Coups d’État militaires : 102 présidents africains renversés en 70 ans
Entre 1952 et 2022,
pas moins de 102 coups d’État ont été perpétrés sur le continent
africain. Le triste record est jusque-là détenu par le Nigeria, avec
sept putschs au compteur. Le Burkina Faso et le Soudan viennent en
deuxième position.
« La
situation est au contrôle. Il y a eu des morts, mais je vais bien. Le
calme est revenu ». Tels sont les premiers mots du président
bissau-guinéen Umaro Cissoco Embalo, qui a échappé, ce mardi, à un coup
d’État, au terme d’une longue et chaude journée à Bissau. Son
« cas » survenu quelques jours seulement après le renversement, par
l’armée burkinabé, du régime de Roch Marc Christian Kaboré, le 24
janvier dernier, conforte l’Afrique dans sa mauvaise réputation en
matière de stabilité politique. D’ailleurs, le continent enregistre, à
ce jour, 102 coups d’État, compte non tenu des dizaines d’autres putschs
manqués, dont celui du Maroc le 10 juillet 1971 contre Hassan II.
Dans
ce décompte, le Nigeria caracole toujours en tête, avec sept coups
d’État, suivi du Soudan et du Burkina Faso (6). La Mauritanie, le Ghana,
le Bénin, les Comores, le Burundi et le Mali enregistrent chacun cinq
putschs. D’autres pays comme la Guinée-Bissau, le Niger, la
Centrafrique, l’Ouganda, le Congo et le Tchad se sont aussi distingués
avec quatre coups d’État chacun. Ils sont suivis par la Guinée,
l’Éthiopie et le Togo, avec deux prises de pouvoir par la force.
Les
pays ayant connu deux coups d’État militaires sont au nombre de cinq.
Il s’agit, en effet, du Liberia, de l’Égypte, du Rwanda, du Lesotho et
de la République démocratique du Congo
À
noter également que la Côte d’Ivoire, la Gambie, la Tunisie, l’Algérie,
la Libye, la Guinée-Équatoriale, la Somalie, le Zimbabwe, la Sierra
Leone et Madagascar comptent chacun un putsch dans leur histoire.
Les
chercheurs et politologues Jonathan Powell de l’université de Floride
centrale, à Orlando, et Clayton Thyne de l’université du Kentucky, à
Lexington, définissent les coups d’État comme des «tentatives illégales
et manifestes de l’armée ou d’autres élites au sein de l’appareil d’État
de renverser le pouvoir en place».
Ainsi,
l’armée n’a pas à être l’instigatrice de l’opération, pour qu’il
s’agisse d’un coup d’État. «L’aspect illégal est important, car c’est ce
qui différencie les coups d’État des pressions politiques qui sont
courantes lorsque les citoyens sont libres de s’organiser»,
soutiennent-ils.
Et
pour MM. Powell et Thyne, on peut parler d’un putsch réussi, quand il
permet un changement de main du pouvoir de plus de sept jours.
Exactement 102 coups d’État survenus en Afrique, depuis 1952, répondent à ces conditions.
Mais le Sénégal fait partie des très rares pays qui ont, jusqu’ici, échappé à ces prises de pouvoir par la force.
95 tentatives de coups d’État, dont 40 réussies en Amérique du Sud
Ailleurs dans le monde, 475 putschs réussis ou ratés sont survenus, depuis 1950.
Ainsi,
même si l’Afrique domine largement le palmarès des continents, à ce
chapitre, il est suivi de l’Amérique du Sud, avec 95 tentatives de prise
du pouvoir par la force, dont 40 réussies.
La
Bolivie, au centre de ce continent, est le pays qui compte le plus
grand nombre de coups d’État au monde depuis 1950, soit 23. Onze ont
occasionné un changement de leadership qui a tenu pendant au moins une
semaine.
Dans l’ensemble des Amériques, on parle de 145 coups d’État, dont 70 ont réussi.
Toutefois,
aucun coup d’État n’y est survenu depuis celui du Venezuela en 2002.
L’attaque contre la présidence d’Hugo Chavez avait alors échoué.