Dakar, la forteresse imprenable !
Khalifa Sall peut bien
jubiler, Ousmane Sonko pavaner et Barthélémy Dias est désormais libre de
faire des déplacements au sein de la capitale sans être inquiété par
une police, fût-elle celle de Dieuppeul. Tout ça pour dire un mot :
Dakar la forteresse résiste encore à Macky Sall. Le chef de l’Apr, par
ailleurs président de la République, ne sera pas maitre de la capitale à
l’issue des locales de janvier 2022.
Sur
les 19 communes du département de Dakar, sa coalition n’a eu que quatre
victoires. Khalifa, le »poltron » et Sonko »le candidat des réseaux
sociaux » se retrouvent donc avec 15 communes dans leur escarcelle.
Certes, c’est moins que les 16 communes contrôlées par Khalifa Sall à
l’issue des locales de 2014, mais c’est beaucoup plus que les 6 à 7
communes qui restaient sous le contrôle de Tawaxu Dakar après les
assauts répétés du pouvoir de Macky Sall.
Alioune
Ndoye, Moussa Sy, Doudou Issa Niass, Jean baptiste Diouf, Banda Diop,
Bamba Fall sont autant de maires élus sous la bannière de Taxawu Dakar.
Mais le pouvoir et l’argent de Macky Sall ont réussi à ‘’pécher’’ ces
‘’gros poissons’’ de l’opposition.
Outre
la transhumance à coup de décrets, Macky Sall a utilisé l’appareil
d’Etat pour mettre des bâtons dans les roues de Khalifa Sall. Tous les
programmes de la ville de Dakar sont presque à l’arrêt, l’emprunt
obligataire bloqué, la gestion des ‘’or dur(e)s’’ arrachés à la mairie
de Dakar. L’acte 3 de la décentralisation taillé sur mesure pour casser
Dakar.
Des
projets Jadis reconnus à la ville lui sont disputés par les communes.
La dernière en date est la bataille entre Soham Wardini et Alioune Ndoye
au sujet du marché Sandaga. On se souvient encore de Diène Farba Sarr,
déterminé à récupérer la place de l’indépendance.
A
côté de l’appareil d’Etat, une autre arme : la justice. Khalifa Sall
est poursuivi et condamné pour détournement de 1,8 milliard. Une somme
importante pour un pays comme le Sénégal et qui ne doit nullement être
passée par pertes et profits. Seulement, cette poursuite judiciaire a eu
lieu dans un contexte où les 32 milliards du Prodac, les milliards du
Coud, ceux de La Poste et les 40 milliards du building administratif
sont sous le coude de Macky Sall. Après la condamnation, Khalifa Sall
est destitué de son poste de maire et il est inéligible pour la
présidentielle de 2019.
Autant
d’actes posés par le locataire du palais pour presque un seul objectif,
avoir la main sur Dakar. Dans cette optique, il prend celui qu’il croit
être le meilleur candidat de son camp. En plus d’avoir résisté à la
déferlante de 2014, Abdoulaye Diouf Sarr est ministre de la Santé dans
ce contexte de pandémie de Covid-19. Le Sénégal est cité parmi les pays
qui ont une meilleure gestion de la Covid. Diouf Sarr se met en première
ligne au point de faire de l’ombre à des spécialistes comme Pr Moussa
Seydi ou Dr Abdoulaye Bousso.
Macky
Sall croyait sans doute que son poulain avait capitalisé suffisamment
de sympathie et de réseau pour lui offrir Dakar. Mais à l’arrivée, c’est
la grande désillusion ! Le cavalier perd à la fois l’épée (Dakar) et le
bouclier (Yoff). Dakar ne veut pas de l’Apr. La capitale rejette la
gouvernance de Macky Sall. Au-delà du département, c’est toute la
région, y compris Keur Massar érigé en un département qu’il n’a jamais
demandé.
Et
comme toujours, au lieu de tirer les leçons, l’Apr vient à nouveau
faire preuve d’un manque de modestie déconcertant. Après avoir perdu
Dakar, Thiès, Kaolack et Ziguinchor, on réclame encore la victoire. Un
pouvoir qui en plus d’avoir échoué à conquérir Dakar et Ziguinchor perd
deux grandes villes devrait trouver un autre justificatif que de
revendiquer une victoire globale. La fameuse phrase de Macky Sall – ‘’je
vous ai compris’’ – au lendemain des manifestations du mois de mars
dernier était sans doute la meilleure réaction face au choix du peuple
de Dakar. Mais hélas, à l’Apr, on choisit la politique de l’autruche
pour répéter les mêmes erreurs.