Sexualité et Maladies sexuelles : Quand la société protège l’homme et expose la femme…
Le voile de la pudeur
est beaucoup plus porté par la femme que par l’homme au Sénégal. Du
moins coté sexualité. La société pardonne pratiquement tout à l’homme,
même l’infidélité. Le ‘’mâle’’ peut fouiner partout, c’est moins mal vu.
L’homme est de nature infidèle. La femme est contrainte à demeurer
fidèle. De la naissance à l’adolescence en passant par l’étape de
transition de l’état de jeune à celui d’adulte, on distribue même des
préservatifs masculins aux hommes pendant que la jeune fille se
débrouille pour trouver ses serviettes hygiéniques et des lieux adéquats
pour les changer de temps à autre. Au niveau des pharmacies et autres
officines, les préservatifs féminins atteignent leur date de péremption
faute d’acquéreurs. Les quelques rares femmes qui viennent achètent pour
leur partenaire. Question d’éducation ? Aussi, les femmes sont plus
exposées.
Les
rapports du Conseil national de lutte contre le SIDA (CNLS) montrent
que 60,2% des adultes infectés sont des femmes (EDS V), autrement dit il
y a une féminisation accrue de l’épidémie. Aussi, la prostitution est
légalisée au Sénégal depuis 1969 : L’exercice de prostitution est
autorisé pour les femmes âgées de plus de 21 ans et qui sont inscrites
dans le registre sanitaire et social.
LEVIRAT, SORORAT, CROYANCES ET TABOUS
A
cela s’ajoute le fait que, les femmes ont moins de pouvoir sur leur
propre risque d’infection. La position sociale, économique,
psychologique et physiologique de la femme la rend vulnérable à
l’infection au VIH. La plupart des femmes ne peuvent pas négocier leur
sexualité surtout dans les ménages où les hommes sont infectés. Les
pratiques culturelles (lévirat, sororat, croyances et tabous, les rites
pendant les veuvages) contribuent à la vulnérabilité des femmes face à
l’infection du VIH/sida. La peur d’être abandonnée ou rejetée par
l’homme fait que les femmes cachent souvent leur statut, continuent de
mener une vie sexuelle sans précaution entraînant ainsi une propagation
de la maladie et le risque de surinfection.
La
seule stratégie efficace et maîtrisable pour lutter contre la
progression du VIH/SIDA réside pour l’heure, dans la mise en œuvre de
mesures de préventions susceptibles de minimiser les risques de
contamination. Le changement de comportement en matière de sexe et le
préservatif étant l’une de ces mesures.Le préservatif féminin en souffrance dans les officines
Le
préservatif féminin offre une double protection contre les grossesses
non désirées et les IST/SIDA tout en étant contrôlée par la femme. Il a
été lancé en 1993 par Female Health Foundation (FHF) sous le nom de
Reality et introduit au Sénégal en 1994 à travers des recherches sur son
acceptabilité et les capacités de négociations des femmes sénégalaises
(PNPF, CGO, Population Council 1997, et Université Cheikh Anta Diop,
Institut des sciences de l’Environnement, 1996).
Dès
lors, de nombreuses initiatives ont été menées au Sénégal pour
l’introduction et la promotion du préservatif féminin. En 2006 par
exemple, une étude documentaire et une analyse situationnelle du
préservatif féminin ont été réalisées. Suite à cela et dans le but de
passer à l’échelle, un plan stratégique de promotion du préservatif
féminin a été élaboré également en 2007. Ce plan a souffert d’un manque
de financement et n’a pu dérouler correctement les activités prévues.
En
2011, le Sénégal a élaboré un plan d’action Compréhensive Condom
Programming (CCP) 2011-2015 et avec l’appui de l’UNFPA, une étude de la
mise à jour de l’analyse de la situation du préservatif féminin au
Sénégal a été réalisée comme l’une des actions phares. L’analyse
comparative a montré que le taux de connaissance de ce produit demeure
faible par rapport à celui du préservatif masculin. C’est pourquoi il
est plus que nécessaire de continuer à promouvoir ce produit dans la
population générale, chez les jeunes, les hommes et les femmes
sexuellement actifs et en âge de procréer.
Sans
inciter à la débauche, il est recommandé d’améliorer l’information sur
la promotion du préservatif féminin. Informer sur l’importance de la
promotion du préservatif féminin comme on fait avec celui des hommes.