« Les termes qui motivent la réaction du Lieutenant Ndiaye passent à côté des normes de discipline de commandement »
Quelle lecture faites-vous de la situation qui prévaut au poste de police de Wakhinane Nimzatt avec le cas du Lieutenant Ameth B. Ndiaye qui a été relevé de ses fonctions ? Je relève deux éléments de lecture. Il y a le discours qu’il (le Commissaire Ameth B. Ndiaye) a présenté avec une sorte d’expression d’état d’âme, de refus d’accepter qu’il y ait possibilité pour sa hiérarchie de prendre des mesures à son encontre.
Quelle
lecture faites-vous de la situation qui prévaut au poste de police de
Wakhinane Nimzatt avec le cas du Lieutenant Ameth B. Ndiaye qui a été
relevé de ses fonctions ?
Je relève deux éléments de lecture. Il y a
le discours qu’il (le Commissaire Ameth B. Ndiaye) a présenté avec une
sorte d’expression d’état d’âme, de refus d’accepter qu’il y ait
possibilité pour sa hiérarchie de prendre des mesures à son encontre.
Malheureusement, les termes qui motivent sa réaction passent à côté des
normes de discipline de commandement. Il est censé savoir, en sa qualité
d’Officier supérieur, que sans aucun motif notifié, l’autorité a le
pouvoir de le relever de son poste.
À la suite d’un évènement comme celui-là qui a concerné l’entité
qu’il dirige, l’autorité ne cherche pas d’explications pour le relever,
même s’il tente de se justifier en clamant qu’il est innocent.
Après ce constat, que risque le Lieutenant Ameth Béchir Ndiaye ?
Malheureusement,
il s’expose à des procédures disciplinaires, dont celui d’être traduit
devant un Conseil d’enquête. Il encourt une sanction encore plus dure.
Je ne peux m’aventurer sur la sanction qui pourrait lui être infligée,
parce relevant de l’appréciation de l’autorité qui peut confier
l’enquête au Commissaire central de Guédiawaye qui a autorité dans la
circonscription, ou encore confier le dossier à la Direction de
l’inspection des services de sécurité (Diss).
Le Lieutenant Ndiaye n’est-il pas dans son bon droit de clamer son innocence ?
Lorsqu’il
se produit un malheureux évènement dans un commissariat de police,
l’Officier qui pilote cette entité et qui incarne le statut de personne
morale, a toujours tort. Et donc pour prendre une décision en pareille
situation, l’autorité apprécie et prend les mesures appropriées. Par
exemple, l’autorité peut conclure qu’il n’y a pas suffisamment
d’éclairages dans la manière dont l’Officier incriminé a traité un
dossier X et en conséquence, prendre une mesure qu’elle juge adéquate.
Ce serait aussi un signal fort lancé aux autres commissaires de police
pour leur dire qu’en pareil cas, vous devez faire preuve de lucidité, de
maniabilité et de professionnalisme… Par contre, lorsque l’Officier
visé fait un recours et interprète la mesure prise à sa façon, comme
c’est le cas actuel, il tombe sous le coup d’un acte d’indiscipline.
A la lecture du recours du Lieutenant Ndiaye adressé à l’autorité, pensez-vous qu’il a commis une maladresse ?
A
la lumière des termes de son recours que j’ai parcouru dans la presse,
il apparaît clairement toute la teneur du bras de fer qui l’oppose à sa
hiérarchie. En posant ainsi le différend, il crée un procès qui devient
davantage plus complexe en se retrouvant sur la place publique. Il lui
revenait de comprendre que l’autorité a le plein pouvoir de prendre une
mesure quelconque le concernant et qui impacte sur son parcours
professionnel. Et parce qu’il évolue dans un service de commandement, il
doit la prendre comme telle et non sous l’angle d’une sanction
négative. Malheureusement, en plus de s’époumoner pour clamer son
innocence, en faisant référence à sa situation de famille, il commet la
maladresse de comparer la situation qui a prévalu dans son commissariat
avec une autre affaire distincte, qui a eu lieu au commissariat central.
En agissant de la sorte, il remet en cause l’équilibre de l’autorité,
en l’interpellant sous les termes de : «Vous m’avez sanctionné, alors
que vous n’avez pas sanctionné tel collègue.» C’est un acte
d’indiscipline. L’autorité peut en déduire que l’Officier en question
est un fonctionnaire indiscipliné parce qu’il crée, en interne, un
dangereux précédent. Le Lieutenant Ndiaye a certainement oublié que dans
un service de commandement, quand on est relevé, on prend acte et on
continue à travailler. C’est dur, incompréhensible sous d’autres
sphères, mais c’est ainsi. Être Officier, c’est un devoir et une charge.
Cette charge tient au statut, avant de tenir aux actes que vous posez
sur le terrain.
Serigne Saliou Yade (Stagiaire)