Pour une histoire de pneus, il tue son fils…
Âgé de 53 ans, le boulanger, établi à Rufisque, Mbaré Sy, risque 15 ans de réclusion criminelle. Il a été jugé hier mercredi, devant la Chambre criminelle de Dakar, pour meurtre. En 2019, il avait poignardé son fils, Ibrahima, pour une banale histoire de pneus.
Une
histoire de filicide (parent qui tue son propre enfant) a été débattue
hier mercredi, devant la Chambre criminelle de Dakar. En état de démence
par moments, Mbaré Sy ne voyait que son fils Ibrahima qui s’occupait de
lui. Pendant que son épouse lui a demandé le divorce à cause de ses
troubles mentaux. Pourtant, le père de famille a poignardé à mort son
fils, Ibrahima, pour une dispute autour de pneus à déplacer. Ce drame
familial est survenu dans la matinée du 10 mai 2019, au quartier Darou
Rahmane à Rufisque. La veille du jour des faits, le boulanger avait
constaté que son fils avait superposé des pneus dans la cour de la
maison et lui avait ordonné de les déplacer. Seulement, le garçon
n’avait pas obéi à son père. Il est allé se coucher sans les déplacer.
Le lendemain, dès l’aube, il décide de réveiller son père et frappe fort
à la porte de la chambre. Le bruit finit par agacer le père de famille
qui se tire lors de son lit et s’en prend à Ibrahima pour le corriger.
Les membres de la famille sont intervenus pour les séparer. Le père
s’est retiré dans sa chambre où il s’est armé d’un couteau avec lequel
il assénera trois coups à son enfant. Un à la tête et deux au cou.
Ibrahima s’affale, se vidant de son sang. Son grand frère, Saliou, a
tenté de le sauver en l’acheminant à l’hôpital Youssou Mbargane où
Ibrahima n’arrivera pas en vie. Informés du drame, les éléments du
commissariat de la localité ont arrêté Mbaré qui a reconnu son acte,
disant qu’il voulait corriger son fils. Entendu à titre de témoin,
Saliou a révélé que son père souffre de troubles psychiques. Les agents
enquêteurs ont envoyé en consultation le présumé meurtrier. Le
certificat médical a confirmé que Mbaré Sy souffre de troubles mentaux.
La blouse blanche, dans son rapport, a expliqué que l’état de démence du
mis en cause se représente sur son port vestimentaire. Par contre, le
psychologue précise que M. Sy traverse des périodes d’amélioration.
Malgré cela, il a été déféré au parquet de Dakar pour meurtre. Il sera
inculpé puis placé sous mandat de dépôt le 13 mai 2019.
Devant la
Chambre criminelle de Dakar, Mbaré Sy, 53 ans, a reconnu avoir tué son
fils et a regretté son acte, soutenant avoir agi en état de démence.
Pour donner du crédit à ses déclarations, l’accusé dit ne pas se
souvenir de l’origine de l’histoire, qu’il a été interné à l’hôpital
Fann. Son ex-femme, partie civile, a tenté de le tirer d’affaire, en
confirmant son état de démence. Elle a déclaré avoir divorcé avec
l’accusé il y a 20 ans à cause de sa maladie. A l’en croire, quand elle a
quitté la maison, ses proches lui avaient fait part de la folie de son
ex-mari. Elle est revenue à Rufisque, trouvant Mbaré Sy dans la rue, en
haillons. La partie civile n’a rien réclamé à titre de dommages et
inertes. Son fils, Saliou Sy, entendu à titre de simples renseignements,
a confirmé ses dires. Dans ses observations, le procureur de la
République a estimé que l’accusé ne peut bénéficier les dispositions de
l’article 50 du code pénal. Car, il n’était pas en état de démence au
moment des faits. Le maître des poursuites a requis une peine de 15 ans
de réclusion criminelle. La défense, assurée par Me Souleymane Soumaré, a
pris son contre-pied en plaidant l’article 50. La robe noire est
persuadée que son client ne jouit pas de toutes ses facultés mentales.
Délibéré le 19 janvier prochain.
DOUDOU DIOP