Des bonnes nouvelles et un hic: ce que dit le premier rapport d’un hôpital sud-africain, épicentre de l’épidémie d’Omicron
Un grand hôpital de la
capitale sud-africaine Pretoria, où les premiers cas d’Omicron ont été
détectés, a publié un tout premier rapport dressant le profil des
patients qui y sont actuellement admis et soignés. Certaines nouvelles
semblent prometteuses concernant la gravité du variant, mais la vitesse
de propagation inquiète les autorités sanitaires locales.Le
centre hospitalier du district de Steve Biko/Tshwane (SBAH-TDH) est
situé au cœur de la municipalité métropolitaine de Tshwane, dans la
province de Gauteng. C’est ici que les premiers cas du variant Omicron
ont été signalés le 24 novembre. Au cours des dernières semaines,
Gauteng a connu une augmentation exponentielle du nombre d’infections et
une quatrième vague traverse actuellement la région.Hospitalisations & soins intensifsSelon
le rapport de l’hôpital, 166 patients atteints par le Covid-19 ont été
hospitalisés entre le 14 et le 29 novembre, période considérée comme les
deux premières semaines de la vague d’Omicron. Le 2 décembre, 42
patients se trouvaient dans le service coronavirus. Neuf d’entre eux ont
eu besoin d’oxygène. Vingt-neuf autres ont été testés positifs mais ne
présentaient aucun symptôme et étaient en fait traités pour d’autres
pathologies. Quatre patients ont eu besoin de soins supplémentaires et
un a été admis en soins intensifs. Lors des vagues précédentes, ce
nombre était nettement plus élevé, indique le rapport.
Oxygène“Le
nombre de patients ne nécessitant pas d’oxygène supplémentaire est
frappant”, constate l’infectiologue Fareed Abdullah. “En entrant dans le
service Covid au cours des 18 derniers mois, le bruit des machines à
oxygène et le bip du respirateur artificiel étaient omniprésents.
Maintenant, pour la plupart des patients, c’est presque comme n’importe
quel autre service.” Cette évolution a également été constatée dans
d’autres hôpitaux, mais les prochaines semaines seront décisives pour
savoir s’il s’agit d’une véritable tendance. Il est encore trop tôt pour
cela.VaccinationSur
les 38 adultes du service coronavirus, six étaient vaccinés, 24
n’étaient pas vaccinés et huit n’avaient pas de statut vaccinal. Sur les
huit patients adultes de Covid nécessitant de l’oxygène (le neuvième
étant un enfant), aucun n’avait été vacciné.
Profil typeLe
profil type des 166 patients hospitalisés pour cause de Covid est
différent de celui des vagues précédentes. Au cours des deux dernières
semaines, 80 % des patients hospitalisés avaient moins de 50 ans, un
phénomène que l’on observe dans toute la province et qui pourrait être
lié à la vaccination (les personnes plus âgées sont surtout vaccinées).
19 % étaient des enfants âgés de 0 à 9 ans. Le groupe le plus gravement
touché était celui des personnes âgées de 30 à 39 ans (28 % du nombre
d’admissions).
DécèsSi
l’on considère le nombre de décès, les chiffres sont également
frappants. Au cours des dernières semaines, on a enregistré 10 décès
parmi les 166 patients admis, soit 6,6 % du nombre total. En
comparaison, au cours des 18 derniers mois, ce pourcentage était de 17%
dans cet hôpital. Toutefois, le rapport indique qu’il est encore trop
tôt pour en tirer des conclusions. Les maladies graves et les décès ont
généralement plusieurs semaines de retard sur les chiffres de
l’infection. On en saura plus dans les semaines à venir.
Durée moyenne d’hospitalisation La durée moyenne d’hospitalisation est un autre paramètre qui va dans le sens d’une évolution plus douce de la maladie. Les patients ont été hospitalisés pendant 2,8 jours en moyenne au cours des deux dernières semaines, alors que la durée moyenne de séjour au cours des dix-huit derniers mois était de 8,5 jours.
Le hic: la vitesse de propagation Cela peut sembler être une nouvelle encourageante, mais l’énorme vitesse à laquelle ce nouveau variant se répand et infecte les gens ne l’est pas. Dans le Gauteng, le nombre moyen d’admissions à l’hôpital de patients atteints de Covid augmente à un rythme cinq fois plus élevé qu’à la période la plus critique du variant Delta. Les hôpitaux d’Afrique du Sud craignent d’être encore surchargés, comme cela commence à être le cas au Zimbabwe.
PrudenceCes premiers chiffres, provisoires, sont toujours à prendre avec des pincettes. Par exemple, les résultats ne peuvent pas être comparés à la situation en Europe, voire en Belgique. La population d’Afrique du Sud est beaucoup plus jeune que la nôtre. Un quart de la population (principalement des personnes âgées) a été vacciné (contre les trois quarts dans notre pays), mais on pense que presque tous les habitants ont déjà été infectés. On ignore également quel est l’effet de ce variant sur les personnes non vaccinées, celles qui n’ont pas encore été infectées, et sur les personnes faibles.