Babonda, Diégoune, Mandina Mankagne, Kabeumb… : Retour sur les batailles entre l’armée et Salif Sadio
Les prises d’otage dont ont fait l’objet 7 militaires au mois de
janvier 2022 et les propos tenus par Salif Sadio contre l’armée semblent
être cette goutte de trop qui a poussé les forces de défense et de
sécurité à vouloir en finir avec le chef rebelle d’Atika. Et pour ce
faire, voilà 96 heures que l’armée procède à des bombardements contre
les camps de Salif Sadio dans le nord Sindian. Une opération militaire
qui porte préjudice à la population locale qui quitte par vague vers la
Gambie au nord et Sindian au sud. Les déplacés se font par vague pour
fuir et ne pas être victimes des crépitements des armes de part et
d’autre.
La défiance de Salif après la prise d’otages de soldats de la CEDEAO en mission en Gambie
Tout est parti de la course poursuite d’un camion chargé de bois en
direction de la Gambie. L’armée dans sa mission régalienne poursuivait
ce gros porteur qui prenait la direction de la profondeur pour
s’échapper. C’est seulement arrivé à hauteur de la frontière que les
éléments de Salif Sadio sont entrés dans la danse pour, disent-ils, se
défendre car les éléments des forces de la CEDEAO sont entrés dans leur
territoire. C’est ainsi que les échanges de tirs ont commencé. Combien
étaient les soldats qui pourchassaient le camion ? Mystère et boule de
gomme. En tout état de cause, l’armée a enregistré 4 morts et 7 soldats
pris en otage. C’est la goutte qui a fait déborder le vase. L’armée
s’est tue et préparait dans la plus grande discrétion cette opération
qui fait qu’à la date de ce jeudi 17 mars 2022, depuis cinq jours,
l’armée pilonne les bases de Salif Sadio, l’auteur de cette attaque de
janvier mais aussi des événements douloureux de l’armée à Babonda,
Mandina Mankagne, Kabumbe. Officiellement dans ces accrochages et ou
embuscades des rebelles, l’armée a perdu presque 40 hommes sur le
théâtre des différentes opérations. Mais il y a d’autres accrochages
dont personnes ne détient le bilan d’un côté comme de l’autre. Il y a
aussi les accrochages sanglants enregistrés au parc national de Basse
Casamance.
Les 8 otages de Kabeumb en décembre 2011
L’année 2011 a été marquée par des accrochages entre les rebelles
commandés par Salif Sadio et des positions de l’armée qui ont toujours
surpris les éléments du MFDC. C’est le mardi 13 décembre en début de
matinée que cette petite position a été prise pour cible par les hommes
du chef d’Atika à Kabeumb dans la commune Diacounda, région de Sédhiou.
Ce sont les tirs très matinaux qui ont réveillé les populations et ont
malheureusement fait souffler un vent de panique dans les zones
environnantes et poussèrent de nombreux habitants à fuir dans les
forêts, les champs voire aller dans d’autres villages plus paisibles.
Ils étaient 8 militaires surpris. Après les avoir capturés, il les a
conduits dans son fief au nord de Sindian. Ce fut la fin de règne de Me
Abdoulaye Wade. C’est finalement le président Macky Sall qui a réussi à
obtenir leur libération. À préciser que parmi les 8 détenus, il y avait
un sapeur-pompier.
Le 25 juillet 1995 à Babonda, 25 soldats sont tués dans une embuscade
Ce conflit fratricide qui est loin de livrer son bilan a dans le passé
eu des événements douloureux. Le mardi 25 juillet 1995 à Babonda,
village situé à quelques kilomètres de Ziguinchor 25 soldats furent tués
dans ce bourg séparé de la ville de Ziguinchor par une rizière où
beaucoup d’affrontements ont eu lieu. Un drame pour l’armée qui venait
de subir sa plus grosse perte depuis le déclenchement du conflit qui
venait d’avoir 13 ans. Ce sont des éléments appartenant au 3e Bataillon
d’infanterie de Kaolack qui sont tombés dans une embuscade
minutieusement préparée. Selon les informations non officielles
répandues par les villageois, il y a eu un soldat qui a pu passer entre
les filets des rebelles pour s’échapper. Une perte qui a permis à
l’armée de mesurer la lourde tâche qui l’attendait et la force de frappe
de l’ennemi qui a pu s’armer avec les cessez-le-feu signés les années
précédentes.
Mandina Mancagne 1997, les Jambars ont perdu 23 hommes
Toutefois, l’armée va se faire encore piéger deux ans après malgré le
redéploiement de troupes dans plusieurs zones après la création de
cantonnements. C’est en 1997 à Mandina Mancagne. Là aussi comme à
Babonda, des militaires ont été tués par les rebelles. Ces Jambars
venaient tout fraîchement d’arriver en renfort, tombés dans le piège
rebelle. C’est vingt-trois soldats qui seront morts dans cette bourgade
située à quelques encablures de Ziguinchor. Tous les soldats sont
enterrés au cimetière mixte de Santhiaba. En deux ans, 48 soldats sont
tombés sous les balles ennemies et enterrés dans ce cimetière.
Sept militaires tués à Boutolate le 26 décembre 2011
Une autre date à retenir, c’est le lundi 26 décembre 2011, une autre
attaque a été perpétrée par les éléments armés du MFDC. Cette fois-ci,
ils ont comme à l’accoutumée tendu une embuscade à l’armée à Boutolate,
sur la route de Sindian, à cinq kilomètres de Bignona. La sentinelle
des rebelles s’était armée d’une roquette. Il a fait sept morts. Alors
que le mardi de la semaine précédente, selon le bilan donné par la
direction des relations publiques de l’armée, l’armée a perdu neuf
hommes dans une attaque dans le village de Diégoune à une quinzaine de
kilomètres de la capitale du Fogny.
À signaler que seuls ces
événements sont racontés. Mais les accrochages entre l’armée et les
éléments du MFDC surtout ceux commandés par Salif Sadio restent et
toujours dans les secrets de l’armée et du MFDC…
L’État met les moyens pour que l’armée renouvelle son armement avec l’achat d’armes et d’équipements de dernière génération
En tout état de cause, l’armée depuis ces derniers temps s’est
renforcée en équipement et en hommes qui ont à leur tour acquis de
nouvelles stratégies de guerre de la part de ses partenaires
occidentaux. Une acquisition que l’armée peut utiliser contre son
ennemi juré, Salif Sadio. Et ce n’est pas les populations du nord
Sindian qui diront le contraire. Car le samedi dernier, les populations
ont aperçu une cohorte de véhicules blindés, de chars de combat avec des
armes jamais vu à l’œil nu. Des armes qu’elles ne voyaient qu’à la
télévision dans les cinémas. L’armée dispose un arsenal impressionnant.
En 2019, l’armée s’est dotée de 2200 Fusils M4A1 auprès de la firme
américaine Colt.
Le Programme 2 concerne la Défense du
Territoire national, pour l’exercice 2022, les autorisations
d’engagement (AE) dudit programme sont fixées à 176.318.111.525 FCFA
tandis que les crédits de paiement (CP) sont arrêtés à 166.265.274.614
FCFA. C’est une des rubriques du budget du ministère des Forces Armées
qui tient beaucoup à la sécurité nationale et surtout à la crise en
Casamance qui perdure et dure. Un budget qui a permis à l’armée de
moderniser ses équipements, d’acheter d’autres armes plus sophistiquées.
Et le Programme 3 s’intitule Sureté publique et Maintien de l’Ordre,
pour l‘exercice 2022, les autorisations d’engagement (AE) dudit
programme sont arrêtées à 81.389.286.860 FCFA et les crédits de paiement
(CP) à 75.889.230.00 FCFA.