La démocratie sénégalaise, une « ressource stratégique de base » à léguer à la postérité dans un contexte de crise sous-régionale
Pendant que le Burkina Faso vit son coup de force militaire « en direct » après plusieurs années de soubresauts géopolitiques; pendant que la Guinée Conakry est en train de mettre en place son comité national de transition sous le sobriquet de comité national du rassemblement et du développement (CnRD); pendant que le Mali est encore dans la tourmente suite au coup d’Etat militaire, le peuple sénégalais a voté tranquillement ce 23 Janvier 2022 pour élire ses élus locaux.
Ainsi,
de façon transparente, le citoyen électeur sénégalais, qu’il soit des
Almadies ou de Ourong, de Guédiawaye ou de Koungani, a choisi librement
et selon le cas son maire, ses conseillers municipaux, conseillers de
ville, son président de conseil départemental et ses conseillers
départementaux.
Ces « heureux élus » ont une noble mission :
assurer, dans le respect de la loi, « la conception, la programmation et
la mise en œuvre des actions de développement économique, social et
environnemental d’intérêt local ». Ainsi, dans le cadre de la libre
administration des affaires locales, le destin des communes et
départements est entre leurs mains, afin de contribuer, aux côtés de
l’Etat, à en » faire des territoires viables, compétitifs et porteurs de
développement durable ».
Ces
élections montrent à suffisance, l’ancrage du Sénégal dans la
démocratie. Cependant, il est important de noter la nécessité de
renforcer ce processus afin de corriger les quelques « couacs » notés ça
et là (fichier électoral à parfaire, élection à organiser à date échue,
etc.); ce qui rendrait notre système démocratique plus performant.
Si
nous aimons toutes et tous nous féliciter de l’importance de nos
ressources stratégiques de base (pétrole, gaz, plus de 700km de façade
maritime, or, zircon, soleil, fer, terres arables immenses, jeunesse de
la population, etc.), il est important d’affirmer que seul un niveau de
démocratie élevé garantit une gestion optimale, transparente et
durable de ces ressources.
Donc « le baril de démocratie » est tout
autant important que le « baril du pétrole » et « la tonne de zircon »,
voire « le tanker de gaz ».
Ceci est d’autant plus important que
le Sénégal vu son histoire et sa posture actuelle, doit créer un
« leverage » pour les autres pays de la sous région en matière de
démocratie.
En définitive, à l’heure où en France des débats
comme le « révisionnisme », la contre-histoire et le grand remplacement
sont les thèmes majeurs de la campagne présidentielle à venir; à l’heure
où l’OTAN est en crise géopolitique et militaire avec la Russie (en
Ukraine et en Géorgie), le peuple sénégalais, par son attitude, a
installé la culture démocratique dans le patrimoine national commun. Il
revient à ses élites politiques d’en être le Chantre.
Un grand
espoir est aussi fondé sur la Cedeao et sur l’Union africaine pour un
accompagnement diligent qui prenne en compte les aspirations des
peuples Maliens, Guinéens et Burkinabés, pour un retour consitutionnel
apaisé et pacifié.
Que ces institutions ( la Cedeao et l’union
Africaine) évitent pour le Mali, la Guinée Conakry et le Burkina Faso,
» le semblant de démocratie » que dénonçait A. Huxley dans son essai « le
meilleur des mondes » publié en 1932 en ces termes :
« la dictature
parfaite serait une dictature qui aurait les apparences de la
démocratie, une prison sans murs dont les prisonniers ne songeraient pas
à s’évader, un système d’esclavage où, grâce à la consommation et au
divertissement, les esclaves auraient l’amour de leur servitude. »