Insécurité maritime : « La sécurité maritime, c’est d’abord un problème de sécurité alimentaire », (expert)
Près de 4 000 navires de commerce
transitent par le Golfe de Guinée. Cet espace maritime est caractérisé
par un trafic intense de navires commerciaux. Elle est aussi une zone
des plus florissantes en espèces halieutiques.
En
effet, chaque année, près de 50 millions de tonnes de pétrole quittent
les côtes africaines vers l’Europe, 90 vers les États-Unis et 40 vers la
Chine.
Ces
flux ont des conséquences sur la sécurité maritime. Les actes
d’insécurité maritime les plus visibles sont la piraterie, les vols à
main armée, le trafic de drogue, de marchandises, d’êtres humains…
Mais
la sécurité maritime, c’est d’abord un problème de sécurité
alimentaire, explique Barthélemy Blédé, expert chargé de la société
civile et du secteur privé du Projet appui à la sécurité maritime
intégrée de l’Afrique de l’Ouest (Swaims).
Selon
M. Blédé, « les pirates menacent l’économie de la région et ça peut être
déstabilisant sur tous les plans, particulièrement sur le plan social
et politique, parce que si la zone n’est pas en sécurité, les navires
vont arriver, mais en demandant des tarifs beaucoup plus élevés. Cela va
augmenter le prix de la marchandise sur le marché, ce qui va appauvrir
la population. Ça rendra la population mécontente, ce qui les mettra
toujours dans l’insécurité ».
L’expert
affirme qu’il y a une appréhension, concernant la sécurité et la sûreté
maritimes. « Notre zone, qui est le Golfe de Guinée, est considérée au
niveau mondial comme une zone qui n’est pas en sécurité. Il faut
sécuriser les navires marchands, les pêches, surtout la pêche artisanale
dont vivent nos populations. On ne peut pas faire cela sans la société
civile », confie-t-il.
Ainsi,
lutter contre l’insécurité maritime revient à œuvrer pour la sécurité
d’un espace à la fois terrestre et marin, mais aussi à en assurer le
développement et la prospérité économique. Pour cela, les organisations
de la société civile (Osc) doivent être intégrées, car jouant un rôle
fondamental dans le renforcement de la sûreté maritime dans le Golfe de
Guinée, aux côtés des acteurs étatiques et du secteur privé.
« Il
est essentiel que la société civile soit totalement intégrée à la
politique que nous menons pour lutter contre l’insécurité maritime au
niveau de la Cedeao, avec l’appui de l’Union européenne », assure M.
Blédé.
En moyenne, une centaine d’attaques de piraterie ou de brigandage est recensée chaque année dans le Golfe de Guinée.
Il
affirme, en outre, que les côtes sont depuis un certain temps des lieux
de départ de migrants. Des aventures qui se terminent le plus souvent
par des pertes en vies humaines.
L’autre
équation demeure aussi l’exploitation du pétrole. D’après l’expert,
dans tous les pays qui ont du pétrole offshore, il y a une menace réelle
qui y plane.
La
société civile sénégalaise a été d’ailleurs rencontrée pour échanger
sur les menaces qui pourraient peser sur le Sénégal qui, aujourd’hui, a
du pétrole offshore.