Diplomatie de l’eau : Accord entre le Sénégal, la Mauritanie, la Gambie et la Guinée-Bissau
Le Sénégal a co-signé, hier, aux Nations unies, à Genève, une Déclaration historique portant sur un cadre institutionnel et légal de gestion des eaux souterraines, avec la Mauritanie, la Gambie et la Guinée Bissau.
Genève – La signature sanctionnant la
session de haut niveau sur l’initiative régionale de coopération
transfrontalière sur le bassin aquifère sénégalo-mauritanien a été
l’évènement phare de la neuvième rencontre des Etats-parties à la
Convention sur l’eau qui se tient à Genève, du 28 septembre au 1er
octobre 2021. Il a été souligné l’importance stratégique des ressources
en eaux souterraines dans le bassin aquifère sénégalo-mauritanien
(Basm), qui s’étend sur 331.415 km2, pour le développement durable et la
paix dans les quatre pays, où 80% de la population dépendent de ces
eaux. La région ouest-africaine veut s’inscrire ainsi durablement dans
un développement inclusif, solidaire et paisible. Ce, après avoir déjà
été pionnière à l’échelle internationale en matière de coopération
transfrontière sur les eaux de surface, en particulier la coopération en
vigueur dans le cadre de l’Organisation pour la mise en valeur du
fleuve Sénégal (Omvs) et de l’Organisation pour la mise en valeur du
fleuve Gambie (Omvg). La Déclaration permettra de poser un nouveau jalon
dans l’engagement collectif d’une bonne gestion des ressources en eaux
souterraines et de sa revitalisation. « La sauvegarde commune de nos
ressources en eaux est un impératif. Elle participe de notre attachement
au développement socioéconomique de nos Nations. Notre commune
conscience de vivre ensemble doit être le soubassement de nos actions
pour relever les défis dont l’acuité ne cesse de nous interpeller », a
expliqué Serigne Mbaye Thiam, Ministre de l’Eau et de l’Assainissement
du Sénégal.
L’eau est une ressource indispensable pour le
développement économique, social et environnemental, l’éradication de la
pauvreté et de la faim, la santé, la transformation structurelle de nos
économies et le développement du capital humain dans notre région, y
compris l’autonomisation des femmes, ont souligné les ministres des
quatre pays dans leur Déclaration commune.
Le danger de la pollution
Serigne Mbaye Thiam a démontré l’importance de leur engagement. Il y a d’abord l’évolution des demandes et le partage des ressources. Le développement socio-économique de nos sociétés pousse nos Etats à être exigeants pour une eau de qualité et en quantité suffisante. L’agriculture, l’industrie et les besoins domestiques puisent plus d’eau. Plusieurs conséquences en découlent qui vont de la naissance de conflits à une raréfaction de la ressource. La viabilité de nos politiques de développement en dépend. « Il convient de relever ensuite la pollution qui menace gravement les eaux. Les rejets autant domestiques, qu’industriels et/ou agricoles détériorent nos eaux avec leur lot de méfaits notamment sur la santé humaine », a ajouté M. Thiam. Le changement climatique s’exacerbant de plus en plus, « les impacts nous touchent tous et les ressources en eaux ne sont pas épargnées », a poursuivi le ministre sénégalais.
L’initiative entre les quatre pays permettra d’avoir, premièrement, une connaissance entière du système hydraulique du Basm. Des études poussées du système hydrogéologique du bassin sont à réaliser. Ses fluctuations, ses niveaux, ses points de recharges et les différentes menaces doivent mobiliser les professionnels du secteur de l’eau. Deuxièmement, une maîtrise des usages du Basm reste un défi. Des efforts considérables doivent être menés par nos Etats pour maîtriser, rationaliser les usages et pour minimiser les impacts sur les ressources en eau en vue de sa gestion durable pour le bien-être des populations. Troisièmement, dans la future définition de la coordination du projet ancré au niveau de l’Omvs et de l’Omvg, il faudra veiller à un équilibre pour une bonne implication de ces deux organismes.
Le financement demeure aussi une question essentielle pour la durabilité de ce processus de coopération. Les travaux du Groupe de travail régional ont évalué un coût des activités à mener de près de quatre milliards de FCfa. Les budgets nationaux et les partenaires techniques et financiers seront nécessaires pour appuyer cette initiative. Les quatre pays peuvent compter sur la Commission économique des Nations unies pour l’Europe (Cee-Onu) qui abrite le Secrétariat de la Convention sur l’eau, le Geneva water hub, le Centre international de suivi des ressources en eau souterraine (Igrac), l’Union européenne, la coopération suisse, la Bad, etc.