Le sommet de la Francophonie prévu en Tunisie en novembre officiellement reporté
Le sommet de la
Francophonie, qui devait avoir lieu à Djerba en novembre, a été
officiellement reporté d’un an ce mercredi 13 octobre. Lors d’une
réunion du Conseil permanent de l’Organisation internationale de la
Francophonie, la veille, les représentants des 88 États membres et
associés avaient déjà convenu de repousser l’échéance à l’automne 2022.
La décision a été motivée en grande partie par la situation politique en
Tunisie, mais des pays comme le Canada ont poussé pour le report.
Le
18ème sommet de la Francophonie, initialement prévu sur l’île de Djerba
fin novembre, est reporté d’un an, « afin de permettre à la Tunisie de
pouvoir organiser cette instance importante dans les conditions les plus
optimales », selon des communiqués émanant de l’Organisation
internationale de la Francophonie et du ministère tunisien des Affaires
étrangères.
«
Les discussions ont abouti au consensus des représentants des États
membres concernant la Tunisie, hôte de ce sommet, et le report de la
date de sa convocation sur l’île de Djerba à 2022 afin d’assurer une
large participation au plus haut niveau et de ne pas avoir à le tenir à
distance », précise un communiqué du ministère tunisien. La décision
doit être formellement adoptée lors d’une Conférence ministérielle de la
Francophonie.
Le Canada a poussé, la France est restée neutre, mais…Depuis
que le pouvoir s’est durci à Tunis et que le président Kais Saïed s’est
arrogé les pleins pouvoirs, organiser un sommet de la francophonie à
Djerba mettait les États membres de l’OIF dans l’embarras. Il semble que
le Canada ait été le pays le plus actif à demander un report, d’autant
qu’Ottawa et la province de Québec remettent en cause la gestion-même de
l’Organisation internationale de la francophonie.
Officiellement,
la France reste neutre : « Nous étions favorables à toute solution
agrée entre L’OIF et la Tunisie », a déclaré une source à l’Elysée. Mais
Paris était de plus en plus mal à l’aise face au durcissement politique
tunisien, dénoncé ouvertement par des avocats et des militants des
droits de l’homme en Tunisie et en France, après un nouveau sommet
Afrique-France qui rassemblait à Montpellier la société civile africaine
pour éviter à Emmanuel Macron de s’afficher auprès de certains chefs
d’État peu démocratiques.
Depuis
que le président tunisien Kaïs Saïed s’était arrogé les pleins pouvoirs
il y a un peu plus de deux mois, avant de suspendre le Parlement puis
certains chapitres de la Constitution le mois dernier, la tenue du
sommet de la Francophonie dans le pays devenait de plus en plus
problématique.
La Tunisie y tenaitDifficile
d’organiser un sommet consensuel et apaisé alors que des milliers de
personnes manifestent toujours contre ce qu’elles appellent un « coup
d’Etat. » L’ancien président Moncef Marzouki avait même personnellement
appelé au boycott de ce sommet. Plusieurs pays membres de l’OIF auraient
ainsi fait part de leur gêne à la secrétaire générale de
l’organisation.
Samedi,
Louise Mushikiwabo s’était déplacée en Tunisie pour entendre le
Président Kaïs Saïed lui redire sa volonté d’accueillir le sommet et lui
présenter les préparatifs en cours. Objectif : éviter une humiliante
annulation. Les organisateurs tunisiens assuraient alors encore qu’une
vingtaine d’États avaient confirmé leur venue. Sauf qu’il n’y avait ni
lieu précis, ni programme pour ce sommet prévu les 20 et 21 novembre
prochains.
Le
ton se voulait rassurant, mais le chef de l’État tunisien avait lâché
une petite phrase. Kaïs Saïed évoquait ceux qui « sont allés à Paris et
ont essayé de faire capoter le sommet de la Francophonie. » Parlait-il
d’opposants politiques ? De partenaires étrangers ?
Une
semaine avant, il s’était entretenu avec son homologue français.
Emmanuel Macron avait alors, selon le communiqué de l’Élysée, rappelé
son attachement au dialogue et évoqué « le calendrier institutionnel
attendu par la communauté internationale ». Une formulation suffisamment
vague pour se référer au calendrier de réformes politiques internes.
Mais aussi, après tout, à un sommet international comme celui de l’OIF.