Jacqueline Fatima Bocoum, l’icône de la presse devenue reine de Twitter
Les plus jeunes ne s’en souviennent
peut-être pas, mais Jacqueline Fatima Bocoum fut l’une des plus grandes
vedettes de la presse, et une pionnière en tant que première femme à
diriger un groupe de presse. Désormais, tapie dans l’ombre dans son
bureau de Directrice de la Communication de l’APIX, c’est sur Twitter
qu’elle se rappelle à notre bon souvenir, en distillant des leçons de
vie mêlant grâce, subtilité et humour. Seneweb est allé à sa rencontre
pour évoquer son parcours riche et sa passion de l’écriture. Portrait.
Son
nom traverse des générations de journalistes qui la désignent telle
une mentor, une source d’inspiration. Elle, c’est Jacqueline Fatima
Bocoum ! La Directrice de la Communication de l’Agence en charge de la
Promotion des Investissements et des Grands Travaux de l’Etat (Apix
Sa), n’a rien perdu de sa prestance. Verve facile, la journaliste est
passée de femme communicante à influenceuse très suivie sur Twitter,
suivant ainsi le rythme de la modernisation technologique 2.0.
Formée
au Cesti avec les Minelle Barro Seye, Madior Sylla, Michel Diouf,
Abdoulaye Sacko Faye, Seynabou Diop, elle constituait, avec ses
camarades, une véritable génération dorée à la RTS.
Jacqueline
Fatima Bocoum fait également partie des premières femmes à s’être
lancée dans l’aventure de la 1ere radio privée du Sénégal avec la Sud
Fm. Une aventure formidable comme elle nous l’explique mais de courte
durée. « Comme vous pouvez l’imaginer pour notre génération : On avait
20 ans à l’époque… ».
Après
un bref passage à la Radio Nostalgie comme Directrice des Programmes,
puis Conseillère au ministère de la communication et au ministère de la
santé, elle dirige le grand groupe de presse qui est Com7, créé à
l’époque par Bara Tall, Cheikh Tall Dioum et Youssou Ndour. Un groupe
qui avait plus de 350 employés et sept structures dont une radio, une
imprimerie, un hebdomadaire, un journal sportif et un quotidien (Le
Populaire). « Après ça, j’ai intégré l’Apix, quelques années après et
j’ai continué depuis à faire de la communication sociale,
institutionnelle et événementielle etc », renseigne-t-elle.
“Vendre la destination Sénégal”
Entre
le journalisme et la communication, il n’y a que quelques pas à
franchir et JFB a parfaitement réussi la transition. « Je pense que ce
sont des métiers où l’on bouge énormément, relève-t-elle. À l’époque ,
ça avait l’air très particulier, mais aujourd’hui, les rédactions sont
très mobiles en terme de personnel, en terme de profils, et je pense que
c’est un métier qui nous permet de vivre beaucoup de choses surtout à
l’ère de la communication qui aujourd’hui dirige le monde. Je pense que
c’est important d’être dans des axes stratégiques de partage
d’informations, de positionnement de labels. Pour la partie dont moi je
m’occupe, c’est pour le positionnement d’un pays, parce qu’on vend la «
destination Sénégal » en termes d’opportunités d’investissements et
je pense que c’était presque logique qu’on quitte le journalisme pour la
communication. Aujourd’hui, je trouve mes marques. Et l’avantage c’est
de contribuer à promouvoir ce que le Sénégal fait de bien».
Une « influenceuse » pour ses 110 000 followers…
Mais
c’est sur les réseaux sociaux que JFB détonne. Il faut vraiment la
suivre sur la plateforme Twitter pour reconnaître ses capacités
d’influence sur les jeunes. Elle y partage régulièrement ses expériences
de la vie. Une façon pour elle de cultiver une forme de positive
attitude. « Moi, j’adore l’humain, confie-t-elle. Quand on peut avoir
une tribune, comme moi j’ai la chance de l’avoir sur Twitter, avec plus
de cent dix mille followers, je pense qu’il ne s’agit pas pour moi de
montrer ma photo tout les jours et de dire que : « voilà suivez moi,
parce que je suis la meilleure ». Il n y’a aucun intérêt à cela. Il
faut ce genre de tribune pour pouvoir impacter sur la communauté ou la
société dans laquelle on vit, et pour moi ce sont des messages forts
sur l’amitié, sur les relations homme-femme, sur le devenir personnel…”
Par
sa plume, Jacqueline vise notamment notamment les jeunes .“Je pense
qu’on a besoin d’être, non pas des modèles ou des exemples parce que
c’est prétentieux, mais en tout cas d’être des recours pour les jeunes
en termes de réflexion sur le quotidien, sur l’avenir et puis montrer
qu’ avec un peu de bonne volonté et un peu de persévérance, on peut
tous arriver à faire quelque chose de notre vie. Il ne faut pas que les
jeunes aient tendance à baisser les bras. Je veux que chacun se dise
qu’en croyant en lui, on peut toujours arriver à faire quelque chose et
les exemples ne sont pas que sénégalais, ils sont partout dans le
monde. C’est l’exemple de l’être humain qui croit en lui et qui a envie
d’aller jusqu’au bout de ses rêves», s’exalte-t-elle.
“Il y a beaucoup de femmes de valeur dans la presse”
A
la question de savoir, si les femmes de médias lui ressemblent,
Jacqueline Fatima Bocoum ne fait pas de différence et lève la main pour
toutes les femmes de la corporation. Toutefois, certaines d’entre elles
sortent du lot, nous fait-elle comprendre. «Il y a beaucoup de femmes de
valeur comme Sarah Cissé, Arame Ndao, Maimouna Ndour, Fatim O. Je pense
qu’il y a beaucoup d’exemples parmi les femmes aujourd’hui”. En cette
période de célébration des Droits de la Femme, elle invite, toutefois, à
sortir des logiques binaires : “Moi ce qui me dérange, c’est qu’on
fasse la différence entre une femme journaliste et un homme journaliste ;
Je pense qu’il faut qu’on arrive à sortir de ces questions de genre
parce que quoiqu’on pense, cela réduit un peu la manière dont on perçoit
la femme dans ses combats de tous les jours. Je pense que quand on veut
arriver à quelque chose, ce n’est pas d’être femme ou homme qui fait la
différence, c’est de croire en toutes ses possibilités, pour pouvoir
arriver là ou on a envie d’être ».
“Il
ne faut pas être dans une position où on est constamment contre les
hommes. Il faut considérer les hommes comme des partenaires, des alliés
au quotidien », conseille-t-elle.
Toutefois,
elle encourage les femmes à «croire en elles, à se battre pour leurs
rêves et à aller jusqu’au bout de ce qu’elles ont envie de réaliser
».
Projets littéraires : roman et recueil de tweets
Désormais,
Jacqueline fourmille de projets, notamment littéraires. « J’ai
tellement d’énergie dans la vie de tous les jours, s’exclame-t-elle.
Mes projets, c’est bien sûr, sortir mes deux livres, et je pense
vraiment le faire ces prochains mois. J’ai mon second roman « Souadou »
qui doit sortir, après le premier. J’ai mon recueil de tweets qui est
fortement demandé par mes followers”.
Au-delà
de ses projets éditoriaux, celle qui a été retenue parmi les 100 femmes
les plus influentes d’Afrique en 2021 par Avance Media veut davantage
s’impliquer des initiatives académiques et sociales : “Je vais lancer
une école de formation en prise de parole en public, tout en
continuant mes conférences sur le leadership et puis aller même dans
les écoles bénévolement. Je pense porter un peu la bonne parole du
leadership des jeunes et des femmes de manière générale. Les jeunes ont
besoin qu’on les aide à construire une identité qui les rendra forts
dans l’avenir et pour les combats qui les attendent ».