Fatima Dione, Adji Sarr-Sonko, violences contre les femmes : Fatou Warkha Sambe livre ses vérités
Trentenaire et journaliste de formation,
la militante féministe, Fatou Warkha Sambe a fait de la lutte contre
les violences faites aux femmes et les viols, son combat de tous les
jours. A travers sa chaîne Warkha Tv, elle dénonce et fait dénoncer ces
faits qui sont devenus récurrents dans notre société. Elle mène ce
combat depuis quelques années, en solo et parfois en groupe à travers
l’association « Dafa Doyy », dont elle est la vice-présidente. Les
accusations de viol de Adji Sarr contre Sonko, l’affaire de la Miss
Sénégal 2022, Fatima Dione, l’ont propulsé au devant de la scène.
Rencontre.
Interpellée,
sur le dernier rebondissement concernant, l’affaire de la Miss Fatima
Dione (Ndlr : la brigade des mœurs de la Sûreté urbaine, après trois
mois d’enquête, a conclu qu’il ny’aurait pas eu de viol) , elle avoue : «
Moi, personnellement en tant que militante féministe, à chaque fois
qu’il y a une personne qui dit être victime de viol ou de violence, je
la soutiens jusqu’à preuve du contraire. C’est une question de principe.
En tant que féministe, nous faisons partie de ceux qui pensent qu’on
doit donner du crédit à la parole des survivantes, à celles qui disent
être victimes. On doit les accompagner tout en sachant, maintenant que
le dernier mot revient à la justice, à la loi. Nous sommes dans une
société patriarcale qui fait qu’à chaque fois qu’il ya une survivante de
violence ou de viol qui s’exprime, la question que l’on se pose est
souvent : « Qu’est ce que tu faisais là-bas ? Pourquoi y es tu allée ?
».
La
chroniqueuse dénonce la forme de suspicion dont sont souvent sujettes
les victimes de violences sexuelles : « on cherche toujours à
culpabiliser les personnes victimes de violence. Et c’est ce qui
encourage aujourd’hui ces cas de violence. Il y a des milliers et des
milliers de femmes qui ont été victimes et qui n’osent pas parler”.
« Toute personne qui crie violence doit être soutenue »
De
l’avis de Fatou Warkha Sambe, toute personne qui crie violence ou viol,
doit être soutenue de facto sans aucun préjugé sur son profil. « Peu
importe la personne. Quand je décide de soutenir ou de croire à la
parole d’une survivante, je ne regarde pas son profil, je ne regarde pas
qui elle est en réalité, qu’elle soit Miss ou autre chose, ça ne
m’intéresse pas. Ce qui m’intéresse, c’est qu’elle soit une femme. C’est
ce qui explique que Miss Sénégal 2020 ou toute autre personne qui dit
avoir été victime, a mon soutien », dit-elle sans ambages.
Concernant
le cas de Fatima Dione, elle confie n’avoir pas regretté d’avoir
soutenu la miss : « On attend toujours le dernier mot dans cette
affaire. Mais je pense que dans tous les cas, elle est victime, car
elle s’est retrouvée avec une grossesse qu’elle n’a pas désirée, dans
une situation qu’elle n’a pas voulue. Et quand elle en a parlé, tout est
retourné contre elle. Les gens ont commencé à dire toutes sortes de
choses. Ce qui en fait une victime».
Malgré
son engagement et militantisme, elle demeure consciente que l’on ne
doit pas porter des accusations de viol à la légère : « On ne peut pas
accuser de viol qui on veut, parce que, nous nous sommes battus pour
avoir la loi qui criminalise le viol. Donc, on ne dit pas aux gens
d’aller accuser des gens à tort. La loi a, d’ailleurs, prévu des peines
contre ces genres de pratiques. Quand on accuse quelqu’un, il faut que
ce soit pour des actes avérés ».
« Les deux camps demandent que justice soit faite, nous aussi, on demande que justice soit faite »
Autre
affaire de viol qui secoue le landenau politico médiatique du Sénégal,
l’affaire Ousmane Sonko-Adji Sarr. Fatou Warkha Sambe n’est pas gênée
par ce que beaucoup considèrent comme des lenteurs judiciaires dans
cette affaire. « Le temps de la justice, n’est pas le temps des hommes,
estime-t-elle. Dans ce cas-ci, on parle de crime et ça donne toute la
latitude à la justice, aux personnes compétentes en fait, de prendre
tout le temps nécessaire, pour prendre tous les éléments pour essayer de
faire des enquêtes, des contre-enquêtes. De faire en sorte que justice
soit faite, que la vérité soit connue. Aujourd’hui, les deux camps
demandent que justice soit faite. Nous aussi, on demande que justice
soit faite. On s’est battu pour défendre Adji Sarr. Nous voulons un
procès afin d’être tous édifiés. Si on prouve qu’on a utilisé cette
affaire à des fins politiques, nous aussi, nous allons porter plainte,
faire valoir la justice parce qu’on ne peut pas accepter ces choses-là.
Si Adji a raison et qu’elle a été bel et bien victime de viol, la
justice doit se faire »