du code de la route. C’est alors, à l’Etat de veiller au respect scrupuleux de ces textes.  «  Je recommande vivement à l’Etat du Sénégal d’ordonner les policiers de faire des check-points pour arrêter ceux qui ne sont pas en règle », préconise le journaliste qui pense qu’il faut accentuer la sensibilisation auprès des Asc.

Un mauvais procès !

Abondant dans le même sens, Ndao Taximan réclame des sanctions contre les conducteurs des scooters. Selon ce chauffeur, les scootéristes sont la cause principale de nombreux accidents. « À force de vouloir emporter les biens d’autrui, bon nombre de scootéristes roulent à vive allure. Je pèse bien mes mots, car j’ai été témoin d’un vol à l’arraché. En général, ils sont deux, et ce jour, le scootériste a arraché le téléphone d’une jeune fille. Mais c’est en courant, qu’il a été alpagué, car en ce moment, je traversais l’intersection et il s’est coincé sur moi. Du coup, cela a permis de les attraper»,  témoigne le  taximan. Il affirme que beaucoup d’entre eux ne sont pas en règle et ne respectent pas les feux de signalisation. La liste des griefs est loin d’être exhaustive.

Souare Mansour

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