Présidentielle 2022 : Éric Zemmour n’a «aucune chance» d’atteindre le second tour, selon Marine Le Pen
La candidate RN est dépassée par le polémiste dans une étude
publiée vendredi. Malgré cette dynamique sondagière, elle ne compte pas
changer de stratégie.
Les esprits
continuent de s’échauffer. À moins de six mois de l’élection
présidentielle, Éric Zemmour et Marine Le Pen rivalisent pour être le
candidat de la droite nationaliste, capable de se hisser au second tour.
D’autant qu’une vaste étude Ipsos pour le Cevipof et Le Monde publiée
vendredi, auprès d’un échantillon de 8541 à 8888 personnes sûres d’aller
voter, place le polémiste (16%) devant Marine Le Pen (15%) au premier
tour de l’élection présidentielle. Le candidat putatif se retrouverait
face à Emmanuel Macron (24%) au second tour. Le tout, dans l’hypothèse
où Xavier Bertrand (13%) serait le leader de la droite. Pour l’instant,
seul l’institut de sondage Harris Interactive plaçait Éric Zemmour au
second tour. C’est dans ce contexte que Marine Le
Pen, en déplacement à Bruxelles pour rencontrer le chef du gouvernement
polonais Mateusz Morawiecki, est apparue légèrement agacée lors d’une
conférence de presse. «Éric Zemmour n’a aucune chance d’arriver au
second tour, je vous le dis en même temps par conviction et par
expérience», a d’abord expliqué l’ancienne présidente du RN. Et de
tancer son «choix de la provocation, (son) choix qu’il fait de mettre de
côté, quitte à la mépriser une grande catégorie de Français (…). Ce
qui fera qu’il ne sera pas président de la République, c’est que
lorsqu’on aspire à l’être, on aspire à être président de tous les
Français, et pas seulement de cette fameuse bourgeoisie (…). qui
semble être sa cible électorale.»
«Le Pen n’a que les classes populaires»
Un
peu plus tôt dans la journée, Éric Zemmour s’était réjoui de ce nouveau
sondage sur BFMTV: «Ça me conforte dans mon analyse. Ca fait des
semaines que je le dis. La seule chance de battre Emmanuel Macron, c’est
l’alliance entre la bourgeoisie patriote et les classes populaires.
(…) Je suis le seul à voir un tiers l’électorat populaire, et un tiers
de la bourgeoisie.» Avant de préciser que «Marine Le Pen n’a que les
classes populaires, elle est enfermée dans une sorte de ghetto
ouvriers-chômeurs – ce sont des gens tout à fait acceptables -, mais
elle ne touche pas les CSP+ et la bourgeoisie.»
Zemmour, la «majorité silencieuse»
Parallèlement,
c’est la nièce de Marine Le Pen, Marion Maréchal, qui a décidé de
remuer le couteau dans la plaie vendredi. Dans une interview au média
conservateur américain Im1776, la directrice de l’ISSEP affirme qu’«Éric
Zemmour représente la majorité silencieuse, qui l’a trop longtemps
été.» Il «incarne une préoccupation majeure, présente chez une majorité
de Français: le fait qu’il y ait trop d’immigration», ajoute-t-elle. En
clair, sa tante ne l’incarne plus.
Depuis
quelques semaines, la candidate RN se voit concurrencée sur son propre
terrain idéologique. Alors que Marine Le Pen avait entrepris une
véritable opération de «dédiabolisation» ces dernières années, voire de
«banalisation» ces derniers mois, la tournée littéraire – aux allures de
campagne électorale – d’Éric Zemmour, au discours plus radical que
celui de la députée du Pas-de-Calais, a bousculé toute la stratégie du
Rassemblement national.
Mais malgré la
dynamique sondagière du polémiste, Marine Le Pen ne compte pas changer
de stratégie: «J’ai été élue à la tête du RN avec une ligne qui est très
claire. Celle de rompre avec les outrances, avec les excès, avec
peut-être les provocations. Pour arracher ma famille politique à cette
ivresse de la groupuscularisation. Je ne changerai pas d’avis.» Message
de rupture très clair par rapport aux années FN de Jean-Marie Le Pen.