Un gynécologue du Val d’Oise accusé de 75 viols et 14 agressions sexuelles

Un gynécologue du Val d’Oise accusé de 75 viols et 14 agressions sexuelles

118 plaintes pour violences sexuelles visent ce médecin désormais à la retraite après des décennies à exercer dans la ville de Domont.

“Une affaire hors normes”, “vertigineuse”, peut-être même “la plus grave affaire connue à ce jour de violences sexuelles visant un gynécologue en France”, selon le site d’information Les Jours. Le média a enquêté pendant plusieurs mois sur les agissements d’un certain “docteur T” qui exerçait à Domont dans le Val d’Oise.

Si ce praticien est aujourd’hui à la retraite et n’a plus le droit d’exercer, il a pu sévir pendant “plus de vingt ans”, selon les éléments du dossier obtenus par le média. Claque sur les fesses, touchers vaginaux “en va-et-vient” répétés pendant de longues minutes, caresses sur le clitoris, baisers sur les parties intimes… Les faits décrits par certaines victimes ne laissent pas de place au doute.
“Il n’est quand même pas en train de me violer?”

Une quadragénaire, Dominique, raconte ainsi le viol qu’elle a subi en octobre 2013. Après la pose d’un stérilet, elle s’était évanouie, avant de reprendre connaissance et de décrire un calvaire d’une “cinquante minutes”: “Je ne voulais pas qu’il me caresse les seins, le ventre. Il a essuyé mes larmes. Puis il a introduit ses doigts. Il me faisait des bisous, me caressait le clitoris, la vulve. Je reperdais connaissance. J’étais comme en dehors de mon corps, tétanisée. Je me disais : “Non, ce n’est pas en train d’arriver. Il n’est quand même pas en train de me violer ?”.”

Dominique fait aujourd’hui partie des parties civiles. Face à l’ampleur des violences, l’enquête est, elle aussi, hors normes. Au total, des milliers de patientes ont été contactées par les gendarmes en charge du dossier. 118 plaintes visent le gynécologue. Sa mise en examen date de 2014 pour 75 viols et 14 agressions sexuelles. Pendant trente ans d’exercice, le “docteur T” a été signalé plusieurs fois, aussi bien auprès de la justice que du Conseil de l’ordre des médecins… Sans conséquence.

Les Jours soulignent que si le gynécologue ne visait pas un type de patientes en particulier, il avait une façon de procéder reconnaissable. “L’homme, froid et distant lorsqu’il reçoit ses patientes, se transformerait durant l’examen médical”, peut-on lire dans l’enquête.

“Dès que j’ai commencé à me dévêtir, il est devenu souriant. Sa voix avait changé, elle était plus douce. Il semblait excité”, précise l’une d’elles aux enquêteurs. “J’avais l’impression d’être une proie face à un prédateur”, résume au site une autre. Le “docteur T” n’est pas souvent brutal au sens physique du terme.

Au contraire, il est “trop doux” et se comporte ”à la manière d’un amant”, selon les mots de plaignantes. “Les victimes du docteur disent de lui [qu’il] met en confiance afin de mieux pouvoir abuser d’elles”, écrivent en 2019 les gendarmes dans un procès-verbal.
Des plaintes visant un grand spécialiste de l’endométriose

Cette nouvelle affaire est publiée alors que les accusations à l’égard du professeur Emile Daraï, gynécologue à l’hôpital Tenon, grand spécialiste de l’endométriose avaient été révélées à la mi-septembre 2021 et que des plaintes le visent.

Interrogé sur FranceInfo le 13 octobre sur les violences gynécologiques et obstétricales, en réaction aux accusations qui visent ce professeur de l’hôpital Tenon, le ministre de la Santé, Olivier Veran a refusé de commenter ces faits précis mais il a rappelé qu’il “est fondamental d’informer ce que l’on va faire” en gynécologie et en obstétrique. “Quand vous avez l’impression de subir un examen invasif au lieu de l’accepter alors là il y a un problème. En gynécologie, la question de l’information, de l’accompagnement humain sont encore plus importants”.

“Il y a des violences qui peuvent exister en médecine, peut-être un peu plus en gynécologie”, a estimé le ministre, faisant une distinction entre “les violences délictuelles, agressions sexuelles, etc.” qui méritent “une condamnation évidemment totale” et qui sont “une affaire de justice” et “il y a des violences qui peuvent être liées à un défaut d’informations ou à des pratiques qui peuvent être vécues de manière brutale par des patientes”. “Il est fondamental d’expliquer ce que l’on va faire”, a-t-il ajouté, en précisant que c’est “ce que font l’immense majorité des médecins et des sages-femmes.”

Selon le Haut conseil à l’égalité, qui a consacré un dossier à ce sujet en juin 2018, les actes sexistes durant le suivi gynécologique et obstétrical sont “des gestes, propos, pratiques et comportements exercés ou omis par un.e ou plusieurs membres du personnel soignant sur une patiente au cours du suivi gynécologique et obstétrical et qui s’inscrivent dans l’histoire de la médecine gynécologique et obstétricale, traversée par la volonté de contrôler le corps des femmes (sexualité et capacité à enfanter). Ils sont le fait de soignant.e.s — de toutes spécialités — femmes et hommes, qui n’ont pas forcément l’intention d’être maltraitant.e.s. Ils peuvent prendre des formes très diverses, des plus anodines en apparence aux plus graves”.

Souare Mansour

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