CAN 2022–Gambie : «C’est une histoire qu’on va raconter à nos petits-fils»
À 32 ans, dont plus de quinze en
sélection gambienne, l’arrière gauche Pa Modou Jagne, est le mieux placé
pour parler d’une sélection qui a longtemps attendu d’être invitée à la
CAN. Le capitaine des Scorpions évoque sa fierté d’être le guide de la
Gambie et espère encore faire rêver ses supporters après un premier
match victorieux face à la Mauritanie (1-0).
Vous vous rappelez votre première sélection avec la Gambie en 2006 contre le Cap-Vert et ce que vous avez ressenti à l’époque ?
Oui,
un grand bonheur de représenter mon pays avec l’équipe première.
J’avais été sélectionné en équipe nationale cadette, avec les U-17, et
aussi avec les U-20. Donc pour moi, c’était un aboutissement et un rêve
qui se réalisait alors que je n’avais pas encore 18 ans.
Vous
êtes donc un pur produit du football gambien, ça doit être une immense
fierté de guider la Gambie comme capitaine pour sa première CAN…
Évidemment,
je suis passé par toutes les équipes nationales, et je pense que nous
sommes trois à avoir fait le même parcours dans les différentes
sélections : Ebrima Sohna (milieu de terrain) et le gardien de but Toldo
(Modou Jobe). Ensemble, on a disputé une CAN cadette et même un mondial
de la même catégorie. Aujourd’hui, c’est une grande victoire d’être en
Coupe d’Afrique après ce parcours.
À votre arrivée en équipe nationale, comment était l’équipe, commençait-elle à rêver de la CAN ?
À
cette époque, c’est vrai que c’était difficile de croire à une
qualification à la CAN. On n’avait pas beaucoup de joueurs
professionnels, il y avait les Idy Sonko, Aziz Kor, Pa Dembo, on les
comptait sur les doigts d’une main. Ce n’est pas comme aujourd’hui où
presque toute l’équipe joue à l’extérieur.
À
cette époque entre 2006 et 2010, on n’avait quand même une belle
équipe, renforcée par une belle génération de l’équipe espoir. Quand
j’ai commencé avec l’équipe nationale, on avait un grand potentiel, je
me rappelle un match référence où on avait tenu en échec le Sénégal à
Dakar (1-1) en éliminatoires de la Coupe du monde 2010. Cette équipe-là
aurait pu se qualifier à la CAN, mais il nous manquait sans doute un
petit quelque chose.
Après
cette période-là, à quel moment vous vous êtes dit que la Gambie
pouvait se qualifier à la CAN. Y a-t-il eu une date, un match, un déclic
?
On
n’était pas loin déjà en 2019, notre équipe avait tenu tête à l’Algérie
deux fois (1-1) en éliminatoires et on avait aussi battu le Bénin chez
nous (3-1). Mais, j’ai commencé à y croire vraiment lors de notre
victoire en Angola (3-1) lors de la première journée des éliminatoires
de la CAN (2022). Après ce match, je me suis dit que c’était l’année où
jamais. J’y ai cru et j’ai demandé aux joueurs d’y croire, et on a
réussi.
« C’est une histoire qu’on va raconter à nos petits-fils et arrière-petits-fils »
Qu’est-ce que l’équipe nationale représente pour un petit pays de moins de 2,5 millions d’habitants comme la Gambie ?
Quelque
chose de grand ! Beaucoup de personnes connaissent désormais la Gambie
grâce à nous et à l’équipe qu’on a qualifiée à la CAN. Rien que cela,
c’est une grande victoire, une immense fierté.
Qu’est-ce
que cela vous fait d’être le capitaine de la première équipe de Gambie
qui a disputé et remporté son premier match en Coupe d’Afrique ?
Un
immense bonheur ! Je remercie Dieu de m’avoir donné cette chance. Pour
moi et tous les joueurs, c’est quelque chose qui va rester pour
l’éternité. C’est une histoire qu’on va raconter à nos petits-fils et
arrière-petits-fils. C’est l’occasion de remercier le coach et tout le
staff pour leur travail. Mais aussi de rendre hommages à ceux qui nous
ont précédés et nous ont montré le chemin, de la génération Biri Biri à
celle d’Idrissa Sonko, elles ont balisé notre chemin. Merci à eux.
Que peut espérer la Gambie de cette Coupe d’Afrique après une première victoire contre la Mauritanie ?
On
ne voit pas plus loin que le prochain match. On va rencontrer le Mali
(dimanche 13 GMT). Ce qu’on veut, c’est gagner tous nos matches. On sait
que toutes les équipes présentes ont plus d’expérience que nous, mais
c’est le football, c’est 90 minutes. Nous, on n’a aucune pression, on
sait que nous sommes des outsiders.