Mali: nouvelle séquence sanglante dans le centre du pays
Dans le cercle de
Djenné, les combats entre chasseurs traditionnels dozos et jihadistes de
la Katiba Macina, membre du Groupe de soutien à l’Islam et aux
musulmans (Jnim), y ont redoublé de violence, faisant plusieurs dizaines
de morts depuis la semaine dernière. Les mêmes acteurs s’affrontent
également dans le cercle de Niono, où l’armée malienne est intervenue ce
lundi 25 octobre. Mais les soldats maliens sont aussi accusés
d’exactions meurtrières, ce que l’armée dément.Tout
commence entre le lundi 18 et le mercredi 21 octobre dans le cercle de
Djenné, lorsqu’une centaine de chasseurs traditionnels dozos décident
d’attaquer le village de Marebougou, un village contrôlé par les
jihadistes de la Katiba Macina. Les dozos se sont filmés, en armes et à
moto, lors de leur impressionnant rassemblement avant le combat. Mais
les dozos sont repoussés, les nombreuses sources locales interrogées
évoquent un bilan de 40 à 50 morts et une centaine de blessés dans leurs
rangs.
Les
jihadistes aussi ont fait circuler des images, à l’issue des combats,
images qui montrent l’imposant butin de guerre récupéré par la Katiba
Macina, avec notamment des armes et des munitions en quantité. Depuis,
les dozos sont accusés d’avoir mené des représailles sanglantes dans la
ville de Djenné et aux alentours, on parle de disparitions et
d’assassinats, mais RFI n’a pas été en mesure de recouper de bilan
fiable.
Jihadistes
de la Katiba Macina, groupe dirigé par Amadou Koufa et affilié au Jnim
d’Iyad Ag Ghaly, et chasseurs dozos, constitués en groupe
d’auto-défense, s’affrontent également depuis des mois dans le cercle de
Niono. Les morts s’y comptent par dizaines depuis la rupture d’un
précaire accord de cessez-le-feu, en juillet. Ce week-end, c’est un bus
qui a été attaqué par les jihadistes et une partie de ses occupants
enlevés.Les militaires accusés d’exactionsLundi
25 octobre, l’armée malienne a mené une opération contre-terroriste
dans le secteur. Des sources locales évoquent notamment des tirs par
hélicoptère, en brousse, sur des positions jihadistes. Mais ces mêmes
sources –habitants, élus, associations communautaires – dénoncent
également des exactions : les soldats maliens sont accusés d’avoir
égorgé huit personnes, dont un vieillard et un bébé, dans le village de
N’Dola, proche de Niono.
Dans
un communiqué diffusé lundi après-midi, l’armée malienne reconnaît des «
patrouilles aéroterrestres […] ayant permis l’interpellation de 14
suspects », mais dément les accusations d’exactions. L’État-major évoque
« une tentative de discréditer les actions impartiales menées par les
Fama », mais précise néanmoins avoir ouvert une enquête « pour faire la
lumière sur ces allégations ».
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